Après avoir mis en ligne Altered Carbon et Everything Sucks !, Netflix a dévoile une troisième série inédite en ce mois de février 2018 avec Seven Seconds. Une enquête policière sur fond de tension communautaire, injustice sociale et ancrée dans l’actualité américaine. Que vaut cette première saison ?
ATTENTION QUELQUES SPOILERS !
SANS ARME, AVEC HAINE, AVEC VIOLENCE
Tout commence par ce joli générique porté par la magnifique chanson Love & Hate de Michael Kiwanuka (son Cold Little Heart avait déjà été utilisé pour le générique de la non moins excellente série Big Little Lies). Les paysages paisibles et relaxants de la région New-Yorkaise se mêlent alors aux scènes de violences ou d’altercations entre les autorités et la communauté afro-américaine, le tout sous l’œil d’une justice arbitre de ce conflit social.
Puis, après ce rapide générique, une voiture apparait. Un homme, Peter Jablonski (Beau Knapp et sosie non-officiel de Pablo Schreiber) se rend à l’hôpital pour rejoindre sa femme hospitalisée. Alors qu’il quitte la route des yeux un instant pour regarder son téléphone, il percute quelque chose : un vélo et sans doute un enfant. Quelques minutes plus tard, ses collègues arrivent sur place et le chef DiAngelo constate le désastre. Ensemble, ils font tout pour cacher les preuves de cet accident, laissent le jeune pour mort dans un fossé et quittent les lieux.
Plus tard, le pilote nous révèle que la victime est un adolescent noir. Pire, contrairement à ce qu’avait affirmé DiAngelo (excellent David Lyons), il n’est pas mort. En fait, le jeune adolescent afro-américain, du nom de Brenton Butler, a agonisé pendant près de 12 heures dans le froid glacial du parc de Jersey City avant d’être secouru par des passants et transporté à l’hôpital.
Une enquête est donc lancée par les autorités d’un côté, quand la famille de la victime va tout faire pour comprendre les raisons de cet acte ignoble. Au-delà, l’accident déclenche un soulèvement progressif de la communauté afro-américaine de Jersey City contre les autorités.
Regina King, la mère, et Clare-Hope Ashitey, la substitute du procureur
QUE JUSTICE SOIT FAITE
La série vient à peine de commencer que les enjeux majeurs de Seven Seconds sont déjà mis en place. En quelques minutes, le show de Veena Sud (créatrice de Cold case : Affaires classées et showrunneuse de The Killing US) dévoile tout ce qui fera le cœur de la série.
Bien évidemment d’un côté, ce sera une enquête policière menée par la substitute du procureur alcoolique KJ Harper (Clare-Hope Ashitey vu dans Les Fils de l’homme) et l’inspecteur Joe « Fish » Rinaldi (Michael Mosley) pour savoir qui a percuté cet adolescent afro-américain et l’a laissé mourir derrière une bute. Cependant, grâce à l’ouverture, les enjeux de Seven Seconds sont ailleurs pour le spectateur puisque nous savons tout de l’accident, du coupable aux circonstances.
Seven Seconds ne veut pas être une simple série policière comme on en a vu des milliers par le passé. A l’heure de la présidence Trump, elle préfère se concentrer sur des thématiques qui fracturent actuellement le pays. Ainsi, loin d’être une série à enquête ou un simple drame familial, la série de Veena Sud s’attache plutôt à comprendre les conflits raciaux, les tensions communautaires ou les heurts entre la police et la communauté afro-américaine.
Bien au-delà, elle remet surtout en cause les institutions même des Etats-Unis, notamment la justice américaine, la corruption des autorités et pose de nombreuses questions sur la morale et l’intégrité du système dans sa globalité. Certes, on pourra reprocher à la série de trop jouer sur les symboles à certains moments : ce plan de la Statue de la liberté qui tourne le dos à la communauté noire défavorisée comme message subliminal d’une nation qui ignore une partie de soi. Mais globalement Seven Seconds réussit à faire passer des messages forts et à interpeller le spectateur sur des sujets importants.
Trop de symbole, tue le symbole
UN TEMPS DE RETARD ?
Techniquement parlant, on ne pourra pas non plus reprocher grand chose à Seven Seconds. Entre l’excellent pilote réalisé par Gavin O’Connor, un deuxième épisode signé Jonathan Demme (quelques semaines avant son décès) et ceux réalisés par les anciens de The Wire : Dan Attias, Ernest R. Dickerson ou Ed Bianchi – la série offre une mise en scène léchée et dotée d’une magnifique photographie.
Chaque plan permet d’ailleurs à l’excellent casting de s’exprimer de bien bel manière : Clare-Hope Ashitey, Regina King, Michael Mosley et David Lyons en tête de cortège, mais aussi les plus discrets Raul Castillo et Russell Hornsby.
Côté scénario en revanche, si Veena Sud sait parfaitement gérer son intrigue, l’étaler sur dix épisodes de 50 minutes à 1h20 était sans doute une mauvaise idée. La longueur des épisodes permet évidemment de construire correctement les personnages et de les rendre attachants, malheureusement elle provoque dans le même temps quelques pertes de rythme dommageables.
Enfin, et c’est sûrement le plus gros problème de Seven Seconds finalement : la série peine à trouver sa propre identité. Veena Sud offre une réflexion intéressante sur de nombreux sujets mais tout au long de cette première saison, on a la sensation qu’ils ont déjà été étudiés de manière plus frontale et plus profonde dans d’autres séries.
Ainsi, le système judicaire américain et ses injustices ont été remarquablement critiqué récémment dans les séries The Night Of ou American Crime. La corruption policière et les conflits police/afro-américain ont été plus qu’analysés par The Wire. Puis en tant que pure série d’enquête, The Killing de cette même Veena Sud était bien plus solide et dynamique. A bien des niveaux, il y a donc le sentiment que Seven Seconds arrive avec un peu de retard.
On se croirait un peu dans The Wire non ?
Seven Seconds manque parfois de rythme et ressasse sans doute des sujets mieux étudiés par le passé par The Wire, American Crime ou The Night of. Cependant, avec sa galerie de personnages attachants et bien caractérisés, une réalisation inspirée, un casting impeccable, un récit bien mené et un propos sur l’Amérique toujours pertinent, le nouveau show de Netflix reste une belle réussite.
Seven Seconds est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 23 février.
Hahaha
Belle analyse. La série est pas mal mais sans plus…
Sinon , vous avez fait une erreur pour la photo de présentation de Clare-Hope Ashitey.
Vous avez mis celle de Kerry Washington ¨^^¨.
L’argument supposé solide de la traversé du jeune tué en perpendiculaire à la voiture est vraiment très faible, On pensait que c’est un robot avec capuchon qui ne bouge pas, alors un humain sur vélo en traversant il tourne la tête à droite et à gauche même s’il na s’arrête pas car souvent il n’avait pas le temps de réagir. On aurait chercher un autre argument plus plausible.
@LOL-A
THE WIRE a décortiqué, mis en pièce le système américain sur 5 saisons. Bien que chacune s’attaquait un système précis. 7 seconds a à peine effleuré son sujet en une saison.
Faut arrêter de comparer une nouvelle série aux anciennes.
7 seconds critiquait un fait sociétal qui ne changera JAMAIS. Là ou netflix reste dans ses lignes (format trop carré, lisse), il aurait fallu plus d’audace. Déjà que ça se passe dans un quartier bien ghetto, suite à l’injustice que des émeutes surviennent (ex : Rodney King).
Même THE SHIELD (une référence) a traité ce sujet (une femme noire qui appelle les secours et qui tardent à venir). Le capitaine demandant à une Wyms (une afro) de venir avec lui pour contenir d’une certaine manière la foule. Avec derrière le voisinage qui se rebelle, s’en suit une émeute. En 1 ou 2 épisodes, c’était déjà plus crédible que les 10 épisodes de 7 seconds.
un grand BOF . ca plaira à certains , mais pas moi , un peu trop cliché à mon gout
Très bonne série qui nous sert des personnages qui ressemblent plus à la vraie vie que dans beaucoup trop d’autres films/séries. Enfin une série qui ne traite pas ses personnages comme des gens avec 80% de leur personnalité en moins. Que les gens ne soient ni fondamentalement gentils ni fondamentalement méchants est une évidence que j’aimerais voire plus souvent.
L’imbrication des rapports sociaux et de pouvoir dans la société US est aussi très bien mis en scène. On sent un grand malaise. Comment sortir de l’impasse d’une société qui patine dans ses problèmes raciaux ? La série ne répond pas à la question, elle met seulement en scène la cristallisation actuelle de la problématique qui s’enlise sans trouver le moyen de se résoudre. C’est aussi quelque chose que j’ai apprécié dans cette série. Parce que, le coup des êtres humains qui changent le monde et qui surmontent tous les enjeux sociaux, merci, personne ne connait ça dans la vrai vie. Et ça donne parfois de faux espoirs, croire que tout est possible. Croire que sortir des problèmes raciaux dépend de chacun alors qu’il dépend en fait d’une structure si difficile à ébranler. Et cette structure est le fruit de plusieurs générations de décisions politiques. Certains auteurs parlent de « path dependance », ou dépendance au sentier, pour expliquer la lenteur de certains changements et le fait que si les choses ne changement pas ou ne changent pas vite c’est à cause du fonctionnement institutionnel et des règles qui en découlent. Mais je m’égard. Pour en revenir à Seven Seconds, contrairement à beaucoup de critique, la lenteur ne m’a pas dérangée, au contraire, elle rend justice au rythme des personnages et ne les heurtes pas. En bref, une série qui en vaut vraiment la peine, notamment pour les amateurs de séries policières qui décortiquent les rapports sociaux et sociétaux. The Wire en est sans doute une inspiration, mais Seven Seconds a su s’en détacher et voler de ses propres ailes.
Une daube. J’ai vu que 3 épisodes, et je ne sais pas si je vais poursuivre.
C’est même pas lent, c’est statique. Les acteurs n’ont aucun charisme, bourrés de clichés (Rinaldi et sa façon nerveuse de mastiquer). Ca part tellement dans tous les sens que l’arc principal est noyé, et quand ils y reviennent, limite je m’en tape. J’ai même pas trouvé la réalisation bonne.
Ca ne monte pas en puissance, au contraire, chaque épisode est une régression. J’ai pas (encore ?) vu la référence à THE WIRE. L’alcoolisme de KJ sans doute ? L’équipe de Di et ses méthodes renvoient plutôt à THE SHIELD.
Du recyclage comme on en voit ailleurs, ça plaira sûrement aux plus jeunes qui n’ont pas encore vu les bonnes références. Les autres peuvent, je pense, passer leur chemin.
Oui, il y a quelques défauts, mais ça ne gâche pas l’ensemble (avis très personnel, j’en conviens !). Filiation évidente avec « the Wire ».
Les personnages soient loin d’être monolithiques, même les plus « salauds ». Personne n’est foncièrement mauvais ici, mais le devient par les circonstances. Ça change des séries un poil trop manichéennes.
Un point oublié mais pas anodin : si V. Sud traite majoritairement des problèmes de la communauté afro-américaine, elle n’oublie pas la corruption passive dans la police US, ni ses causes : salaire trop bas (impossible dans la banlieue de NYC de payer correctement les traites de sa maison avec un seul salaire de flic !!!), risques trop élevés pour le boulot, etc.
Il n’y a plus qu’à espérer qu’en cas de saison 2, les quelques défauts (notamment incohérences, comme l’a souligné @Maxos) seront travaillés.
Une série qui mérite d’avoir un avenir.
j ai dévore les 10 épisode en 2 jours et demi. scénario bien ficelé. La série va cartonner sur netflix c est sûr
Super mais …
Quelques incohérences notoires demeurent et décrédibilisent sérieusement le script. Parmi elles (attention spoile) l’autopsie de la gamine aurait du réveler un peu plus que ce que le scenario nous sert, et qui est un peu court a côté des prouesses d’enquêtes sur la vie privée des un et des autres en 24h juste avant le procès…
Entre autres…
Et ca c’est tres tres décevant.