Tales of the Walking Dead : critique qui ne raconte pas d’histoire sur OCS

DEAD MEN TELL NO TALES

Un duo de survivalistes, une employée neurasthénique et son employeuse tyrannique, une mère impitoyable et son enfant sous influence, un biologiste et une femme égarée, un prisonnier amnésique enchaîné à un cadavre, et un couple réfugié chez une mystérieuse vieillarde. Six tandems d’anonymes, six points de départ de six histoires de gens du commun, loin des héros, antihéros, antagonistes et autres figures mythologiques de The Walking Dead. Les persifleurs diraient six raisons de plus de s’en foutre – et comment ne pas les comprendre, vu le cirque qu’est devenue la série mère il y a bien des années et la cupidité d’AMC qui a décidé de presser la marque jusqu’à la dernière goutte. Et pourtant.

Ne seraient que son indigence technique et ses effets spéciaux à s’en poncer la rétine au papier de verre, ainsi que deux épisodes qui puent le craquage de scénariste dépressif roulant à 300km/h les yeux fermés et les bras en croix sur l’autoroute du burn-out, Tales of the Walking Dead aurait pu avoir droit au statut de bonne petite surprise. Il est d’ailleurs étonnant de constater combien, dans un univers bégayant à vide aussi bien qu’un discours de Gérard Collomb en plein AVC, le format anthologique apporte un modeste vent de fraîcheur.

Protections recommandées

On aurait tôt fait d’y voir un aveu de futilité : après le mythos, après l’équipe de remplaçants, on gratte les fonds de tiroir. On sort les histoires qui ne tiennent pas plus d’une heure, quelques têtes connues, on secoue et paf, ça fait des Chocapics. Il y a de cela dans Tales of the Walking Dead, oui. Mais dans ses moments réussis, parce qu’elle prend le point de vue des personnages « qui ne sont rien », Tales of the Walking Dead provoque un heureux recentrage, retourne à l’échelle humaine du spectateur et regagne en puissance dramatique. En mettant en lumière des fétus de paille balayés par l’apocalypse, Tales of the Walking Dead renoue avec le sentiment de vulnérabilité, et donc, ô joie : avec une certaine idée de la peur.

Avoir peur dans une histoire de zombies, c’est pas trop demander quand même

DEAD MEN SMELL TOE NAILS

Il est d’ailleurs assez symptomatique que l’épisode 3, directement rattaché à The Walking Dead, soit le plus quelconque du lot et pêche à cause de sa proximité avec la série mère et ses personnages rocambolesques. Tales of the Walking Dead est à son meilleur lorsqu’elle se rapproche de l’individu lambda comme un prédateur se rapproche de sa proie, et il faut bien admettre que cela fonctionne… du moins le temps que cela dure. Il s’agirait de ne pas oublier tout de même que Tales of the Walking Dead sort de la cuisse de The Walking Dead et d’AMC, et que ces deux entités ne tiennent pas longtemps avant de recourir compulsivement à des effets narratifs frelatés ou de se raccrocher à un ton soap-opéra mousseux.

Parfait catalyseur de ce que vous réserve Tales of the Walking Dead, l’épisode 1 résume à lui seul la promesse de cette fournée : deux premiers tiers mélancoliques et solitaires, convaincants en dépit de quelques maladresses et le jeu approximatif de Terry Crews. Et soudain, l’emballement nanardeux avec du hippie qui fait de la capoeira (ce n’est pas une blague) et du serial killer psycho-déglingo fan de hachoir avec option maquillage de Joker. C’est d’autant plus dommage et frustrant que malgré cet acte de fin profondément idiot et ennuyeux, l’épisode 1 est l’un des meilleurs, et qu’on vous le conseille quand même.

Par contre, on ne vous conseille celui-ci que si vous voulez rire un bon coup

On vous recommandera également l’épisode 4, simple, mais dont le tragique fait mouche, ainsi que l’épisode 5, dont le développement dépasse la lourdeur de sa situation initiale avec protagoniste amnésique. À l’inverse, impossible de comprendre les craquages des épisodes 2 et 6, qui réhabilitent le fameux barbecue au paradis après le mort de Glen. N’en ayant plus rien à foutre de la cohérence, The Walking Dead verse allègrement dans le fantastique type Un Jour sans fin dans la La Quatrième Dimension de la Destination Finale avec improbables boucles temporelles mortelles d’une part, ou dans le pur surnaturel fantomatique cheap à la James Wan d’autre part. De quoi zombifier le spectateur le plus enthousiaste.

Les deux premiers épisodes de Tales of the Walking Dead sont disponibles sur OCS. Les épisodes 3 et 4 seront diffusés le 22 janvier 2023, et les épisodes 5 et 6 seront diffusés le 29 janvier 2023.