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Citadel : critique du méga-blockbuster d’espionnage d’Amazon

Par Geoffrey Fouillet
26 mai 2023
MAJ : 5 juillet 2023
16 commentaires

Deuxième série la plus chère de l’histoire après Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir (300 millions pour 6 épisodes, en partie à cause de reshoots), Citadel débarque sur Amazon Prime Video et vient frapper un grand coup dans la fourmilière des super espions du petit écran. Créée par Josh Appelbaum et David Weil, mais avant tout produite par les frères Joe et Anthony Russo (Avengers : Infinity War et Endgame), cette saison 1 poursuit les mêmes ambitions explosives que The Gray Man, le dernier opus des frangins pour Netflix, avec comme atouts charme Richard Madden et Priyanka Chopra Jonas. Faut-il néanmoins espérer de ce grand déballage autre chose qu’un spectacle généreux, mais creux ?

Citadel : photo critique série Amazon, Citadel

MISSION : OVER THE TOP

Les récits d’espionnage se sont toujours divisés en deux branches : une première plus minimaliste, feutrée, fièrement représentée par John Le Carré, le pape en la matière ; et une seconde plus musclée et décomplexée, popularisée par les sagas James Bond, Mission Impossible ou Jason Bourne. Au vu de son budget pharaonique estimé à 300 millions de dollars, la première saison de Citadel fait évidemment partie de la catégorie « gros bras et artillerie lourde », Josh Appelbaum, co-créateur de la série, retrouvant ici André Nemec au scénario, avec lequel il avait déjà co-écrit Mission Impossible : Protocole Fantôme (on ne change pas une équipe qui gagne après tout). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que chaque photogramme transpire l’argent déboursé.

Tout commence dans un train à grande vitesse. Nadia (Priyanka Chopra Jones), le stéréotype de la brune incendiaire, observe un passager détenant une malette suspecte, avant d’être rejointe par Mason (Richard Madden), son complice ténébreux habitué à jouer des poings. Mais les deux espions, employés par Citadel, agence internationale oeuvrant dans l’ombre à la sécurité de tous, sont vite cernés par les loyaux sujets de Manticore, une organisation criminelle cherchant à s’emparer d’armes nucléaires. Sortis sains et saufs de ce traquenard, mais victimes d’amnésie, Nadia et Mason se retrouvent huit ans plus tard afin de ranimer Citadel et empêcher Manticore de mettre ses plans à exécution.

 

Citadel : photo, Priyanka Chopra Jonas« Dis-moi qui tu es, et je saurai qui tuer »

 

Oui, la série part sur les chapeaux de roue, et à ce titre, les trois premiers épisodes offrent des morceaux de bravoure rarement vus à la télévision, dont une course-poursuite en ski qui rappelle celle de l’agent 007 dans Le Monde ne suffit pas, sur un mode plus spectaculaire néanmoins. Assurant la plupart de leurs cascades, les deux comédiens principaux font preuve d’une véritable agilité dans les combats au corps-à-corps ou les fusillades, et à vrai dire, cela n’a rien de très étonnant (Richard Madden a fait Les Éternels et la série Bodyguard, et Priyanka Chopra Jonas la série Quantico).

On aurait alors apprécié que le trop-plein d’effets ne vienne pas gâcher la fête. S’il y a un sens évident de la démesure qui impressionne, certaines retouches numériques piquent vraiment les yeux. On pense par exemple à l’incrustation du visage de Richard Madden sur sa doublure cascade lors de cette fameuse chasse à l’homme en ski. Dans ces moments-là, la série devient un défouloir artificiel où les personnages semblent invulnérables malgré les assauts répétés qu’ils subissent. Beaucoup d’argent et des finitions douteuses : c’est le syndrome Marvel, et les frères Russo (derrière Captain America 2, Avengers : Infinity War et Endgame) en sont les premiers garants. Quand on sait les différends qui ont secoué l’équipe créative en coulisses, avec d’importants reshoots à la clé et des millions supplémentaires à dépenser, on imagine bien que l’aventure n’a pas été de tout repos non plus derrière la caméra.

 

Citadel : photo, Richard Madden« C’est promis, on va vous faire la totale ! »

 

CITADEL universe

Cette logique sensationnaliste entraîne la série à voyager en permanence à travers le globe, baladant son couple vedette d’un continent à l’autre, dans la grande tradition du récit d’espionnage toujours en quête d’exotisme. Bien sûr, le plaisir vient aussi du dépaysement, et les nombreux décors – entre capitales européennes et étendues sauvages – sont là pour rassasier la soif d’évasion. Reste que cette échappée belle constante est à double-tranchant puisqu’elle contraint le récit à se disperser, multipliant les enjeux comme on empile les dominos.

Mais quand on sait que la série a été créée en vue d’appartenir à un univers étendu (Marvel, toujours et encore) avec des spin-offs réalisés en Inde, en Italie, en Espagne et au Mexique, la structure tentaculaire s’explique d’elle-même. Une approche unique en son genre qui permettrait de développer une même histoire à travers différentes cultures, différents langages, et de tisser des passerelles entre ces cinq propositions aussi distinctes que complémentaires. Oui, on veut bien l’avouer, le pari est alléchant et justifie un peu mieux le mille-feuille narratif de Citadel.

 

Citadel : photo, Stanley TucciÇa sent vraiment pas bon pour Stanley Tucci

 

CœURS INFILTRÉS

Quand la série contrevient au moins un temps à son programme explosif, les rapports entre Nadia et Mason deviennent tout à coup plus complexes. « Un espion peut avoir plusieurs identités, mais il n’a qu’une âme« , confie Bernard (Stanley Tucci), un génie des technologies officiant pour Citadel. Cette réplique, qui a valeur de note d’intention pour la série, cristallise à elle seule la tourmente des deux protagonistes, pris au piège entre leur sacerdoce d’agents secrets, qui les enjoint à la dissimulation et à la suspicion, et leur désir d’être amants, qui les exposerait davantage au danger.

Par endroits, c’est même le souvenir du superbe Alliés de Robert Zemeckis qui refait surface, avec cette attention portée aux faux-semblants et à la dualité dans le couple. Et à cette fin, la mise en scène sait doser ses effets et incarner autrement ce jeu de duplicité entre les personnages. « Nous utilisons les plans qui pivotent durant toute la série pour représenter le moment où le récit fait lui aussi volte-face, et où il est impossible pour vous de savoir à qui faire confiance, et je crois que cela aboutit à un climax réellement puissant« , racontait Joe Russo pour le site Collider.

 

Citadel : photo, Richard Madden, Priyanka Chopra JonasQuand le chef opérateur succombe au code couleur d’Instagram

 

Ce resserrement dramatique autour de Nadia et Mason, qui privilégie ponctuellement les scènes plus intimistes à la débauche de bruit et de fureur, n’entrave jamais pour autant la dimension feuilletonnesque de Citadel. Les rebondissements sont légion, un peu trop peut-être, mais ils réactivent aussi astucieusement l’intérêt et offrent à certains personnages secondaires, comme la cruelle Dahlia (Lesley Manville, décidément taillée pour ce genre de rôle), l’occasion de tomber le masque de belle manière. La nature même de ce qui nous est révélé n’est pas toujours d’une grande originalité certes (l’éternel recours aux liens du sang), ceci étant, on se laisse prendre facilement dans les filets des scénaristes.

L’écriture de la série devient moins alerte néanmoins quand elle surexplique les tenants et aboutissants de l’intrigue au moyen de flashbacks intempestifs, censés illustrer la mémoire fragmentée des deux espions d’un côté et le flux d’informations que leur mission leur demande d’engranger de l’autre. Le dernier épisode, plutôt solide au demeurant, souffre de cette tendance à vouloir recoller les morceaux en un temps record et au forceps, rappelant au spectateur qu’il reste avant tout devant un divertissement bien achalandé, mais calibré.

 

Citadel : photo, Priyanka Chopra Jonas, Richard MaddenUn peu de tendresse dans ce monde de brutes

 

Il va sans dire donc que la série aurait gagné à être plus épurée, moins sophistiquée, surtout lorsque les acteurs se comportent devant la caméra comme les égéries d’une grande marque de cosmétique (la démarche chaloupée de Priyanka Chopra Jonas ou l’air pénétrant de Richard Madden sont au début un tantinet appuyés). Tout cet apparat luxueux fait écran aux qualités ténues, mais réelles de Citadel, et on se plaît à penser qu’avec des coûts de production revus à la baisse, le juste équilibre entre action, émotion et psychologie aurait été trouvé.

La saison 1 de Citadel est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video depuis le 26 mai 2023

 

Citadel : photo, Richard Madden, Priyanka Chopra Jonas

Rédacteurs :
Résumé

Si son budget colossal lui permet d’assurer le spectacle, mais l’handicape hélas sur ses enjeux humains, Citadel réussit malgré tout à séduire grâce à son couple d'espions, plus complexe qu'il n'y paraît et interprété avec conviction par Richard Madden et Priyanka Chopra Jonas. Déjà renouvelée pour une saison 2, la série devra faire mieux si elle aspire à laisser une empreinte durable.

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Obelix

Et bien mon ressenti sur cette série.
Déjà j’aurais aimer que tucci soit plus présent à l’écran car il a un talent incroyable.
Richard et Prihanka ça marche bien.
Je suis déçu du scénario, et bien, ça marche pas perso je ne les pas ressenti comme une série d’espionnage mais comme du drame, j’aurais aimer retrouver un esprit Kingsman….jai été très déçu.
Les flash-back on été bien trop nombreux et n’apportent rien de réellement concret elle casse littéralement le rythme, là série aurais été plus longue, ça aurait pu être éviter vue le budget.
La DA est intéressante ce ce qu’il m’a fait rester jusqu’à la fin, mais je vous l’admet si une saison 2 ce fait, ce sera sans moi.
Passer votre chemin elle ne mérite pas le détour.

PRio

Votre critique est bien généreuse !
De mon point de vue, c’est un récit embrouillé par de multiples flash-back pénibles et finalement ennuyeux, que les effets spéciaux ne suffisent pas à racheter.
Pas de saison 2 pour moi non plus 🙁

Surprise

C’est ecranlarge qui crée la surprise en aimant cette série, il est là l’unique rebondissement de cette création naze

Postavis

Bouzaze inter dimensionnelle !!!

Gats_the_great

Cette serie constitue un ensemble de travail vite fait, Trop de flashback, ce qui extrêmement ennuyeux. Et il est remarqué que, la sérienon seulement elle a soit disant coûté chers, mais il n’y a pas assez de personnages, tout tourne quasiment entre les deux espions. Ces deux espions ont beaucoup trop de temps devant l’écran, beaucoup trop, ce qui n’est pas normal. Finalement où est passée à quoi à servi tout cet argent de ce budget collossal ! Une serie vide à mon goût.

HKFoufou

Je pensais que vous alliez désintégrer cette série au suspense artificiellement créé mais en fait non: grosse surprise donc… 😉 Je suis plutôt bon public pour ce genre de prod, mais là non, c’était trop indigeste pour apprécier. Les enjeux sont assénés sans vraiment de surprises, on voit bien qu’il y a eu énormément de moyens mais ça sonne creux. A voir ce que ça va donner dans le futur avec l’univers étendu qu’ils vont proposer

petitbiscuit

Rien que les photos utilisées pour l’article permettent de comprendre le cliché absolu…gros budget = peur du risque = zéro risque = 1000 fois vu

Rohh les poses des acteurs c’est tellement navrant, on en arrive à savoir ce qu’ils vont dire avant d’avoir parler.

petitbiscuit

il y a les yesmen pour réaliser et il y a les yesseries pour emmerder les spectateurs

alulu

J’ai tenu le premier épisode et la moitié du second. La dernière série que j’ai vraiment apprécié chez Amazon c’est Outer range. Le reste, The last of us, Citadel, Les anneaux du pouvoir, Les mondes de Flynne, La Roue du Temps sont plus que bof pour ma part….et j’en ai sûrement oublié dans le lot.

Après, il y a probablement de très bonnes séries récente que j’ai zappé ou dont le sujet ne m’intéresse pas, mais l’impression tout de mème que le petit age d’or des séries (Amazon, Netflix…etc) périclite.

Nicoco

Série lambda sans grand intérêt ayant des twists qu’on a déjà vu 1000 fois ailleurs.
Pas de saison 2 pour ma part.