Adventure time
On a rarement été très tendres avec les précédentes saisons d’Outer Banks, qui se donnaient des airs de Goonies adolescents (du moins, c’est comme ça qu’elles ont été présentées par le rédacteur en chef d’Ecran Large au rédacteur de ces lignes, merci à lui), mais se préoccupaient surtout des hormones de leurs personnages. Les deux premières avaient même le culot de mettre littéralement l’aventure en pause pour mieux se vautrer dans le pire du soap sentimental.
Mais force est de constater que la toute fin de la saison 3 tenait enfin la promesse de la série. Bien que laide et souvent bancale, cette aventure en était vraiment une, sans pour autant sacrifier la dynamique du groupe. Et contre toute attente, la quatrième s’inscrit dans son sillage. Une fois passée une épouvantable exposition narrée en voix-off, la troupe se lance à la poursuite d’un quelconque MacGuffin lié à Barbe Noire… et s’embourbe dans une spirale incontrôlable, souvent ridicule, parfois amusante.

Outer Banks a « jump the Shark » (expression américaine utilisée pour désigner le moment où une série vire au n’importe quoi) depuis belle lurette déjà, et investi un budget qu’on devine bien plus cossu, succès oblige, dans moult mésaventures plus absurdes les unes que les autres.
On ricane, mais il n’y a pas de quoi s’ennuyer non plus, d’autant que les scénaristes nous donnent à voir d’autres environnements. Ils se risquent même à abîmer un peu l’insouciance prémâchée qui dominait jusqu’ici, dans un épisode final tragique dont même la musique lorgne sur le lyrisme aventurier. Ce que les nombreux fans hardcore des Pogues ont d’ailleurs eu du mal à lui pardonner.
En se concentrant sur le plus insupportable des gamins de la bande, ils nous épargnent (presque) les mamours artificielles du couple de stars et surtout touchent (presque) enfin le vrai sujet intéressant de la série : à quel point l’aventure est tout sauf exaltante quand elle est l’affaire des chasseurs de trésor modernes, mercenaires cyniques ou bourgeois énervés. C’est (presque) comme si Outer Banks avait dû attendre de complètement se vautrer dans la débilité pour se mettre à raconter quelque chose.

Le complexe de la tortue
Presque. Parce que cette impression générale est plus un cri de soulagement que de victoire, et qu’Outer Banks possède toujours les mêmes défauts, à ceci près qu’ils sont désormais si évidents qu’ils en deviennent presque involontairement divertissants.
Encore une fois, l’étalonnage de l’image est le résultat d’un bain de 3 semaines dans un bac de pisse, 4 semaines quand les héros débarquent au Maroc. Encore une fois, les héros en question sont tous abrutis au dernier degré… et particulièrement conciliants – mention spéciale à JJ, qui n’a miraculeusement pas été excommunié de sa bande d’amis après avoir dilapidé leur million de dollars durement gagné, puis les avoir carrément mis à la rue.

Et encore une fois, les enjeux reposent sur des clichés interdits depuis Homère (« en fait, tu as été adopté » comme twist majeur de mi-saison oui, ils ont osé) et surtout un manichéisme qui enfin vire au nanar. On ne se remet toujours pas de cette incroyable séquence où les méchants gosses de riche de la baie écrabouillent des bébés tortues à peine sortis de l’œuf pour assoir leur domination. Lors de la prochaine saison, on s’attend à les voir torturer des chatons au lance-flamme.
De flash-back « casquette à l’envers » (l’école Saw du rajeunissement à moindres frais) en heureux évènements impromptus, cette saison 4 reste beaucoup trop artificielle pour se montrer à la hauteur de sa générosité inespérée. Ce ne sont pas les quelques moments de bravoure disséminés ici et là, notamment un étrange plan-séquence post-Kingsman sur fond de Fontaines DC, qui feront illusion : il ne s’agit toujours que d’un soap adolescent bas de gamme maquillé en série d’aventure. Cette fois, le maquillage tient un peu mieux le coup, mais il reste sacrément grossier.

Une saison 4 mieux rythmée que la précédente et des rebondissements bien sympas mais des personnages toujours aussi cons !
Curieux de voir comment ils vont conclure la série.