DREAM COME TRUE
Parmi les plus grands comics de tous les temps, ceux qui ont marqué la bande dessinée et qui ont gagné des légions de fans en même temps que tout un tas de récompenses, Watchmen arrive généralement en premier, et à un moment ou un autre, Sandman finit par être cité à son tour.
Avec ses dessins étranges tout en aplats, son histoire aux allures de conte gothique et son monde onirique dans lequel les super-héros de DC côtoient des figures mythologiques, des divinités, des personnages historiques ou des incarnations du Désir et de la Mort, l’oeuvre créée par Neil Gaiman est aussi belle et fascinante qu’elle est cryptique et complexe.
Entre fiction et réalité, rêve et cauchemar, fantaisie et philosophie, l’auteur britannique et les artistes qui l’ont accompagné de 1988 à 1996 ont imaginé une saga unique, à la fois sombre et poétique. Un parfait matériau pour un scénario, mais avec une telle richesse qu’il peut être difficile et coûteux de le porter à l’écran.
Depuis les années 90, plusieurs projets se sont succédés et ont été avortés, et cette adaptation est elle-même restée dans les limbes de Warner Bros. pendant des années avant d’être récupérée par Netflix en 2019. Ce qui devait être un long-métrage écrit par Jack Thorne (Skins) et réalisé par Joseph Gordon-Lewitt a finalement pris la forme d’une série de dix épisodes écrite et produite par David S. Goyer, Allan Heinberg et Neil Gaiman en personne. Un format plus à même de retranscrire la complexité du monde et des thèmes du roman graphique.
Après un développement aussi compliqué, il est donc normal de ressentir autant d’excitation que d’appréhension en lançant cette première saison de Sandman, même avec l’implication de l’auteur dans le processus créatif ou la présence de Charles Dance, David Thewlis, Stephen Fry, Gwendoline Christie, Boyd Holbrook ou Jenna Coleman au casting.
Pourtant, dès l’introduction, l’inquiétude laisse place à une agréable surprise. Dans une scène d’ouverture aux effets spéciaux grandiloquents, la série fait étalage de ses ambitions et plonge (littéralement) le spectateur dans le Royaume des Rêves en quelques minutes pendant que la voix de Morphée (Tom Sturridge) présente les bases de l’univers miraculeux et surréaliste sur lequel il règne.
SWEET DREAMS (ARE MADE OF THIS)
Sans être une adaptation case par case, le récit de Sandman est strictement le même que celui des comics et démarre exactement de la même manière : un mage occulte du nom de Roderick Burgess (Charles Dance) emprisonne par erreur Morphée, le Maître des Rêves et l’un des Infinis incarnant différents concepts de la condition humaine. Retenu captif pendant près d’un siècle, le Seigneur des Songes parvient à se libérer, mais son absence ayant perturbé le sommeil de l’humanité et causé l’effondrement de son Royaume, il part alors en quête des objets magiques qui lui ont été volés afin de retrouver ses pouvoirs et restaurer l’ordre universel.
Du duel en Enfer entre Morphée et Lucifer à sa rencontre avec les Parques en passant par l’apparition de Caïn et Abel, le scénario reprend scrupuleusement tous les éléments des deux premiers volumes, Préludes et Nocturnes et La Maison de Poupée, y compris le découpage en histoires individuelles et les passages les plus malsains et dérangeants, avec le massacre dans 24 heures (l’épisode 5) ou la convention de tueurs en série dans Collectionneurs (l’épisode 9).
Que ce soit au niveau de la narration, des décors ou des costumes, le respect pour le matériau d’origine transparaît tout au long de la série et les scénaristes ont parfaitement compris que le voyage du Maître des Rêves est un formidable conte existentiel posant différentes questions sur l’identité, la mort, l’amour, la famille, la société ou la frontière entre mythe et réalité.
Alors que la beauté et la cruauté se manifestent sous toutes ses formes, fantastiques ou réelles, le personnage s’interroge sur son rôle, ce qu’il représente et visite différents rêves, différentes époques et différents lieux, plus ou moins sombres ou féériques, croisant la route de Johanna Constantine (Jenna Coleman) et essayant de comprendre ces êtres humains qu’il est censé servir.
Pour autant, même si la série reste fidèle, Sandman apporte quand même plusieurs changements significatifs à l’histoire. Certains permettent d’éviter d’utiliser des héros de DC ou d’apporter de la diversité, renforçant l’inclusivité et la représentation des LGBTQIA+ déjà présente dans les comics, tandis que d’autres viennent réunir des passages, en rallonger d’autres et rendre le récit le plus accessible. Neil Gaiman a lui-même reconnu qu’il ne savait pas encore où il voulait aller dans les premiers chapitres et corrige directement ses maladresses des débuts en écrivant le premier épisode.
Ainsi, la plupart des personnages gagnent en profondeur et ceux qui n’étaient réduits qu’à une simple apparition peuvent désormais exister avec leur propre intrigue. Morphée reste cette figure énigmatique et torturée, qui peut se montrer aussi froide et distante que tendre et attentionnée, mais sa fragilité transparaît plus nettement derrière le regard intense, la voix grave et le teint fantomatique de Tom Sturridge.
Aussi magnétique que terrifiant, le Corinthien (Boyd Holdbrook) apparaît plus rapidement et occupe une place prépondérante ; les origines de John Dee (David Thewlis) et ses motivations psychotiques sont étoffées et l’excellent casting donne encore un peu plus de vie et de consistance à chacun des personnages.
DREAM IS COLLAPSING
Cependant, les qualités de Sandman sont aussi ses défauts. Comme dans l’oeuvre originale, les enjeux s’installent lentement, mais les rajouts du scénario, malgré tout ce qu’ils apportent aux personnages, finissent par plomber le rythme, notamment dans la deuxième partie de la saison inspirée du deuxième tome.
Ce qui était raconté dans une dizaine de pages se retrouve étiré sur plusieurs épisodes et plutôt que de laisser le spectateur découvrir le coeur du récit et se faire sa propre interprétation, la série explicite continuellement son message et ses intentions, probablement pour s’assurer que tout le monde comprenne l’histoire qu’elle raconte.
Le sixième épisode, avec les retrouvailles entre Morphée et sa soeur, la Mort (Kirby Howell-Baptiste), et le passage autour de Hob Gadling (Ferdinand Kingsley), se démarque clairement des autres, autant dans l’écriture que dans la réalisation, parce qu’il est un des rares à dégager un tant soit peu d’émotion et de créativité.
Hormis pour quelques séquences, la série ne parvient jamais à ramener l’horreur ou l’inventivité que Sam Kieth, Mike Dringenberg et Malcolm Jones III pouvaient mettre dans leurs dessins. Les effets spéciaux médiocres et les incrustations criardes en images de synthèse ne sont pas assez aboutis pour transporter dans le Royaume des Rêves ou récréer la terreur et l’émerveillement contenus dans certaines scènes et la photographie plate et générique n’aide pas à rendre les paysages et les songes plus captivants ou convaincants.
Malgré son budget conséquent, Sandman se rapproche plus de Locke & Key que de Game of Thrones visuellement et l’esthétique manque cruellement d’imagination pour une série qui traite des rêves et des cauchemars. Au bout du compte, cette adaptation est peut-être une bonne imitation des comics, mais sans le charme inquiétant et la magie qui les rendaient si précieux.
Sandman est disponible en intégralité depuis le 5 août 2022 sur Netflix
perso readaptation en film oblige …
Hey tonton Strange
On fait comme on peut. Gérer les commentaires sur le site et les réseaux prend beaucoup de temps, et pour une petite équipe, ça n’est pas anodin.
Sachez aussi qu’on nous reproche toutes les semaines de « censurer » (c’est-à-dire : modérer), encore hier on nous a gueulé dessus pour ça. Sauf quand on nous reproche de pas assez le faire. Parfois sur le même article.
Bref, on fait comme on peut, et on peut sûrement faire mieux oui. Mais j’espère que ça vous permet de comprendre à quel point ce n’est pas toujours facile. Je peux en tout cas vous affirmer qu’on dégage un paquet d’affreux commentaires pour épargner les yeux des lecteurs et lectrices. Je le fais même régulièrement le soir et le week-end, quitte à longuement expliquer et réaffirmer le cadre qu’on veut protéger, donc on prend ça au sérieux.
Eh les gars d’écran large ! Faudrait un peu se réveiller et faire le ménage dans les commentaires. Ca pue le racisme et la haine chez vous. Dommage mais du coup je ne pense plus venir chez vous alors que fréquente votre site depuis quasi le début. Mais ci-dessous on a des messages puants et haineux depuis longtemps et vous ne faites rien; et oh, on peut même pas signaler. Faut quoi des insultes concrètes ? alors bougez vous le cul les demeurés pour dégager ces connards de fachos puants et merdeux
Bon je n ai lue que 5 commentaire et ce n est que pour entendre pleurer sur le wokism de netflix .
Et vous savez pour quoi vous n aimez pas the sandman .
Parce que dream c est vous .
Un mec blanc qui pense être important et faire le bien alors que vous faites de la merde et/ou vos action ne sont motiver que pour que l on vous félicitent.
Et comme dans the sandman ce sont souvent des femmes ou des personnes éclairé qui vienne vous mètre la tête dans le caca pour que vous comprenier que vous faites mal les chose .
Car c est l histoire de the sandman ou comment un homme qui croit mériter l amour , l amitier et le respect des autres va devoir comprendre que ce ne sont pas des exigences ou des recompences .
Et c est seulement quand il commencera à faires des actions désintéressé qu il commencera à être heureux.
Et devinez quoi il faut bien plus d une saison pour raconter cela .
J’ai pas tenu un épisode. Au bout de 30 secondes on essaye de nous faire passer des vessies pour des lanternes sans qu’on puisse vraiment s’adapter au monde qu’on nous présente. J’ai rien compris et dès que j’ai vu le look du marchand de sable j’ai arrêté
« Je n’aime pas le Seigneur des Anneaux, c’est plein d’elfes et de créatures bizarres, ils se déplacent à cheval alors que moi j’ai une voiture, ce n’est pas représentatif du monde dans lequel je vis.
Je n’aime pas Taxi Driver, ils parlent tous anglais et j’ai vu des prostituées alors qu’il n’y en a pas dans ma rue, ce n’est pas représentatif du monde dans lequel je vis.
Je n’aime pas Dracula, aucun vampire n’est tombé amoureux de moi et mon fiancé ne ressemble que de très loin à Keanu Reeves, ce n’est pas représentatif du monde dans lequel je vis ».
C’est ahurissant la stupidité de certains commentaires, sérieusement. Si vous ne voulez voir que ce qui vous entoure, vous ressemble, que ce que vous connaissez et bien filmez vos journées et regardez le résultat tous les soirs.
Mais attention à vous on ne sait jamais, il pourrait vous arriver de croiser un jour un gay. Mieux vaut vous enfermer chez vous vous serez plus en sécurité.
Sérieusement quasiment tous les commentaires que j’ai vu sur cette série se plaignent du nombre de noirs, de gays, de femmes, et gnagna y’en a trop, et gnagna chez moi c’est pas comme ça, et gnagna quel bel exemple pour les enfants. A notre époque c’est d’une tristesse et d’une bêtise sans nom.
Enfin bref, pour ceux que ça ne rebute pas de voir autre chose que ce qu’ils croisent dans le miroir tous les matins, c’est une série sympa avec un casting solide, même si on peu rester sur sa faim en terme d’ampleur (narrative, visuelle, mythologique). J’espère une saison 2 pour creuser un peu maintenant que l’univers est présenté (et voir la transformation de Délice ?)
Dans les comics ça se sent complètement au début que Gaiman navigue à vue, c’est à partir du tiers à peine qu’on sent plus de solidité sur le terme.
The Sandman est une série que j’espère sans lendemain.
En dépit d’un comic très élaboré, l’adaptation en série traduit une fainéantise des scénaristes et des réalisateurs.
Les personnages sont insipides, réduits à des gimmicks sans contours.
Parmi ces gimmicks, et ce qui semble beaucoup agacer dans les commentaires ci-dessous (jusqu’à permettre l’expression d’un racisme qui devrait normalement conduire les modérateurs à faire leur travail même pendant le mois d’août), on compte des minorités qui vont exister per se – en tant que telles et seulement en tant que telles – dans la série.
Ce qui est regrettable sitôt que l’on admet qu’un travail légitime de représentation des minorités ethniques et sexuelles dans la culture doit aussi s’accompagner d’un travail d’élaboration de personnages un peu plus convaincants … faute de quoi les personnages sont hélas réduits à une simple assignation ce qui, il me semble, doit correspondre à l’effet inverse de celui recherché par une représentation plus diversifiée de nos sociétés multiculturelles à l’écran.
Si les décors sont dans l’ensemble très réussis (ainsi que la bande son, du moins lors du premier épisode, le même thème musical tournant en boucle abouti inévitablement à l’indigestion auditive), le reste demeure particulièrement MOCHE.
Les effets-spéciaux ne donnent aucune consistance aux démons et autres crapuleries infernales, hélas déjà dépourvues de toute profondeur et d’envergure, tant dans leur écriture que dans leur design. Ces pitoyables démons sont à deux doigts de me rappeler une cinématique d’orcs sur WOW d’il y a quinze ans de cela…il me semble que les VFX ont fait quelque progrès depuis lors.
Aucune émotion, aucune inventivité, aucune mise en scène – sempiternel champ-contrechamp « je suis un loup », « je suis un chasseur », « je suis un serpent », « je suis une parodie involontaire du combat de Merlin contre Madame Mims » – il n’y a rien à retenir de cette série sauf son message principal : « Nos sociétés ne savent plus rêver ».
A qui la faute ?
Il incorpore de plus en plus les minorités dans les films et séries et ça ne me représente pas. Donc, j’ai décidé de ne plus écouté ces films. Dommage, ça avait l’air d’une bonne série. Maintenant, je n’écoute que les films ou séries asiatiques, ils ne misent pas.
Je suis pour la diversité en général et dans les productions visuels évidemment, notamment une série comme Sense8 qui fait ça à la perfection et dans les œuvres de Gaiman en général qui est un maître en la matière. Mais alors là, je trouve qu’ils ont vraiment forcé le trait complètement, en dénaturant certains personnages. C’est vraiment en dépit du bon sens. Et ça me gêne sur la longueur. Autrement, étant grand fan de la BD, que je considèrais comme quasi inadaptable, je trouve que ça marche par moment. Mais que c’est vraiment raté parfois. Ils ont fait des choix un peu curieux et c’est en dents de scie. Néanmoins ça a tout de même la rigueur visuel des bonnes productions anglosaxonnes. Je resterais curieux pour la saison 02.