La saison 2 de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoir poursuit sa lente route vers son final avec un épisode 6 qui n’abuse pas du fan-service, mais qui, de ce fait, se trouve privé de sa substance.
Heureusement que chaque nouvel épisode des Anneaux de pouvoir débute par un récapitulatif. Parce qu’avec ses arcs scénaristiques qui s’accumulent et se ressemblent sans jamais vraiment avancer, on finit par oublier qu’il ne s’est rien passé en Eregion, rien passé à Khazad-Dûm ou rien passé à Rhûn. Après trois premiers épisodes qui vomissaient du fan-service par tous leurs pores, et un quatrième qui n’était pour ainsi dire fait que de ce métal, le cinquième épisode n’avait plus grand plus grand-chose à dire.
Ce numéro 5 de Chanel Tolkien faisait preuve d’une lenteur qui nous avait fait grincer des dents. Et malheureusement, l’épisode 6 ne fait pas beaucoup mieux, puisqu’il se disperse totalement dans pas moins de sept arcs narratifs différents sur sa petite heure dix de durée. Un éclatement qui broie le rythme déjà lent de la série, et la transforme presque en soap opera de fantasy dont les deux pieds sont pris dans une insondable bouillasse d’immobilisme.
Celebrimbor Incorporated
Après un passage furtif d’Arondir, qui vient juste prouver qu’il existe encore et qu’il est capable de jouer les elfes-ninjas virevoltants, l’épisode embraye sur Celebrimbor en plein tourment. Sous l’influence de la perruque blonde d’Annatar, l’elfe forgeron sombre de plus en plus dans son obsession de grand œuvre de joaillerie : les anneaux des Hommes doivent réparer les erreurs des anneaux des Nains. Ce faisant, il laisse la main mise à Annatar sur Eregion.
L’idée qui devait être le gros morceau bien dodu de l’histoire, c’est cette possible entente entre Galadriel et Adar. Sur le mode « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », une relation ambiguë se tisse. Mais là où il aurait dû y avoir une joute verbale, ou une dynamique posant Adar et Galadriel comme les deux côtés d’une même pièce, deux elfes pris dans les filets de Sauron et prêts à tout pour le détruire, rien ne fonctionne.
Il n’y a pas ici de mécaniques de thèse/antithèse entre Adar et Galadriel : ils ne sont qu’incarnation d’envie de vengeance, sans aucune profondeur. Les dialogues sont plats, le surjeu permanent de Morfydd Clark en fait une Galadriel de moins en moins crédible, et on voit très tôt où les showrunners veulent mener le public, avec la subtilité d’un Oliphant dans un jeu de quilles.
S’appuyant toujours sur le même automatisme d’un fonctionnement en duo, après Celebrimbor/Annatar, Adar/Galadriel, la dose obligatoire de Bombadil/l’Étranger est injectée en intraveineuse sans subtilité. Histoire de bien enfoncer le clou du fait que l’Étranger allait devoir affronter le Dark Wizard, et que sa destinée le dépasse, son nouveau mentor lui assènera quelques niaiseries afin de le mettre au pied du mur de sa grande quête : celle de son Bâton de Vérité, ou du Feu Secret, allez savoir.
La notion de destinée est l’une des problématiques centrales de toute l’œuvre de Tolkien, et là, elle se retrouve réduite à sa plus simple expression : celle de la nécessité scénaristique. Chez Tolkien comme chez Peter Jackson, le destin est une immense machinerie, mais que le plus petit grain de sable peut perturber. Ici, le destin est l’œuvre de personnages fonctions et de deus ex machina en quantité industrielle, preuve d’énormes faiblesses scénaristiques. Quant aux Piévelus, ils ont droit à une apparition expresse, couronnée d’un des moments romantiques les plus fades qui soit.
Œdipe is your love
Était-ce volontaire ou non ? C’est sur le mode du complexe d’Œdipe mal résolu que se déroulent les problématiques des Nains et de Numénor. Chez Durin Père et Fils, le fils se trouve écrasé par l’immobilité d’un père sous influence. Malgré la promesse de l’apparition prochaine d’un mal profond qui rôde dans les ténèbres de Khazad-Dûm (encore une dose de fan-service) et une apparition soudaine qui vient dynamiter toute notion de déroulement temporel, rien ne se perd et rien ne se crée sur l’arc narratif des Nains.
Même combat du côté d’Elendil, dont sa relation avec Eärien, sa fille, n’est pas au beau fixe. Une situation gangrénée par des daddy issues non résolues, pas vraiment arrangées par son procès pour haute trahison face à un Ar-Pharazon jubilant de le voir les fers aux poignets. On peut y percevoir l’exemple parfait pour soulever l’un des gros problèmes de la série Les Anneaux de Pouvoir : l’unilatéralité de ses personnages, qui les rend prévisibles au possible. Cette caractérisation bas de gamme fait qu’on devine où va Elendil, en Loyal Bon de chez Donjons et Dragons.
Il n’y a que dans ses dix dernières minutes que cet épisode parvient à offrir quelque chose de consistant au public (outre l’effort mythologique fourni à grands coups de CGI, qui se permet une réinterprétation du mythe d’Andromède version Amazon Prime). Dans une sorte d’épiphanie que l’on croyait presque impossible, la série lâche deux démonstrations de puissance coup sur coup, et chacune d’elle fait mouche.
D’abord avec la preuve qu’Annatar n’est pas là que pour faire de la figuration et que ses dons de manipulation vont bien au-delà de simples magouilles de pervers narcissique. Dans un moment de calme absolu, il prouve jusqu’où peut aller son emprise, sans aucune violence. Il en deviendrait presque effrayant. Puis c’est enfin l’apocalypse de feu promise depuis le début de la saison dont on voit la mèche s’enflammer. Le regard plein de haine et de détermination d’Adar devient la promesse d’un déluge de sang, de sueur et de larmes. Enfin ça, c’est ce qu’on espère (un peu).
Un nouvel épisode de la saison 2 des Anneaux de Pouvoir chaque jeudi sur la plateforme Amazon Prime Video depuis le 29 août 2024.
La manipulation de Halbrand alias SAURON mais il est puissant le maître de l’illusion, GALADRIELLLLLE elle c’est fait manipulé par Halbrand et dans cet épisode par ADAR. Gandalf il doit trouvé son baton magique. Tout le passage de Númenor je zappe direct.
Ce que j’aime dans ces critiques constructives c’est qu’elles n’apportent que du fiel et de la facilité.
Il est temps de se reconvertir Kevin 🙂
Comme la saison 1, cette saison 2 est globalement décevante.
Je suis le seul à trouver cette saison meilleur que la première? L’episode était cool. Mais si je suis le seul à le penser on est pas prêt à voir la saison 3 😁
Quelqu’un regarde encore cette série franchement ???
« Œdipe is your love » ?
Très bon !