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She-Hulk : Avocate Saison 1 épisode 5 – le vert-nis Marvel craque sur Disney+

Par Lucas Jacqui
15 septembre 2022
MAJ : 21 mai 2024
38 commentaires
photo, Tatiana Maslany

She-Hulk : Avocate en est à son cinquième épisode à tester les limites des fans de Marvel sur Disney+.

Imaginez un peu qu’Ally McBeal ait mêlé ses gênes à ceux de Lou Ferrigno, devenant une géante verte dopée au numérique en carton, le tout dans l’univers corseté de l’avocature, des open spaces, des applications de rencontre et du twerk du bureau. N’imaginez plus, les grands malades de chez Marvel ont probablement enfermé une équipe de production dans un atelier clandestin, les ont nourri d’omelettes lyophilisées durant des semaines, et boum, ça fait une série.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyJe vais sucer ton âme

 

marvel en perdition

La semaine dernière, She-Hulk construisait enfin un début d’histoire avec un épisode plus acceptable que les précédents. Le récit trouvait un début et une fin, de l’humour et même de l’action, c’est peu mais on s’en contente. De quoi nous faire miroiter une série Marvel sortant de sa torpeur pour nous proposer du super-héroïsme délirant et rythmé. Avec ce cinquième chapitre, Disney+ semble décidé à rester dans le ton de Thor : Love and Thunder en poussant le curseur de l’univers détourné jusqu’à sa limite. Le point de rupture étant malheureusement d’avoir l’idée que She-Hulk n’évolue pas dans le même monde que les Avengers et le reste des types en collants.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Ginger Gonzaga, Josh SegarraÉcran Large qui va voir un Marvel

 

L’intrigue du côté avocat propose une idée originale et qui tombe sous le sens dans un tel univers : les droits de propriété intellectuelle sur un nom de super-héros. She-Hulk (Tatiana Maslany) doit en effet prouver que cette dénomination lui appartient et ne peut être utilisée par un tiers, ici Titania (Jameela Jamil), pour en faire une marque de cosmétiques bas de gamme. Mais la série ne considère jamais avec un semblant de sérieux son idée qui tourne vite au ridicule avec des retournements de situations idiots au possible. C’est à s’en taper la tête sur un coussin jusqu’à être assommé tellement la résolution prouve le dédain des scénaristes à proposer quelque chose de plausible.

L’impression que She-Hulk évolue dans un MCU sous lait de licorne est accentuée par la seconde intrigue. L’exubérante collègue et amie de Jennifer Walters, Nikki Ramos (Ginger Gonzaga), se met en tête de relooker sa besta. Cette partie nous conduit vers un trope connu des super-héros : la conception de l’uniforme. Alors que l’on attendait/espérait/suppliait d’être surpris sur ce point, She-Hulk ne raconte rien, mais arrive à être gênante avec son Olivier Roustaing excessivement parodique et un humour qui s’agite pour nous tirer un sourire.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Tatiana MaslanyÇa va pas du tout ma chérie

 

icône ratée

La série de Jessica Gao continue de désacraliser n’importe comment la mythologie des super-héros, ce qui a pour cause de faire de She-Hulk un réservoir à pitreries au lieu d’installer le charisme et la puissance de son héroïne. En résulte un décalage, marqué par une mauvaise écriture, entre ce que nous montre la série et ce qu’elle devrait nous montrer. Car la cousine de Hulk est constamment au centre de toutes les conversations et de tous les désirs, pourtant ses exploits super-héroïques ne sont connus et n’ont été vus de personne. Donc pourquoi suscite-t-elle autant les passions ? Jusque là, She-Hulk n’est pas une super-héroïne et à peine été une bonne avocate.

Même Titania, pourtant une femme athlétique rivalisant en force avec She-Hulk dans les comics, est posée comme une influenceuse beauté au cerveau attaqué par les effluves de nettoyant à vernis. Entre sa courte et fracassante apparition en conclusion du pilote, et son écriture dans ce cinquième chapitre, il y a déjà des non-sens. Comment peut-elle monter une marque de produits de beauté et être libre alors qu’elle a débarqué par effraction (et sans explication) dans un tribunal dans le premier épisode ? De plus, ses pouvoirs, dont on ignore l’origine, ne sont jamais évoqués. 

Au final, les deux personnages subissent la même insuffisance de développement scénaristique. Leurs capacités surhumaines sont mises de côté pour ne les présenter que par leurs apparences. L’une est musclée et couleur menthe à l’eau, l’autre est en cosplay de boule à facettes, et She-Hulk ne va pas plus loin.

 

She-Hulk : Avocate : photo, Jameela Jamil« N’oubliez pas d’utiliser le code promo Titania en vous abonnant à Écran Large. »

 

Ce n’est pas la mise en scène qui va contribuer à iconiser le personnage. Toujours sans conviction, la caméra se plante dans le sol pour capter ce qui doit être filmé. Les seuls plans avec un minimum de travail sont un traveling affichant plusieurs personnages à la suite pour finir sur la CGIesque She-Hulk — dont on s’habitue à la ridicule laideur plus par obligation que par acceptation du mauvais goût. Le final de l’épisode s’essaie à un plan « élaboré » afin d’annoncer le futur caméo, qui connaîtra vraisemblablement une réécriture.

L’épisode 4 apparaît presque comme une erreur tant il cristallisait toutes les qualités de la série pour en faire un récit cohérent de 30 minutes. Il s’avère qu’en réalité She-Hulk est pensée comme une vaste blague ne cherchant à aucun moment à être palpitante. Le sentiment de gâchis prédomine avec celui d’être spectateur d’un crash volontaire. Malgré ses neuf épisodes, on aurait aimé que le massacre She-Hulk s’arrête dès le sixième chapitre comme la plupart des programmes Marvel sur Disney+. Au vu du futur invité surprise déjà teasé dans la promotion, on désespère d’avance de le savoir souillé.

Les épisodes de She-Hulk : Avocate sont disponibles tous les jeudis sur Disney+ depuis le 18 août 2022

 

She-Hulk : Avocate : Affiche

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Kara

J’ai vraiment l’impression que cette série se fait défoncer partout pour de mauvaises raisons.

J’ai pas de problème avec le fait que vous couvriez des programmes que vous ne kiffez pas, déjà parceque c’est drôle à lire, et puis surtout parcequ’on comprend très bien votre besoin d’attirer du public. Si on veut vous lire, il faut que vous viviez…

Par contre, je trouve que la critique de She-Hulk est un peu injuste (je parle pas seulement de la vôtre puisque le monde entier semble détester).

Je suis pas un défenseur des séries Marvel. Je trouve qu’elles sont globalement très moyennes voir catastrophiques pour certaines. Et j’ai les yeux en face des trous donc je vois bien à quel point les CGI sont dégueus.
Par contre, j’ai un problème avec votre volonté farouche d’en faire une série d’action ratée, de vouloir des super méchants, une intrigue classique… en fait, je crois que She-Hulk est simplement une comédie. Pour une fois, les auteurs tentent de faire les choses différemment et je trouve que dans ce registre, ils s’en sortent plutôt bien.
On arrête pas de dire qu’il y a trop de Marvel et que c’est toujours la même chose, mais quand ils osent tenter autre chose, tout le monde gueule parceque c’est pas assez sérieux, qu’il n’y a pas d’intrigue, que ça désacralise le super-hero…

En fait il y a une intrigue. C’est l’histoire d’une meuf qui a des super pouvoirs mais qui ne veut pas être une super héroïne, qui veut juste réussir sa vie et sa carrière. Je dis pas qu’on devrait leur donner des Emmy, mais devant cette série, je rigole bien (pardon, apparemment c’est pas drôle). Et tant pis pour les scènes d’action ou les intrigues multiverselles, y’aura encore 6 ou 7 series en 2023 qui couvriront ce besoin.

Eusebio

@Geoffrey oui j’imagine bien, les journées ne font que 24h, et quand on voit la dose de films et de séries qui sortent chaque semaine, c’est déjà fou d’arriver à nous proposer un tour d’horizon assez vaste comme vous le faites. Ne lâchez rien ! (ou plutôt, si, lâchez les daubes en un article sans revenir dessus pendant des semaines – Thor 4, Morbius, si vous nous écoutez… – et prenez le temps que vous pouvez pour d’autres œuvres qui méritent plus d’attention !)

PS : et bravo pour la réponse le dimanche aprem en effet, je n’en attendais pas autant 😛

Geoffrey Crété

@Eusebio

Avec plaisir ! Je trouve ça important de répondre à ça (même un dimanche aprem oui).

Oui, c’est une des facettes de la question ! Tout est question d’équilibre. Je suis sûr qu’on peut faire mieux, mais on fait au mieux et on cherche toujours à nous améliorer.

Mais j’insiste sur l’autre facette : le temps, et les ressources ! Je vous assure qu’on aimerait pouvoir avoir le temps (et sur notre temps perso…), de regarder plus de films et séries, et écrire dessus. Mais vraiment, c’est de plus en plus compliqué quand on voit la dose d’actu à affronter chaque mois. On est vraiment les premiers à être tristes de ne pas pouvoir mettre en avant plus d’oeuvres.

Eusebio

@geoffrey merci beaucoup d’avoir pris le temps de me détailler autant cette réponse !

Si je comprends bien, c’est finalement le même système qu’avec les salles de cinéma : pour que des exploitations de films à petit budget soient possibles (dans votre cas les critiques de petits chefs-d’œuvre qui ont peu de visibilité), il faut aussi la projection de blockbusters américains qui font rentrer plus d’argent (les critiques par épisodes des séries Marvel).

Avec tout ça je comprends mieux ! Si c’est ça, je continuerai à cliquer sur l’article en question pour vous soutenir, mais vous m’excuserez si je ne le lis pas, pour gagner du temps à en lire d’autres 🙂

Geoffrey Crété

@Eusebio

Plusieurs raisons : il faut bien la regarder pour savoir si on aime, déjà ; une fois lancés, on se demande toujours à quel moment on peut laisser tomber la critique d’épisode pour aller simplement sur un bilan de fin de saison ; et si ça marche très bien, ça veut dire que notre lectorat aime bien, donc c’est une raison de continuer. Tout ça rentre en ligne de compte. Et on en discute chaque semaine, pour décider. C’est toujours une histoire de : qui écrit, qui est dispo, qui est inspiré, qui ça intéresse. Donc beaucoup de facteurs.

« Et surtout, pourquoi le faire sur certaines séries, et pas sur d’autres ? Toujours rien sur les deux premiers épisodes de la saison 5 de The Handmaid’s Tale, par exemple. »
On fera un bilan de saison, comme pour toutes les précédentes saisons (sauf la 4ème, car à l’époque personne n’a eu le temps, c’est malheureux mais c’est la réalité d’une petite équipe comme nous).
On a déjà essayé des critiques d’épisodes plein de séries intéressantes, et on doit parfois affronter la réalité : ça n’intéresse pas grand monde. Etant donné que la critique d’épisode est souvent difficile à gérer (en terme de temps et juste de manière d’aborder la chose), on fait des choix. D’autant que certaines séries sont plus ou moins adaptées au traitement « par épisode ». The Handmaid’s Tale par ex, ça a beaucoup plus de sens de parler d’une saison entière. Westworld : j’ai jonglé entre critique d’épisode et bilan.

Si on faisait des articles « juste pour le clic », on n’aurait certainement pas écrit des articles sur Westworld, The Girl Form Plainville, Les Papillons noirs, La Guerre des mondes, Delhi Crime, Only Murders in the Building, For All Mankind, Sur ordre de Dieu, Black Bird, Pistol, The Time Traveler’s Wife, Barry… On écrit sur quantité de séries, et le plus souvent en prenant sur notre temps perso pour y arriver. Même si on sait que ça va intéresser peu de gens (les chiffres sont parfois démoralisants, mais on le fait quand même, parce qu’on y tient). Je pense vraiment qu’on défend régulièrement des séries qu’on aime, et qui n’intéressent que très peu de monde. Mr. Robot (jusqu’au bout, avec passion), Halt and Catch Fire, Barry, For All Mankind, Primal, Rick & Morty, L’Attaque des Titans… notre passion et notre amour et notre envie de partager, c’est un moteur. Vraiment, si on cherchait les clics, on écrirait sur trois fois moins de séries. Après, que ces articles soient moins lus, moins vus, moins commentés et donc oubliés par rapport à une série Marvel : oui, c’est la réalité, mais ça ne relève plus de notre pouvoir.
Une autre manière de le voir : écrire sur les épisodes d’une série Marvel permet à Ecran Large d’écrire sur Primal saison 2 et Five Days at Memorial (critiques à venir). C’est un écosystème, il faut que tout soit équilibré. Ce n’est pas un choix, mais une nécessité, des deux côtés.

Il faut avoir en tête que, plus que jamais, c’est une mission très compliquée de gérer l’actu. Les sorties ciné, les sorties SVoD, les films et les séries (sachant qu’une série, ça prend des heures à regarder, et qu’on ne le fait pas sur notre temps au bureau la plupart du temps : c’est intéressant à avoir en tête pour notre lectorat je pense….), sans oublier notre désir de publier des articles hors actu sur des films-séries-jeux qu’on aime et qui sont parfois plus pointus, sans oublier nos vidéos, et sans oublier divers projets à venir. On fait de notre mieux, on se démène jour après jour. Et chaque semaine, on doit faire des choix, et on est les premiers à le regretter (Irma Vep : on a écrit sur les premiers épisodes, on voulait écrire sur la saison, vraiment on y tenait… mais en plein été et avec l’équipe légèrement fatiguée et ultra occupée, on a fini par accepter que ça allait être impossible). Notre temps, notre énergie, nos envies, et oui bien sûr la réalité économique (on reste un petit site indépendant), sont des paramètres.

Eusebio

Petite question @la rédac : j’ai du mal à comprendre pourquoi vous vous infligez d’écrire chaque semaine sur des séries que vous n’aimez pas…?
Si au bout de cinq épisodes, vous n’accrochez toujours pas, pourquoi poursuivre les articles ? Honnêtement, au bout de cinq articles descendant le produit, on a bien compris votre avis. Pourquoi ne pas faire un bilan en fin de saison ? Pourquoi cette obstination à éditer une critique pour chaque épisode ?
Et surtout, pourquoi le faire sur certaines séries, et pas sur d’autres ? Toujours rien sur les deux premiers épisodes de la saison 5 de The Handmaid’s Tale, par exemple.
Si la raison principale est l’argument « c’est ce qui fait le plus de clics », c’est bien dommage, parce que ça donne justement de la visibilité à des séries bas de gamme, qui ne demandent qu’à faire parler d’elles avant toute chose…
Je vous aime bien quand vous avez des bons mots sur de mauvais produits, je vous préfère quand vous défendez des grands crus cinématographiques 🙂

Cat24

Franchement si c’est pour voir des parodies nulles qui désacralisent les héros, genre She Hulk ou Thor 4,je préfère regarder The Boys!

Ziggy

Votre malaise est que vous attendez une série avec bagarres et tout.
Marvel nous a habitué à voir de l’action et notre cerveau ne sait pas voir autre chose que ce par quoi il a été conditionné.
Kévin est assez intelligent pour avoir permis de produire cette série.
Moi aussi, au début la série m’a laissée bouche bée, puis je me suis dit : Ben quoi ? Si Marvel veut s’amuser, c’est son droit. Après tout, c’est juste une œuvre de fiction non ?
Avez vous déjà lu certains comics Marvel ? C’est limite du papier toilette, alors il faut l’accepter aussi à la télé.
Si vous n’aimez pas, alors arrêtez juste de regarder la série, désabonner vous. Personne ne vous force à regarder la série, passez à autre chose.
C’est maintenant une habitude chez les gens. Je me souviens les 4 premiers épisodes de Wanda Vision, les gens ont crié à la trahison pour au final avoir une bonne série.

Baretta

Je lis vos commentaires ou vous trouvez, sûrement à raison je ne lai pas vu, que c’est nul mal écrit ect. Pourtant c’est l’épisode 4 et vous allez finir par tout voir.
Tant que ce sera le cas il y aura ce type de séries. C’est vous qui les faites continuer sinon elle seraient annulée.
Remettez vous en question.

L’Homme Phallique

Un crossover entre Emmanuelle et She-Hulk serait probablement plus intéressant…