Les pépins de Bref
Annoncé quelques semaines à peine avant la diffusion, Bref saison 2 aurait pu être un petit bonus agréable, un shoot de nostalgie inoffensif ou bien sûr un simple remake à la sauce « crise de la quarantaine ». A première vue, il y a un peu de cette exhumation maladroite de feu l’esprit Canal dans les choix de casting.
C’est simple : chaque second rôle, chaque figurant, chaque silhouette floue en arrière-plan est un caméo issu du petit monde de la comédie, sur les planches ou sur Youtube. Une overdose de connivence qui ne rappelle pas les plus belles heures de la série, d’autant qu’elle empiète un peu sur le récit, plus linéaire. Quel dommage par exemple que le court crossover avec le duo de la série Bloquées vire au clin d’œil vaniteux, non pas à leurs personnages, mais à leur carrière de rappeurs.
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Ça serait oublier que la saison 1 de Bref commençait justement comme une bête suite de sketchs à vedettes… avant d’aller beaucoup plus loin, aussi bien en termes d’enjeux que de concept. La suite s’inscrit en fait dans ce même mouvement, l’accélère même. La curieuse décision de changer radicalement de format, pour adopter le 6 fois 30 minutes, prend tout son sens dès la fin du premier épisode. Miraculeusement, la série parvient à garder un rythme soutenu en insérant des « montages Bref » dans une narration chronologique classique.
![Kyan Khojandi Bref](https://www.ecranlarge.com/content/uploads/2025/02/la-bande-annonce-de-bref-2-a-ete.jpg)
Bref 2 ne s’amuse pas juste à sauter une décennie. Les problèmes de quadragénaire de « je » sont vite évacués dans l’amusante version 2.0 de Bref, j’ai 30 ans, pour laisser place à une véritable introspection. En élargissant leurs épisodes, Navo et Khojandi choisissent de prendre le temps de s’intéresser à leurs personnages et filent la métaphore du crash de voiture au ralenti pour intimer à leur héros maladroit d’en faire de même.
Tandis que le pare-brise vole en éclat et que la vie défile, les scénaristes prêtent attention aux détails de son existence, aux détails de cette saison, aux détails de la saison précédente, aux détails que le concept même de la série a dissimulé dans la frénésie de son montage et la subjectivité de ce mec « normal », un peu trop « normal » même.
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T’es qu’un con !
Faire du tri parmi ses potes plutôt que parmi ses contacts, recenser les allégories plutôt que d’en créer, écouter les voisins naïfs plutôt que les ignorer, entendre la voix des autres plutôt que celle qui trotte dans sa tête… Bref 2 accomplit précisément ce que les suites de films, séries et autres madeleines de Proust racoleuses se refusent toujours à faire : la remise en question. Le regard posé sur la saison 1 n’est pas nostalgique, mais critique, au sens constructif du terme.
Il est (trop) rare, mais le psy bourré joué avec une certaine jubilation par Alexandre Astier fait presque office de fil rouge : au cours des 6 épisodes, « je » va appliquer ses préceptes approximatifs, et poursuivre une forme de thérapie fictionnelle englobant à peu près toutes les tares inconscientes du mec basique parisien persuadé de représenter la majeure partie de l’humanité. Bien sûr, c’est fait avec les armes habituelles du duo : une armada de métaphores volontairement sur-explicites, emboitées les unes dans les autres comme un gigantesque château de cartes psychologique.
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Les plus cyniques diraient que la méthode et ses détours ultra-émouvants restent très artificiels. D’autant que les derniers épisodes jouent la carte du feel-good absolu. On rétorquera que le spectateur comme le héros, traités avec le juste dosage d’empathie et d’invectives ont bien le droit de sortir de la torpeur présentée il y a 13 ans comme une fatalité. La série avait déjà esquissé cette introspection libératrice dans les épisodes les plus cruels, en accordant une voix off à Marla et « une fille ».
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Mais ici, elle désamorce bien plus franchement les travers enfouis d’une masculinité qui tourne en rond. Ça ne l’empêche pas de le faire tout en douceur et surtout avec une pertinence qui oblitère à peu près tout ce qu’Hollywood a pu produire de plus repentant à ce niveau. Puisqu’il faut faire preuve de sensibilité, l’auteur de ces lignes avouera volontiers s’être reconnu dans le génial principe du « mec du film », évoquant en plus avec justesse la « culture war » qui sévit en ligne (et sévira dans les commentaires de cette critique), tout en se payant le luxe de rendre justice au personnage le plus négligé de la saison 1.
A la fin, l’enjeu de la saison apparait clairement : retourner complètement le concept de Bref, celui là-même qui a fait son succès, pour en extraire ce qu’il disait vraiment des défauts les plus attachants de son personnage principal… et de tous ceux qu’il était censé symboliser. Bref, c’était la suite idéale.
2 premiers épisodes excellents. Pourtant un rythme ultra original et difficile à gérer. C’est klapich x Edgar Wright
par contre y’a que au cinéma qu’un type avec cette gueule se tape autant de nenetes.
Je conseille également aux spectateurs de s’accrocher sur la première moitié du 1er épisode qui est vraiment pas terrible et n’est heureusement pas représentatif de la série.
Une saison 2 inattendue et plutôt sympa. Des bonnes idées, certains thèmes sont abordés avec beaucoup d’intelligence, certains épisodes sont bons mais d’autres dégoulinent de morale à 2 balles jusqu’à rendre le spectateur mal à l’aise.
Le protagoniste qui devient d’un claquement de doigt empathique jusqu’à l’écoeurement et l’absurdité simplement pour le principe de l’être c’est ridicule. Le meilleur pote qui devient l’antagoniste et qui monte la jauge connard/harceleur limite psychopathe à 100% sans aucune nuance c’est pas terrible non plus. Cette série nous a habitué à plus de subtilité.
Un peu trop d’esbrouffe dans la réal. Khojandi et Navo ont voulu se faire plaisir, mais ça vire parfois à la lourdeur au mépris du récit. Les métaphores c’est sympa mais faut savoir doser.
3/5
Allez, je rajoute un demi point bonus pour le traitement incroyable de justesse du toc de vérification dont souffre le protagoniste.
3.5/5
Une très belle suite qui surf pas sur la nostalgie de la saison 1
J’ai juste trouvé que l’omniprésence de l’alcool dans la série était un peu gênante presqu’à croire qu’il y avait du sous texte dedans… mais jme perds sûrement !
J’avais quelques craintes pour cette saison 2 de Bref : allait-elle succomber à la tentation du format long, au risque de perdre ce qui faisait son essence ? L’exemple de Kaamelott – dont le passage au long métrage m’avait laissé sur ma faim – me hantait. Mais non, *Bref* reste fidèle à lui-même. Certes, quelques petites erreurs parsèment l’ensemble, mais la mise en scène, bien que simple, regorge toujours de trouvailles visuelles et de délires de réalisation.
Les acteurs, eux, sonnent d’une justesse désarmante. Parfois, l’énergie manque un peu , mais l’ensemble se déguste d’une traite, avec une efficacité redoutable. Une belle surprise pour débuter 2025 !