La symphonie d’Oppenheimer
200 ans après avoir été convertis en champignonnière atomique, les États-Unis sont à peu près aussi engageants qu’au sortir d’un second mandat de Trump : goules, cafards mutants et autres monstruosités ont fait de la Californie leur terrain de jeu. La balade de nos héros en ces Terres Désolées ne s’annonce pas de tout repos, et ça tombe bien : on n’en attendait pas moins d’un Fallout.
Depuis son apparition en 1997, et malgré quelques opus récents plus controversés, ce fils spirituel de Wasteland a connu un franc succès. Désormais chapeautée par Bethesda Softworks, la saga a su s’adapter en faisant évoluer son gameplay et tente par cette série d’élargir son audience au-delà des cercles de gamers.
Après la passionnante mais inégale Westworld, Jonathan Nolan (authentique fan du jeu) et Lisa Joy ont sollicité le renfort des scénaristes Geneva Robertson-Dworet (Captain Marvel) et Graham Wagner (Portlandia). Ensemble, ils reprennent l’univers et le concept de la saga plutôt que ses personnages, un choix logique tant ceux-ci ont longtemps davantage tenu de la page blanche que du protagoniste shakespearien.
Certes, les coutures du scénario ne révolutionneront pas l’histoire des péripéties. L’héroïne qui quitte son cocon pour se lancer dans un monde hostile dont elle ignore tout évoque le point de départ de tous les RPG et récits initiatiques. S’ils nous épargnent la quête d’une puce servant à filtrer l’eau contaminée, les enjeux qui motivent sa progression demeurent classiques : recherche d’un proche, transport d’un artefact convoité…
Celui dont on ne doit pas pincer le nez
La succession d’environnements traversés, dont la conception évoque des tableaux de jeu vidéo, a le bon goût d’éviter le tout-CGI. Les extérieurs dévastés permettent à Nolan de renouer ponctuellement avec la charte visuelle sablonneuse des premières saisons de Westworld, entre deux renvois à l’esthétique américaine des années 50.
Adaptation oblige, ce monde est peuplé de clins d’œil prévisibles au lore de la série. Si certains dépassent à peine le stade du name dropping (Canigou, figurant canin), ils ont le mérite de ne pas être trop envahissants. Quant au légendaire Vault Boy et son pouce levé ambigu, il bénéficie d’un traitement inattendu.
Encore un fana de champignon atomique filmé en silence chez les Nolan
Un cocktail d’irrévérence et d’ultraviolence
Le premier Fallout a la réputation d’être intégralement réalisable sans tuer qui que ce soit. Évidemment, ce n’est pas l’option retenue ici : à défaut de pouvoir gratifier le spectateur de la liberté de choix si appréciée de la saga, la manette semble avoir été confiée à un maniaque du joystick comblé par son orientation vers l’action.
Reprenant une créature emblématique des jeux, la Goule (excellent Walton Goggins) est livrée avec des balles perforantes et une furieuse envie d’en découdre. Corps démembrés, chairs putréfiées et nécrophages égaient logiquement ce monde brutal, que seule la loi du « oeil pour oeil, doigt pour doigt » gouverne. Rapines, convoitise et règlements de compte sont autant de prétextes à la castagne dopée aux organismes cybernétiques.
Mais Fallout prend le contre-pied de la plupart des récits élaborés sur les cendres de notre monde : à leur sérieux plombant, il substitue une tonalité déjantée plus proche de Borderlands que de The Last of Us et autres Silo. Après les contorsions métaphysiques à triple fond de Westworld, l’ultraviolence cartoonesque et l’irrévérence sont de mise : troufions adeptes d’onanisme dans le cadre et ruptures de ton irrésistibles se chargent de contrebalancer la dureté objective de cet univers.
On bascule ainsi de Mariés au premier regard à Kill Bill en quelques plans, et certaines situations de crise virent à la loufoquerie pure et simple. Cet équilibre périlleux fonctionne grâce à des personnages plutôt attachants : s’il crispera sans doute les puristes, le choix de confier le costume bleu de l’héroïne à une cousine officieuse de Unbreakable Kimmy Schmidt constitue un excellent ressort comique.
La caverne de Platon < L’abri de Vault Tec
Ella Purnell (Miss Peregrine et les enfants particuliers) interprète Lucy, jeune fille solaire et ingénue qui n’a connu que la vie dans un abri antiatomique. D’un positivisme forcené, elle se met régulièrement dans la panade par naïveté. Si ces attributs ont pu la rendre agaçante, son naturel et sa combativité lui assurent notre sympathie.
À ses côtés, Aaron Moten se glisse dans son armure avec la retenue d’un ratel immature, quitte à s’exposer à quelques savoureuses déculottées. Certes, l’association d’une néophyte et d’un compagnon plus aguerri constitue un cliché commode pour introduire le spectateur aux clés de l’univers, mais le binôme fonctionne et offre un contrepoint intéressant à des ennemis plus nuancés qu’attendu.
Sous les abris, l’équilibre précaire
Fallout profite du médium sériel pour suivre le devenir de l’abri après le départ de l’héroïne, et approfondit le contraste d’une humanité fracturée en deux : ceux qui se sont terrés 200 ans plus tôt et cultivent le complexe du sauveur… et les autres qui, entre mutations et ressentiments, n’ont pas tout à fait la même perception.
Cette narration alternée favorise la maîtrise du rythme et la gestion du suspense, tout en cassant une linéarité qui aurait fait injure à la saga. De surcroît, le concept des différents abris autonomes est propice aux secrets, ceux-ci étant plus souvent qu’à leur tour transformés en boîte de pétri grandeur nature. Il y avait matière à développer les implications de ces vases clos soumis à une propagande intensive, à mi-chemin du havre de paix et de la secte.
Quand tu relances un bon vieux RPG en vue isométrique
Hélas, plus la saison avance, plus la narration peine à conserver son équilibre entre ses différentes tonalités. Les résidents des abris nous ont été trop peu introduits pour justifier la place prise par les investigations du frère de Lucy (Moisés Arias). Cet arc aurait gagné à être resserré et clarifié, d’autant qu’en mettant tous les épisodes à disposition simultanément, Amazon ne laissera pas le temps aux théories de se déployer.
Les grosses révélations qui ponctuent la dernière ligne droite contribuent au déséquilibre en délaissant la comédie au profit d’une gravitas peu prenante émotionnellement. Elles servent surtout à placer les pions en vue d’une très probable suite, au détriment d’une gratification immédiate.
Fallout est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 11 avril 2024
Que c’est bête, mon dieu qu’c’est bête. Encore moins bon qu’un Fallout 3, c’est dire…
Viva New Vegas !
J’ai beaucoup apprécié, surtout que je ne connais pas les jeux. Le concept est amusant et interpellateur. Elle n’est pas parfaite mais elle a le mérite de surprendre par moments.
J’attends avec impatience la saison 2
J’ai abandonné au bout de 3 épisodes…
Pas accrocheur, on peine à suivre…
Déçue
au début tout va bien …beaucoup aimé la foret de champignons atomique ; ensuite….300 ans plus tard….dialogues stupides , acteurs neu neu , bon j’arrête …
J’ai fini la première saison et c’est clairement bon, c’est dommage qu’il y as des facilités scénaristiques, les persos se retrouvent trop facilement, dans une Amérique immense et perdu, les personnages qui doivent s’en sortir, s’en sortent..et les révélations finales font un peu pschitt en effet…
C’est clair. Vivement le second mandat de Joe Biden. On s’éclate trop avec lui.
Yeeee aaaah!
J’ai regardé les deux premiers épisodes j’ai plutôt bien aimé, cela dis Westworld me semble supérieur.
Les gens regardent tomber les bombes comme si c’était normal…j’espère seulement qu’aux USA ils ne sont pas aussi blasés…en plus la guerre civile qui vient de sortir au cinéma…du moins j’espère que l’indifférence généralisé n’est que fiction…quand même!
Je pense que si y’a UN jeu qui a inspiré ce qu’on voit dans la série c’est plutôt Fallout : New Vegas.
Regardé le pilote… quel enfer. On dirait une série CW type Arrow ou The Flash. J’exagère à peine : tout est aseptisé et cousu de fil banc, zéro surprise. Et la direction d’acteur.ice.s… mama mia.