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Westworld saison 4 épisode 1 : critique d’un retour… encore raté ?

Par Geoffrey Crété
27 juin 2022
MAJ : 21 mai 2024
22 commentaires
Affiche française

Westworld est de retour avec une saison 4 plus ou moins redoutée, après une saison 3 très décevante. Que vaut le premier épisode de la série HBO toujours menée par Evan Rachel Wood ?

Le résumé de la saison 3 de Westworld pour s’y retrouver.

Les audiences chutent saison après saison, l’excitation (apparente) du public s’envole année après année, mais HBO s’accroche à Westworld. Adaptée du film Mondwest de Michael Crichton, la série de Jonathan Nolan et Lisa Joy revient pour une saison 4, toujours menée par Evan Rachel Wood et Thandiwe Newton. Et parmi les visages familiers, il y a aussi celui d’Aaron Paul, arrivé dans la saison 3 et de toute évidence central dans l’histoire à venir.

Après avoir quitté le parc à la fin de la belle saison 2, et au terme d’une saison 3 profondément bancale, où peut donc aller Westworld ? Peu de réponses, mais beaucoup de craintes dans ce premier épisode de la saison 4, intitulé The Auguries.

ATTENTION SPOILERS

 

 

pas CHASSéS

Sept ans après la révolution qui éclatait dans la saison 3, sept ans après la destruction de la boule magique Rehoboam, sept ans après l’ultime sacrifice de Dolores… pas grand-chose n’a changé dans le monde de Westworld. Les rues des grandes villes ressemblent toujours à une brochure PS-EELV du centre de Paris, les personnages frôlent toujours la dépression, et Evan Rachel Wood est toujours là.

Dolores n’est plus Dolores (sauf si énième surprise). Elle est Christina, une simple humaine, employée dans une entreprise de jeu vidéo où elle est scénariste. Elle vit en colocation avec Ariana DeBose (oscarisée pour sa coloc de West Side Story), et rêve d’une autre vie. Mais elle est surtout harcelée par un mystérieux homme, qui l’appelle pour lui reprocher d’avoir détruit son existence.

 

Westworld : photoDolo-Rest in peace (ou pas)

 

Maeve est toujours Maeve. Isolée dans une cabane, en pleine introspection, elle est hantée par ses souvenirs et notamment celui de sa fille, et a visiblement des pouvoirs peu contrôlables. Il ne lui manque qu’un petit Darkhold pour rejoindre le Multiverse of Madness. Elle sortira malgré elle de sa retraite en atomisant un groupe de méchants mercenaires venu la chasser, après des années de tranquillité.

Caleb est toujours un modeste ouvrier, dont la vie est presque revenue à la normale après la révolution. Sauf qu’il a une fille avec un quasi-sosie de Maeve (une sorte d’écho à leur relation très forte, comme une vie parallèle et alternative où ils auraient pu être ensemble), et qu’il constate avoir toujours eu raison de rester parano quand un homme vient essayer de les tuer. Avant d’être tué par Samouraï Maeva.

Ce premier épisode est celui de la nouvelle Sainte Trinité de la série, avec trois personnages séparés, mais unis par une chasse à l’homme-androïde qui commence. Mais en réalité, le vrai moteur qui justifie une saison 4 est une silhouette bien connue : William, alias l’homme en noir, alias l’homme en colère, qui annonce la couleur en intro.

 

Westworld : photoRetour case départ (ou presque)

 

le re-retour du roi

Légèrement balloté depuis la saison 2 et devenu presque encombrant dans les intrigues, le flingueur incarné par Ed Harris avait touché le fond et tout perdu au début de la saison 3. Il se relevait pour reprendre les armes, mais dans la scène post-générique du dernier épisode, il était finalement abattu, la gorge tranchée dans un laboratoire de Delos à Dubaï. Comble de l’ironie, il était vaincu par lui-même, par un hôte à son effigie, créé par Charlotte/Dolores.

C’est donc la première grosse question de cette saison 4. Est-il vraiment mort ? La saison 4 montre-t-elle un William qui a survécu avec la rage, ou cet hôte William contrôlé par Charlotte, qui avait annoncé qu’elle allait l’utiliser pour « sauver le monde » ? Indice : sa gorge semble en très bon état dans la scène d’intro. Indice bis : ce serait cohérent avec la scène post-générique de la saison 2, se déroulant dans le futur.

 

Westworld : photo« Welcome to the end, William »

 

Dans tous les cas, qu’il soit une marionnette de Charlotte ou pas, ce nouvel homme en noir semble enfin retrouver sa férocité – et son utilité. C’est lui qui ouvre la saison 4, c’est lui qui dirige le meilleur de cet épisode, avec une longue scène pré-générique diablement efficace et saisissante. Durant une petite dizaine de minutes, il orchestre un massacre d’une glaciale main de maître, grâce à une technologie encore énigmatique : des mouches synthétiques, visiblement capables de prendre le contrôle d’un humain pour le transformer en marionnette.

Il ne réapparaitra plus après, mais son ombre plane à nouveau sur le monde de Westworld. L’idée est simple, mais après l’antagoniste en caoutchouc incarné par Vincent Cassel dans la saison 3, elle est bienvenue. Et grâce à lui, cette saison 4 commence sur les chapeaux de roue.

 

Westworld critique d'un retour... encore raté ? : photo, Ed HarrisLe Monde d’après

 

Pour l’homme qui tirait plus vite que son ombre, c’est une évolution fascinante dans le choix des armes. Plus besoin de courir, de chasser, de viser. L’homme en noir est désormais l’homme qui parle, presque comme une abstraction. La mise en scène de Richard J. Lewis (producteur exécutif de la série, qui réalise au moins un épisode à chaque début de saison) sert magnifiquement Ed Harris. Lui qui avait plusieurs fois été mis de côté dans Westworld revient comme un roi pour régler ses comptes, accompagné par la musique évidemment excellente de Ramin Djawadi (ces sons angoissants dans l’intro), au milieu de décors toujours aussi impressionnants.

Cette intro est tellement forte qu’elle semble redéfinir ce personnage, comme s’il apparaissait pour la première fois. William (Charlotte ?) veut tout racheter et tout reprendre. Il veut récupérer ce que Dolores a volé, et est de toute évidence prêt à tout pour y parvenir. Cette nuée de mouches infernales (teasées dans la promo de la saison et au centre du nouveau générique), aussi mystérieuses que flippantes, est une menace d’un nouveau genre qui ouvre beaucoup de perspectives nouvelles pour Westworld.

 

Westworld : photoPrendre la mouche + se fendre la poire

 

RENG(h)AINE

Sauf que ce premier épisode ne se remettra pas de cette belle intro ténébreuse, placée sous un soleil de plomb. La danse Westworld reprend, mais pas de plus belle, avec une suite de scènes démonstratives qui se contentent de grossièrement redéfinir les personnages dans cet univers qui a pourtant à peine évolué.

Maeve est une guerrière solitaire ? Elle vit bien sûr dans une cabane perdue dans la forêt, dans la neige. Caleb est rongé par une parano certaine ? Il apprend à sa fille à utiliser un flingue en plastique, sait-on jamais. Il a besoin d’une raison de repartir en guerre ? Il aura « une famille à protéger ». Dolores Christina est une jeune femme solitaire qui rêve d’autre chose ? Elle écrit des histoires un peu (trop) sentimentales, et s’ennuie lors d’un date.

Les pions seront peut-être intéressants, mais ce début de partie, beaucoup moins. En somme : c’est très simple de s’ennuyer devant ce premier épisode de la saison 4, particulièrement après une saison 3 qui avait abusé de la patience et passion du public. Sortie du parc, la série avait brillé par la lourdeur de ses gros sabots, et son incapacité à choisir une destination, puis y arriver sans s’éparpiller. La prudence est donc de mise face à la quatrième saison, et ce premier épisode donne des raisons de s’y tenir.

 

Westworld critique d'un retour... encore raté ? : photo, Evan Rachel WoodEvan Rachel Who Are You

 

Mais Westworld est aussi un parfait piège pour l’imagination, et les scénaristes en ont conscience. Cette saison 4 amène donc son lot de mystères, au milieu duquel trône l’excellente Evan Rachel Wood. Dolores est bel et bien morte cette fois, tout le monde l’a répété, mais la présence de l’actrice, ainsi que sa place au premier plan, confirme que ce visage restera celui de Westworld. Elle a l’une des plus belles répliques de l’épisode (« What if I’m not the one that’s broken, and what if it’s the world that needs fixing ? »), et elle reste le cœur de ce monde.

Qui est cette Christina ? Un pur hasard génétique serait une totale plaisanterie. Une autre copie cachée serait presque comique. Mais dans Westworld, tout est possible. La mise en scène joue bien évidemment de ce parallèle, avec le plan sur son visage au réveil, son air innocent face à son reflet, ses rêveries liées à une maison dans la nature puis une grande ville, ou encore le rapport aux hommes-agresseurs. Tout indique qu’il y a un lien profond entre cette femme a priori normale, et l’héroïne guerrière qui a ravagé le monde de Delos au nom de la liberté.

 

Westworld saison 2 : Photo James Marsden, Evan Rachel Wood See you in another life

 

C’est peut-être ça la plus belle idée de la série, et celle qui pourrait la sauver : glisser vers un récit toujours plus philosophique et poétique, où les êtres (vivants et synthétiques) sont remis sur le même plan des âmes et des destins. Comme si le monde, au-delà du parc, était toujours un gigantesque écosystème, où tout est lié et programmé.

L’épisode se termine précisément sur l’apparition d’un autre homme dans le noir, qui a le visage de Teddy pour stalker Dolores Christina devant chez elle. Aucun effet de surprise, le retour de James Mardsen avait été révélé pendant la promo. Mais là encore, c’est une question qui en amène quinze autres. Et qui donne envie de voir la suite.

Mission accomplie, et rendez-vous dans une semaine.

Un nouvel épisode de la saison 4 de Westworld, chaque semaine, à partir du 27 juin, en US+24 sur OCS

 

Westworld : Affiche française

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Justice Pig

Le problème de Westworld, comme Prison Break en son temps, La Casa de Papel, la future saison 2 de Squid Game…. C’est que ces séries reposent énormément sur leur concept fort et accrocheur qui ne tiennent que sur 1 saison… Un gars fait sortir son frère de prison, un casse jamais fait, un jeu violent ou tout le monde meurt, un parc « western » avec des robots… Bref c’est ça la promesse de ses séries, ce à quoi on a accroché au départ… mais quand on arrive au delà du concept qu’est-ce qu’il se passe ? Plus grand chose, ça tourne à vide en essayant de revenir au concept de base de manière forcé ou ça n’est plus ce qu’on veut voir car ça s’éloigne totalement de la promesse faite au spectateur.

Ici pour Westworld, ils auraient pu faire 3 ou 4 saisons autour du parc, des différents thèmes, des intrigues internes et cie, mais ils on voulu viser trop grand dès la saison 1, ce qui les a amené à casser leur propre série dans la saison 2, pour se perdre totalement en saison 3… Donc forcément, c’est compliqué de nous faire rêver maintenant.

Marc

Dans l’épisode Teddy sauve Dolores Alias Christina d’une mauvaise situattion donc Teddy connaît Dolores . La question comment est il de retour ? dans la saison 2 il se tire une balle dans la tête son ghost à t’il est été récupéré et remis dans son corp. Réponse dabs les prochains épisodes.

Mely

Un peu dur pour ce 1er épisode je trouve où sont les bons points ?
Pour ma part je me rappelle de la scène post générique jusqu’au bout « une armée de robot en préparation  »
ne sommes nous pas revenu au point de départ ? dans un jeu pervers , dans un nouveau westworld dans , la où est Christina et ses histoires qui comme par hasard ont l’air d’impactées la vie de certaines personnes.. la guerre contre Delos/ Charlotte reprend…
par contre pourquoi 7 ans plus tard ? Est ce le temps de refaire tout les personnages ,ce dont elle avait besoin ? Dolores/Christina est-elle dans la même time line que les autres ? Ou plus tard ?
Tant de questions j’ai hâte de savoir où cela va mener..

Guihero

J’ai beaucoup d’espoir et de craintes pour cette saison 4, la série a un beau potentiel, une très belle saison 1, apportant des questions et quelques réponses, promettant énormément pour la suite.

Une saison 2 passionnante mais tellement complexe à suivre, avec le sentiment que la complexité visible cache un propos bien plus basique,

La saison 3 a prit le risque de sortir du parc, c’était plutôt moyen malgré quelques belles idées, mais le monde réel décrit dans la série semble tellement mal construit que ça enlève beaucoup d’intérêt à la série, je n’arrive pas à croire en ce monde et ses personnages.

Pi

@Geoffrey Crété – Rédaction

Non mais môsieu Crété, je vous trouve dur avec ce premier épisode de la saison 4.

Hé hé, vous n’avez pas l’impression d’être entré dans une boucle temporelle sans fin ? 😀

Geoffrey Crété

@jochem

Bonjour !
Je ne trouve vraiment pas ma critique « dure », avec 2,5/5 et un avis de prudence. Dommage que vous ne disiez pas ce que vous avez aimé, pour pouvoir échanger sur l’épisode !

jochem

Bonjour,
Nouveau sur le site que j’ai découvert en faisant une recherche sur la S4 de Westworld.
Je vous trouve très dur avec le 1er épisode de la cette S4.
Cdlt

Geoffrey Crété

@Captain Popcorn

« Rien dans celui-ci ne permet d’être aussi dur. »
Si : mon point de vue, ma sensibilité, et mon avis sur l’évolution de la série, qui ne valent ni plus ni moins que les avis des autres, qu’ils soient plus positifs ou plus négatifs. Westworld reste une série, construite et écrite en épisodes, diffusés semaine après semaine. C’est donc normal d’avoir un avis sur un épisode (qui plus est, le premier d’une nouvelle saison). Sinon, autant arrêter de parler de la série avant sa conclusion réelle.
Et rien de dur ici. 2,5/5, de la prudence… J’ai été bien plus dur sur la saison 3, et notamment la fin.

Pi

@Captain Popcorn

Si tu le dis…

Snake

La saison 3 m’avait énormément déçu, après deja une petite baisse de qualité en saison 2. J’ai regardé ce premier épisode par curiosité et il ne m’a pas du tout donné envie de voir la suite. C’était long, ennuyeux, et je sens déjà les mêmes ficelles revenir.

J’ai bien peur que l’aventure Westworld s’arrête là pour moi. Une belle étoile filante dont on retiendra la saison 1, peut-être la meilleure de l’histoire de la télévision ?