Le Seigneur des Anneaux : les Anneaux de pouvoir saison 2 épisode 8 : le grand final sur Amazon

La saison 2 du Seigneur des Anneaux : les Anneaux de Pouvoir se termine sur Amazon Prime ce 3 octobre, avec un grand final qui condense le meilleur et le pire de la série.

Les débuts des Anneaux de Pouvoir avaient divisé la rédaction. Il lui aura fallu une saison de plus pour se la mettre à dos. S’il est difficile de chroniquer une série épisode par épisode quand personne n’est d’accord, la saison 2 a permis à deux rédacteurs d’Ecran Large d’entrer dans un véritable état de communion critique, clamant à l’unisson au moment d’atteindre le climax de leur osmose psychique : « C’est quoi cette merde ? » L’évènement étant assez rare, on ne peut que remercier Amazon, J.D Payne et Patrick McKay.

Toutefois, force est de constater que l’épisode 7 était de loin le meilleur. Bien qu’il se plantait sur bien des fronts (dont celui du spectacle) et nous réservait quelque grands moments de rigolade (repenser à cette charge de cavalerie qui pile en plein milieu du champ de bataille comme une Corsa débridée devant un dos d’âne), il proposait ce qu’on se désespérait de revoir un jour : enfin une rencontre entre les personnages parsemés aux quatre coins de la Terre du Milieu et une exploration plus généreuse de son univers chatoyant. Le grand final parvient-il lui aussi à limiter la casse ? Oui… et non.

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La fin des haricots

La bataille fait rage aux portes d’Eregion et la fin est proche pour Elrond et ses frères d’armes, eux qui attendaient l’armée des nains pour défaire les orques d’Adar, lui-même arrivé à la fin de son intérim. Bref, rien ne va plus et Sauron compte bien tirer profit de la situation, ce qui ne constitue pas une grande surprise pour qui a vu la trilogie de Jackson (donc tout le monde) et sait qu’il ne gardera pas sa perruque blonde bien longtemps.

Au moment de faire le bilan de la première saison pour Vanity Fair, les showrunners nous avaient promis une bataille « massive » en deux épisodes. Comme prévu, l’annonce était un poil exagérée, et cette deuxième « partie » comporte trop de balades en foret pour prétendre à cet adjectif. Et c’est pour le mieux, car elle va au bout de l’une des belles idées de la série : un siège éprouvant, se concluant dans un affrontement s’étalant jusqu’au petit matin. Si les rares scènes d’action sont toujours décevantes, elle traduisent désormais la fatigue d’un combat sans fin, visant à repousser le plus possible une chute inévitable.

Une lassitude qui passe moins par la mise en scène que par les tours de passe-passe narratifs habituels (le coup des anneaux volés…), voire par des séquences absurdes (la confrontation entre Galadriel et Annatar). Mais c’est toujours mieux que le fan-service auquel les scénaristes nous avaient habitué. De plus, l’épisode est inauguré par le vrai moment de grâce de cette saison 2, conclusion de l’arc des nains qui contrebalance une écriture balourde par un plan à la portée mythologique indéniable, transcendant ledit fan service. Profitez, ca n’arrive qu’au début.

Le début des emmerdes

Enfin Les Anneaux de Pouvoir prend la mesure de son atout le plus sous-exploité : sa direction artistique dégoulinante de Bezos money, qui aurait mérité de gagner une telle ampleur bien plus tôt. Malheureusement, il ne s’agit toujours pas d’un objectif à terme, puisque cette ouverture est la seule séquence véritablement grandiose de la saison. Pour le reste, la mise en scène télévisuelle, voire programmatique, reste la norme, jusqu’à sombrer dans le ridicule quand Adar prend la parole (on vous laisse compter les plans débullés).

C’est que malgré les quelques bonnes idées disséminés dans ces deux derniers épisodes, la série ne change pas de cap. Le cap en question étant Le Seigneur des Anneaux bien entendu. Peu importe donc si la dictature qui s’établit à Númenor est racontée avec des sabots XXL. Peu importe si tout le monde s’en fout d’Isildur, l’une des victimes les plus flagrantes de la démultiplication inconsciente des arcs narratifs. Peu importe si personne n’a bénéficié d’assez d’attention pour avoir droit à une mort touchante ou même à la hauteur de la musique épique de Bear McCreary.

Il faut à tout prix se raccrocher aux enjeux non pas vraiment de la saga littéraire, mais de la trilogie de Jackson, quitte à privilégier ce qui devient enfin l’un des pires arcs narratifs vus à la télévision depuis belle lurette, symptomatique du cahier des charges imposé par Amazon. On parle bien entendu de l’histoire de l’Etranger, torture audiovisuelle qui auraient très bien pu se passer sur mars si elle n’existait pas uniquement pour tenir en haleine le « fan » tel qu’il a été désigné par le service marketing.

Doigt d’honneur ultime : le cliffhanger de cette saison est peu ou prou le même que celui de la saison dernière ! Une manière comme une autre de résumer les ambitions des scénaristes, bien forcés de continuer leur partie de Qui-est-ce ? pendant que le Second Age avance, et donc de trimballer leur protagoniste dans les pires clichés de l’origin story hollywoodienne. C’est bien simple : l’arc de l’Etranger se termine comme débute Harry Potter, ce qui en dit long sur la manière dont Amazon considère son produit d’appel, acheté à prix d’or faut-il le rappeler.

Et puisque la série vient d’évacuer sa trahison la plus intéressante (Adar et la tentative de nuancer un peu la méchanceté des orques), on redoute d’autant plus la saison 3.