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House of the Dragon saison 1 épisode 10 : un final qui croque dur

Par Simon Riaux
24 octobre 2022
MAJ : 21 mai 2024
21 commentaires
photo, Emma D'Arcy

Quelques jours après Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, c’est au tour de House of the Dragon de dévoiler le final de sa première saison. Forte de l’expérience engrangée sur Game of Thrones, mais avec des moyens inférieurs au colosse Amazon et un programme nettement moins familial, le blockbuster sériel est-il parvenu à s’imposer ?

ATTENTION SPOILERS !

 

C’EST LE BARBEUK FINAL

La première saison de House of the Dragon s’est donc achevée, non sans s’être tirée avec les honneurs d’une situation complexe, pour ne pas dire inextricable. Descendante du phénomène Game of Thrones, série qui surprit, passionna et finalement révolta, jusqu’à ses fans les plus dévots, cette nouvelle production devait renouer avec la passion d’hier, sans s’attirer les mêmes foudres, tout en demeurant contrainte de se renouveler en profondeur, au risque d’apparaître pour une pâle copie. 

Autant de difficultés, qui se seront mues en réussites, particulièrement visibles dans cet épisode final, qui parvient à former une boucle quasi parfaite avec le pilote de la série, les thématiques qu’il proposait, tout en ouvrant de fabuleuses pistes pour l’avenir. Gageons que l’ensemble devra encore faire face à quelques opinions arrêtées parfois assez éloignées du réel, ou manifestement teintées d’émotions hors sujet, quand elle n’est pas l’objet d’une comparaison non sensique avec son modèle. 

 

House of the Dragon : photoPour de vrai elle est belle la table

 

Ainsi, ceux qui se désolent depuis des semaines de la qualité des effets spéciaux trouveront sans doute matière à se plaindre, l’épisode qui nous intéresse étant, plus encore que ceux qui l’ont précédé, d’une ampleur d’une maestria visuelle quasi inédite au sein de la production sérielle contemporaine. On est une nouvelle fois saisis par la photographie funèbre de l’ensemble, alternant entre les teintes mordorées de demeures pourrissantes ou les reflets glacés de forteresses battues par la pluie, ainsi que la pléthore de détails, et le désir de la série de toujours leur conserver une signification forte. 

En témoigne cette table de pierre dévouée aux réflexions stratégiques, que les Targaryens nourrissent de flammes, pour qu’elle révèle les informations qui y ont été gravées. Comme ses propriétaires, ce n’est que dans la combustion et le brasier qu’elle se révèle. Chaque scène apporte son lot de nuances, de mises en abîme, comme si le petit théâtre en passe de se transformer en jeu de massacre déployé devant nous était bien le jouet de dieux anciens, qui auraient disséminés, ça et là, les indices de leur implication. 

Un sens de la fatalité et de la tragédie qui décuple les éléments les plus forts de cet ultime chapitre. 

 

House of the Dragon : photoLa seule patronne

 

LE DAEMON DE MINUIT 

Redoutable, retors et volontiers enragé, Daemon doit faire face à plusieurs épreuves, parfaitement agencées par la narration. Tandis que son enfant à naître subit le destin d’une stomie oubliée sur une pierrade, il lui faut en partie prendre les rênes d’une alliance aristocrate et militaire visant à rétablir son épouse sur le Trône, sans pour autant se substituer à elle, ni laisser ses penchants pour le chaos oblitérer ses chances de succès. 

Une nouvelle fois, le personnage est remarquable de nuances et passions contrariées, autant de lignes contradictoires que la mise en scène et son interprète capturent à merveille. Le faciès de plus en plus tordu de Smith s’articule parfaitement au sein d’une grammaire visuelle qui joue toujours des échelles, alterne plongées et contre-plongées, démultipliant efficacement tant le trouble du personnage que sa nature éruptive. 

 

House of the Dragon : photo, Matt Smith, Emma D'Arcy« Tu crois qu’ils parleront de la table sur Ecran Large ? »

 

À ses côtés, le découpage se déploie naturellement pour nous donner à sentir combien la situation menace à chaque mot proféré de devenir incontrôlable. C’est qu’aux côtés de cette lignée, la vie elle-même semble devoir s’éteindre. Une malédiction qui se referme sur Rhaenyra, qui, comme sa mère avant elle et ainsi qu’elle le fit déjà au mitan de la saison, doit se confronter à une maternité douloureuse. 

Le scénario n’aura pas la bêtise de lui faire connaître un sort similaire à celui de la précédente épouse de Daemon ou à sa propre génitrice, et les siens n’en seront que plus éprouvés. C’est donc à un enfant prématuré et mort-né qu’elle donne vie, et la Reine empêchée d’être ainsi consacrée comme une matrice terrible, sur laquelle plane l’ombre de la mort et de la trahison. Trahison qu’elle imposa à son premier époux en portant une autre descendance que la sienne, mort qu’elle répand désormais, quand son titre et son mariage devraient lui assurer enfin la félicité. 

 

House of the Dragon : photoLes Inconnus ont pris tarif

 

REGARDE LES HOMMES VOLER

Après le coup d’État attendu, consacré par l’épisode 9, nous attendions la réponse de la branche légitime de la dynastie, écartée par le clan Hightower. Certes on entrevoit un début de stratégie, on devine de possibles batailles, mais la portion de drame et d’adrénaline que nous étions en droit de réclamer viendra d’un arc narratif plutôt inattendu, lequel porte en lui le potentiel de révolutions durables au sein de la franchise. 

Game of Thrones s’était imposé dans les derniers instants du final de sa première saison, basculant totalement dans la fantasy grâce à l’image d’un dragon fraîchement éclot. Sa descendante parvient à les réinventer. Eux qui n’étaient jusqu’à présent que des armes interchangeables et à peu près dénuées de personnalité, ont vu leur rôle considérablement accru durant les 10 épisodes de cette saison inaugurale. 

 

House of the Dragon : photoUne bien belle famille, un peu trop nombreuse peut-être

 

Pour la première fois, nous les découvrons désobéissants, quand Lucérys et Aemond se font face dans les cieux. Le second ayant doublé le premier au jeu des alliances diplomatiques, voici les deux ennemis s’affrontant à dos de dragons… jusqu’à ce que leur monture leur désobéisse. Durant cette scène assez ahurissante techniquement, composée à la perfection, selon un tempo aussi intense que brutal, c’est l’héritage de Game of Thrones qui est intelligemment transfiguré. 

House of the Dragon s’était évertué à remettre les dragons n’ont pas au cœur des enjeux martiaux, mais bien des enjeux symboliques. Les créatures sont ainsi devenues synonymes d’honneur, de puissance, jusqu’aux derniers instants de l’épisode 10, où elles sont désormais en mesure d’incarner totalement les passions qui dévorent leurs maîtres jusqu’à leur sembler incontrôlables. 

 

House of the Dragon : photo, Matt SmithOn sent qu’ils vont bien s’entendre ces deux-là

 

Et quand les mâchoires de Vhagar se referment sur Lucerys, la série ne feint pas de chercher à nous émouvoir, nous avons passé bien trop peu de temps auprès du jeune prince pour que le voir broyé par un monstre à écaille soit un profond enjeu émotionnel. C’est en revanche une surprise et une bascule conceptuelle totale. La force de House of the Dragon fut de réinjecter de l’humanité dans un univers que son succès avait lardé de terribles pesanteurs. 

Non seulement HBO a atteint ce but, et ce dès son pilote, mais sa réussite aura été jusqu’à conclure sa première saison sur une promesse de spectacle tragique hors du commun, et sur l’avènement de sa figure centrale, le dragon, enfin élevé au rang de personnage. 

La saison 1 de House of the Dragon est disponible en intégralité en France depuis le 24 octobre 2022 sur OCS

 

House of the Dragon : photo

Rédacteurs :
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saiyuk

Matt Smith est bien ? parce que je me souviens avoir lu aprés Venom que ce mec était un gros nul….

Akitrash

J’ai adoré cette première saison, qui même si elle a trainée en longueur au début, a fini par trouver son rythme de croisière et son ton, grace à des acteurs justes et une tension palpaple tout au long des 10 épisodes… Là on sent vraiment l’influence des « Rois Maudits ».

Arielle

Episode 10 plaisant à regarder, la photographie est par moment magnifique. Bravo à eux considérant leurs conditions de tournage (le confinement de 2020). Les acteurs sont justes et on a vu une Rhaenyra passer d’une personne raisonnée et raisonnable tout au long de l’épisode malgré le double deuil qu’elle traverse, tout comme l’était son père en une personne haineuse et pleine de rage (à raison) lors des dernières secondes de l’épisode lorsqu’elle a appris la mort tragique de son fils Lucerys. Ça m’a fait penser à la tête de Danaerys dans la saison 8 lorsqu’elle a vu Missandei se faire décapité, elle aussi en quelque seconde son expression avait changé pas pour faire place à de la tristesse mais à de la rage. Et on a vu ce que ça a donné par la suite. Impatiente donc de voir la saison 2 pour voir si Rhaenyra va être aussi destructrice que sa descendante lorsqu’on l’a pousse dans ses retranchements. Pour ceux qui connaissent le livre, ce sera effectivement le cas…

Zark

Ah c’est sûr, ce final c’est autre chose que celui des anneaux de pouvoir….LUL

Mais bon y aura toujours une groupie pour débarquer et encenser la médiocrité de la série Amazon.

Dehem

Épisode sympathique mais un peu léger pour une fin de saison… je pense qu’on va être nombreux à rester sur notre faim.