Cette saison 5 de Rick et Morty regorge décidément de parodies. Après avoir moqué Hellraiser, Transformers, Captain Planet and the Planeteers et plus largement les codes du blockbuster à l’américaine, Justin Roiland, Dan Harmon et leur scénariste John Harris s’attaquent à un monument de la culture pop japonaise : le Super Sentai.
Non pas que le pastiche ne soit pas dans l’ADN de la série, passée maître en la matière dès sa saison 1, mais les dernières aventures du duo ont fait très fort, et ce n’est pas fini, car GoTron JerrySis RickVangelion s’avère aussi drôle que respectueux. Mieux encore, il condense des trouvailles glanées dans les 45 épisodes précédents.
Attention, spoilers !
Rédacteur d’Ecran Large avant d’affronter la section commentaire
Amen riders
La petite balade à Nichon-land tourne au vinaigre lorsque Rick repère un robot géant. Il peut enfin compléter sa collection et devenir un heureux conducteur de furet GoTron. Mais dans l’ombre, les propriétaires initiaux des machines de guerre crient à l’appropriation culturelle. Il serait un peu hâtif de voir dans cette accusation une pique ciblée ou même une inutile remise en question. D’une part, la série a déjà prouvé qu’elle préférait se moquer des satires transparentes plutôt que les imiter. D’autre part, cette réplique succulente traduit surtout le respect des auteurs pour la culture qu’ils maltraitent.
En effet, cet épisode a beau se revendiquer dès son titre de Neon Genesis Evangelion et en emprunter quelques thématiques qu’on retrouve dans la relation conflictuelle entre Rick et Morty, il raille explicitement Voltron: Defender of the Universe et plus généralement le Super Sentai, dont le rejeton illégitime le plus célèbre reste Power Rangers, qui a fait les beaux jours de la télévision américaine et française dans les années 1990. Il reproduit les costumes, les machines colorées et en forme d’animaux, la transformation en MégaZord en GoGoTron et même la prétendue solidarité des combattants.
Les vrais reconnaissent le chef
Or, Power Rangers est en fait une compilation américaine de plusieurs grands succès du Super Sentai nippon comme Kyōryū Sentai Zyuranger. Les séquences d’action – avec costumes – sont directement issues des versions japonaises, tandis que les scènes de dialogues – à visage découvert – sont tournées avec des comédiens américains. Voltron, de son côté, est une version remontée de la série locale Beast King GoLion.
Et Harris, le scénariste de cet épisode, en est bien conscient. La quête des Ricks, des archétypes très ancrés dans la culture occidentale, pour la collection des GoTron, fait directement écho à la folie marketing inspirée par ces programmes. Quant au complot des personnages d’anime, il ambitionne une vengeance sur ce massacreur de pop culture qu’est le Rick original.
Pour l’arrêter, une seule solution : un bébé incestueux avec un slip floqué du drapeau américain. Il n’y a pas à dire, quand Rick et Morty imagine un choc des civilisations, il ne fait pas les choses à moitié. Ces 25 minutes mettent donc en scène les deux grands parangons du divertissement mondial et tournent en dérision leur affrontement. La parodie, écrite en connaissance de cause, n’en devient que plus savoureuse. Et la surenchère dans laquelle s’enfonce l’ivrogne (déjà largement moquée par l’animation japonaise, dans Gurren Lagann par exemple) n’en devient que plus ridicule.
Et une nouvelle exploitation comique du split screen
mighty morphin rick and morty
Une telle célébration de la culture japonaise et un clin d’oeil aussi appuyé à son destin chez l’Oncle Sam demandaient l’investissement de toute la puissance mythologique de la série. Et même si le président, définitivement un des personnages principaux de cette saison 5, est (presque) aux abonnés absents, l’épisode délaisse la traditionnelle structure découpée en deux arcs narratifs pour convoquer une bonne partie de son univers. La nature même des GoTron exigeait une implication de la famille au complet, si importante que même Jerry n’est pas complètement humilié. Mais on retrouve aussi les Ricks alternatifs, qu’on croyait définitivement exclus après l’escalade narrative de la saison 3.
Une belle orgie qui revient presque aux fondamentaux (le grand-père est plus alcoolique que jamais), s’insère dans une narration globale (le bébé) et rompt un peu avec la tradition en éjectant Morty très vite. L’humour méta, relativement absent des dernières saisons, fait son retour à travers les voix-off. Le gag post-générique évoque également le meilleur de Rick et Morty : il invente un passif risible et un destin tragique à une figure respectée de la pop-culture : le Kaiju. C’est irrésistible.
La voix-off, saint Graal du héros
En somme, GoTron JerrySis RickVangelion résume un peu toutes ses qualités. Loin de simplement mitrailler son public de coups de coude pour exploiter sa nostalgie, l’écriture présume de son intelligence et de sa propre affection pour la culture qu’il défend. Tout ça sans oublier de faire discrètement évoluer nos héros, car une fois de plus, la prétendue invincibilité de Rick a été mise à rude épreuve.
Une fois de plus, il a dû compter sur sa famille pour s’en sortir, et plus précisément sur un Morty qui inverse de plus en plus le rapport de force. Jusqu’où ira-t-il ? Autant dire qu’on attend les derniers épisodes de cette salve avec impatience.
Un nouvel épisode de la saison 5 de Rick et Morty chaque lundi sur Adult Swim via Molotov en France depuis le 21 juin 2021.
Les affranchis 🙂
Et personne ne parle de la référence faîte à un très célèbre film de mafieux dans la construction de l’épisode (voix off, déroulement de la monté en grade de summer, et meme quelques répliques). J’étais ici pour la retrouver car je l’ai sur le bout de la langue, et je constate que vous êtes magistralement passé à coté.
Cette saison 5 c’est du pur génie! Quel pied je prend à chaque épisode!
Sans oublier Naruto
@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Mathieu rédaction
Pas de soucis c’est déjà un bel effort de recherche pour Zyuranger (je fais des conférences et ouvrages sur le Tokusatsu donc je vais pas me plaindre ^^)
@Ludo2505
J’évoque Evangelion dans l’article, mais je dois reconnaître que les similitudes avec Voltron (que je ne connaissais que trop peu) sont évidentes. Merci pour votre commentaire, j’ajoute la référence !
Alors c’est dommage parce que vos références sont fausses mais bien documentées ^^’. Zyuranger est bien la version d’origine de MMPR mais clairement l’épisode dès son titre et ses costumes sont liés a VOLTRON et EVANGELION