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Jumanji : vous vous souvenez de la série animée bizarroïde et flippante ?

Par Geoffrey Crété
27 décembre 2021
MAJ : 21 mai 2024
6 commentaires
Jumanji : Affiche officielle

Retour sur Jumanji, le dessin animé des années 90, tiré du film culte avec Robin Williams.

En 1995, Jumanji de Joe Johnston a donc été un immense succès, avec plus de 262 millions engrangés pour un budget d’environ 65. Il n’y a pas eu de suite avec Robin Williams pour exploiter le filon, et le retour se fera près de vingt ans plus tard avec Dwayne Johnson dans Jumanji : Bienvenue dans la jungle, et sa suite, Jumanji : Next level.

Mais entre temps, il y aura eu la série animée Jumanji, de 1996 à 1999, qui a exploré l’univers du livre de Chris Van Allsburg avec une imagination débordante. Et elle vaut bien plus le détour que la superproduction en salles ce mois-ci.

 

 

BIENVENUE DANS LA VRAIE JUNGLE

La série animée n’est pas tant une suite qu’une réécriture du film. Judy et Peter emménagent dans une nouvelle maison avec leur tante Nora, découvrent Jumanji au grenier, et relancent les dés pour la première fois. Ils rencontrent à nouveau Alan Parrish, là encore prisonnier depuis des années parce qu’il n’a pas vu l’énigme qu’il doit résoudre pour en réchapper.

Mais l’action se déroule cette fois-ci directement dans le jeu : Alan aidera Judy et Peter à survivre à leur première expédition dans la jungle, et ensemble, ils vivront des tonnes d’aventures puisque les deux enfants lancent une nouvelle partie à chaque épisode, avec une nouvelle énigme à résoudre à chaque fois. Le personnage de Sarah Whittle, incarné par Bonnie Hunt dans le film, est totalement absent.

Les 40 épisodes de Jumanji sont donc un puit affolant d’idées, qui aura offert aux spectateurs une odyssée aussi grotesque que fascinante, peuplée d’animaux bizarroïdes, de monstres tordus et de pièges étranges. Et si la trame principale reste classique, avec une suite un peu hystérique de péripéties, la série animée a aussi creusé la mythologie d’une manière étourdissante, exploitant la dimension cauchemardesque du jeu de plateau avec une audace et une inventivité qui reste encore extraordinaires. Sans parler du mémorable générique, porté par un thème musical inoubliable.

 

PhotoLes héros de Jumanji, avec l’inoubliable Slick

 

DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR

Jumanji est la première série d’Adelaide Productions, une division de Sony qui a par la suite décliné le concept d’adaptations de films à succès avec Men in BlackGodzillaSOS FantômesSpider-Man et même Jackie Chan. Mais derrière Jumanji, il y a Everett Peck, artiste bien connu des amateurs de cartoon et comics : il est le papa de Duckman, une série sur le canard veuf détective privé qu’il a créé chez Dark Horse, et Squirrel Boy, sur un écureil agité et meilleur ami d’un garçon.

 

Photo DuckamnDuckman

 

Le design des personnages et la conception graphique de Jumanji sont signés Everett Peck, et sa patte explique en grande partie l’orientation de la série. Avec ses perspectives tordues, ses couleurs criardes et son animation malpolie, l’adaptation animée du film se révèle étonnamment étrange et décalée, loin du produit mainstream ordinaire redouté. La mise en scène donne aux décors et aux têtes déformées des allures de véritable cauchemar, avec parfois un certain mauvais goût si bien intégré à l’univers qu’il en renforce la valeur. 

Chaque épisode ressemble à une grosse hallucination, menée à un rythme si effréné qu’elle en donne le tournis. Le bestiaire est d’une fantaisie fabuleuse, avec du ver mécanique géant, du crapaud amateur de lave, du fourmilier vorace, de la plante qui fait gonfler ses victimes, du tatou géant, sans oublier les mémorables Manjis. Le bestiaire ste aussi drôle que terrifiante, et semble tout droit sorti du monde de Beetlejuice – un autre film culte qui a donné lieu à une série animée mésestimée.

 

Photo L’une des images les plus étranges de la série

 

L’ANTRE DE LA FOLIE

La série animée Jumanji ne se contente pas d’offrir une petite aventure et énigme à chaque épisode, lancée et remballée en une vingtaine de minutes. Elle plonge dans les profondeurs de l’univers pour réinventer la mythologie du livre, de manière parfaitement fascinante. Jumanji se révèle ainsi être un monde artificiel, dont les rouages métalliques sont camouflés sous les lianes et la terre. Le ciel, le soleil et même un certain nombre de créatures ne sont que des machines.

 

PhotoJudy et Peter, inlassablement transformé en créature

 

La série jouera avec délice du gigantesque mystère de ce monde mécanique, et de la nature exacte de Jumanji, par exemple en présentant son créateur qui se révèlera n’être qu’une machine de plus. Que le jeu démontre un caractère presque humain, avec notamment une rancune tenace contre Peter qui a triché dans le premier épisode, ne fait que renforcer l’aspect étrange et effrayant de la chose. Alan parle souvent de Jumanji comme d’un être vivant, pervers et sadique, qui prend un malin plaisir à torturer et jouer avec ses victimes innocentes. D’où de faux retours réguliers dans la réalité, où le trio débarque dans la maison de la tante Nora, pour découvrir rapidement que quelque chose cloche. 

Le chasseur Van Pelt, enfermé dans une boucle infernale de traque absolue, et Slick, cet espèce de Willy Wonka dérangé auquel Tim Curry prête sa voix, participent également à créer une ambiance particulièrement lunaire et angoissante, tandis que certains arcs narratifs (comme le voyage dans le temps qui permet à Judy et Peter d’aller aider Alan, lorsqu’il venait d’arriver dans Jumanji) nourrissent une mythologie foisonante et riche.

 

PhotoL’incontournable Van Pelt

 

La série Jumanji aura droit à une vraie conclusion, où Alan trouve enfin la solution à son énigme grâce à une pirouette scénaristique, et retourne dans la réalité. Les deux enfants décident alors de détruire le jeu, qui leur a causé tant de malheurs.

Une fin qui permet à la version télévisée de véritablement se tenir à côté du film culte, non pas comme une suite racoleuse mais en tant qu’alternative passionnante, qui aura pu repousser les limites de l’univers au-delà des espoirs les plus tordus. Une petite pépite qui mérite d’être (re)découverte donc, notamment parce qu’elle dévoile plus de folie et d’imagination dans son seul pilote, que l’intégralité du film Jumanji : Bienvenue dans la jungle.

 

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Johjonk

Lecteur assidu des articles de Écran Large, souvent en désaccord avec les critiques, mais toujours satisfait d’observer un ton et un avis qui diffère des autres sites, et très souvent content de découvrir vos tops et vos flops…… pour mon 1er commentaire, je réagis à cet article sur Jumanji la série TV, car il est juste excellent, une petite madeleine, que je savoure avec plaisir, en remerciant la rédaction… Bonne année à tous les cinéphiles et cinéphages d’Ecran Large!

AlexKain86

Cette série était géniale !

Super article EL. GG.
Bonne fêtes de fin d’année à vous.

George Clinton

Très bon article, qui rappelle de beaux souvenirs de cette époque (Nickelodeon, Cartoon Network) avec ces séries adaptés des films des années 1990!

LambdaZero

L’ancêtre de Gravity Falls (que ce site m’a fait découvrir, encore merci).

Fantofesse

Pourquoi pas un article sur la série Batman the animated serie ?

Zanta

On sent le journaliste qui s’est fait plaisir en revisitant une madeleine…
Si ça pouvait être réitéré pour la série d’animation Men in Black, aux scénarios bien plus maitrisés que les deux suites dont a accouché la saga ciné, ce serait cool.