On enclenche la marche arrière dans le nouvel épisode de Snowpiercer, qui ignore les péripéties de Mélanie pour se concentrer sur une nouvelle révolte.
Malgré un démarrage en trombe, cette saison 2 de Snowpiercer a véritablement un rythme en dents de scie. L’épisode précédent rattrapait les égarements de la fin de sa première moitié en échappant enfin un peu à une formule qui commençait à tourner en rond. Il terminait sur un cliffhanger redoutable, annonçant un grand bond en avant… ou un retour en arrière. C’est la deuxième option qui a été choisie pour cet épisode 7, bien moins original que son prédécesseur, mais dédié à faire un peu bouger les choses.
Attention, spoilers !
RACCROCHER LES WAGONS
C’est le grand soir ! Enfin, le grand soir inversé. Exit les parties de luge de l’écolo exilée : ce nouveau chapitre, au doux nom de La réponse universelle reprend là où l’épisode 5 nous avait laissés, c’est-à-dire après le massacre d’une bande de mécaniciens, dont l’absence ne semble pas trop perturber le fonctionnement de la machine. À croire que la petite troupe n’était payée qu’à jouer les nazillons wilfordiens. Non, le véritable problème, c’est le chaos que leur disparition cause, puisque la classe moyenne blâme le fond du train pour leur mort, tandis que Layton tente d’endiguer le flot et que Wilford savoure sa victoire psychologique.
Certes, la série trimballe toujours les mêmes défauts (voir les 378 précédentes critiques), mais cette fois-ci, on ne peut pas lui reprocher de trainer. À quelques heures de sa conclusion, la saison poursuit son accélération initiée par les pérégrinations de Mélanie. Si la fin de la première moitié se perdait dans des sous-intrigues stériles pour gagner du temps, tout en vendant une joute féroce qui ne venait jamais, ces 45 minutes mettent les pieds dans le plat pour nous confirmer ce qu’on sait depuis plusieurs semaines : le plan de Wilford marche.
Le saviez-vous ? Wilford est méchant
Il nous débarrasse également de la fameuse enquête (qui n’aura servi à rien), seul prétexte pour continuer à faire vivoter l’arc narratif de Till, tout en balançant enfin un twist grillé depuis la première apparition du personnage concerné. Toutes ces laborieuses petites trames secondaires trouvent une conclusion inespérée, même du côté de chez Ruth, par exemple, qui trouve l’occasion d’effectuer sa double rédemption présagée depuis le début de la saison.
Bien sûr, il ne faut pas y chercher une quelconque forme de subtilité. Quand Ruth se rachète, c’est sans prévenir, et au prix d’une incohérence incroyable (comment la gamine a-t-elle pu ouvrir la porte sans que personne ne l’entende ?). Mais le spectateur fatigué de ces bien trop nombreuses sous-intrigues sera avant tout soulagé de voir le tout se résoudre, pour former deux camps. Certes, le scénario n’hésite pas à créer quelques nouvelles pistes, allant jusqu’à introduire tardivement un personnage inédit, au mépris de toute logique narrative. Mais l’épisode reste conçu pour fermer plus de portes qu’il n’en ouvre, quitte à faire passer l’inutilité de certains pour de l’ambiguïté (Sam Roche, de marbre).
RIOT GAME
Le récit originellement complètement éclaté se referme lentement mais sûrement, pour laisser progressivement place à ce qu’on attend de pied ferme : la bagarre. Et c’est justement au moment de faire s’affronter deux camps que Snowpiercer gagne en épaisseur. Évidemment, l’escalade qui mène à la chasse aux sorcières, complètement plombée par l’inconsistance scénaristique de l’ensemble, ne se démarque pas par sa finesse. Néanmoins, elle traduit une idée déjà développée par le film de Bong Joon-ho et logiquement inspirée de tout un panel de théorie politique : la lutte des classes se fait toujours entre les pauvres et les moins pauvres, sous le regard d’une bourgeoisie tirant les ficelles sans quitter son wagon-bar.
Rien de bien révolutionnaire là-dedans, mais ça reste un parti-pris qui détonne dans une saison finalement très caricaturale. Enfin presque. Pour vraiment explorer la violence de ce rapport de force (la réponse universelle du titre), il aurait fallu qu’elle ne se heurte pas à la mise en scène anonyme de la série, ne perdant pas une occasion de nous rappeler ses faiblesses à ce niveau. Que les mouvements de foule vengeurs soient cadrés comme une mélasse de phalanges uniforme pourrait paraître logique. Mais la baston qui oppose Till aux deux serviteurs de Wilford, d’une terrible faignantise, n’a aucune excuse. Illisibles et peu inspirés, les affrontements de Snowpiercer ne se sont clairement pas améliorés.
Heureusement qu’il reste DJ Pike
D’autant que les deux forces en présence n’ont pas bénéficié d’assez de temps d’écran pour qu’on se préoccupe plus que ça de leur sort. Dans cette saison 2, les scénaristes ont clairement choisi leur camp, abandonnant les passagers du fond pour se concentrer sur les enjeux du pouvoir, et les technocrates repentis. L’intrigue, de fait elle-même bourgeoise, ne s’aventure dans leurs terres que lorsqu’il faut montrer la frontière ou leur tabassage en règle. Comme dans la vraie vie, en fait.
Un nouvel épisode de la saison 2 de Snowpiercer sur Netflix chaque mardi en France dès le 26 janvier 2021
Je suis assez d’accord avec vous ! Le précédent épisode apportait vraiment une belle différence, là on est rendu dans le 1034 fois déjà vu …
Par contre, pouvez-vous me dire qui est le personnage inédit ? Vite de même, je ne vois pas. Merci ! 🙂
@Kokmok
Bonjour, nous ne prétendons pas représenter « l’universalité du bon goût », car nos avis sont justement… des avis. Si nous ne critiquions pas ce que nous regardons, nous serions de piètres critiques.
Il semble cependant que vous avez loupé nos critiques de Synchronic, Pacific Rim : The Black, le dernier épisode de WandaVision, Moxie, What Keeps you Alive, les épisodes de L’Attaque des Titans, Sputnik ou Rohan Kishibe, toutes récentes et positives. Je vous conseille d’aller y jeter un œil !
Oui, juste complètement absurde ce flot de critiques, je serai aussi curieux de regarder une ‘réalisation’ de écran large…
Si facile de critiquer…