Diffusée en août et septembre 2018 sur la BBC au Royaume-Uni, la mini-série Bodyguard, avec Richard Madden (Game of Thrones) et Keeley Hawes, a explosé les records d’audience.
L’ultime épisode avait ainsi réuni 15,9 millions de spectateurs britanniques, du jamais vu depuis 2002 (et le système de mesure actuel). En tout, les six épisodes ont rassemblé plus de 38 millions de spectateurs seulement avec les replays.
Un succès incroyable que Netflix n’a pas voulu manquer. Raison pour laquelle la plateforme s’était ainsi octroyé les droits de diffusion de la série à l’international dès l’été 2018. Plus de deux ans plus tard, elle débarque désormais sur France 2. Retour sur la série britannique phénomène et ce qu’on en avait pensé à sa première diffusion.
C’EST QUOI CETTE SÉRIE ?
Bodyguard raconte l’histoire de David Budd. Ce vétéran de guerre, sujet à un profond stress post-traumatique et à une dépression amoureuse, devenu sergent de police travaille comme agent de protection de personnalités.
Après avoir empêché un attentat, il est chargé de protéger Julia Montague, la Secrétaire d’État à l’Intérieur britannique. Une femme politique très ambitieuse, ultra-conservatrice et qui porte des valeurs que David rejette profondément. Dans un climat politique hostile et une époque menacée par une vague de terrorisme, la tâche s’annonce compliquée.
David Budd et la Secrétaire d’État, Julia Montague
L’INCONNU DU LONDON EXPRESS
Dès les premiers instants de Bodyguard, impossible de ne pas comprendre pourquoi la série a rapidement rendu accro le public britannique. Un son de mitraillettes résonne sur un fond noir quelques secondes avant de laisser découvrir au spectateur le visage de David Budd, se réveillant en sursaut à bord d’un train qui arrive en gare. Puis, en un seul regard sans aucun dialogue (ou presque) et des cadres fixes, une inquiétude se crée. Une musique stressante, parfois accompagnée de grosse basse rappelant la partition de feu Johan Johannsson dans Sicario, vient appuyer l’anxiété grandissante.
Un comportement suspect va alors mener à l’action du personnage principal (et donc du spectateur) et à la mise en place d’une menace bien réelle. Le montage est calme et réfléchi, à l’image du sang-froid du héros incarné par Richard Madden (malgré son stress post-trauma bien caractérisé pendant la séquence). La narration en temps réel de l’événement permet d’ancrer pleinement le spectateur au coeur de l’action et l’empêche de reprendre son souffle.
Ainsi, en quelques plans, de simples mouvements de corps, des dialogues minimes et concis, une musique dosée à la perfection, un décor oppressant (l’intérieur d’un wagon) et surtout une montée crescendo du suspense, une tension incroyable envahit l’écran.
Cet événement du 1er octobre va conditionner le futur de David Budd
HAUTE TENSION
Ce genre de séquences millimétrées, où la menace terroriste (ou autres plus tard) se fait pleinement ressentir, la série de Jed Mercurio en offrira de nombreuses. Cette force dans la mise en scène des scènes de tension, due au travail remarquable du Français Thomas Vincent et du Britannique John Strickland (à la réalisation de trois épisodes chacun), est sans aucun doute la marque première du succès de Bodyguard.
De cette scène d’ouverture à des scènes d’interrogatoires percutantes, en passant par des attentats avortés, réussis ou ratés, les deux metteurs en scène savent jouer des situations pour étouffer le public dans des cadres inquiétants (notamment celles dans des espaces clos, formidablement optimisées !). Leur maitrise technique est saisissante et à travers une mise en scène toujours très efficace, ils peuvent à tout moment passer d’un calme rassurant à une terreur inattendue.
Par conséquent, le stress est permanent lors du visionnage des six épisodes de la série britannique et pour David Budd ou le spectateur, tout comportement suspicieux devient un risque potentiel.
HOMELAND SECURITY
Une tension qui, au-delà des scènes d’action ou de suspense, sera présente grâce aux mystères caractérisant les personnages principaux. David Budd, bien évidemment, n’est pas sans rappeler le personnage campé par Damian Lewis dans la série Homeland, et certaines de ses actions nous font douter de sa vraie sincérité.
De l’autre côté, Julia Montague (incarnée par l’excellente Keeley Hawes), semble cacher de nombreuses informations primordiales sur la sécurité du pays à la Met et notamment la section anti-terroriste dans un contexte houleux. Ces zones d’ombre qui amplifient la méfiance constante, sans compter les multiples protagonistes aux actions suspectes, permettent d’instaurer un thriller à plusieurs étages.
Avec une intrigue savamment écrite et une fluidité narrative particulièrement précieuse (des cliffhangers et twists bien sentis), Bodyguard peut ainsi se permettre d’être bien plus qu’un simple thriller. La série développe de nombreuses thématiques au-delà du terrorisme : l’état d’urgence, les conflits internes entre les services opérationnels, les complots politiques, les manoeuvres politiciennes qui en découlent, le rôle des médias ou encore les secrets d’État.
En route pour 10 Downing Street ?
Bien sûr, la série de Jed Mercurio n’évite pas tous les écueils du genre et manque parfois de finesse. La complicité entre Budd et Montague et leur rapprochement sont des plus prévisibles par exemple. Cependant, à l’image de l’ensemble de la série, cette intimité entre les deux personnages est loin d’être superflue et conditionne bien des (ré)actions de Budd notamment.
Plus important encore, grâce à certaines de ses manipulations, la série démontre son sens du rythme et sa maestria dans l’art de captiver. Au coeur de la série, au moment même où elle semble s’enfermer dans quelque chose de déjà vu et attendu, la série sait étonner et réussit à rebattre ses cartes admirablement. Le moyen de garder l’attention du spectateur jusqu’au bout et surtout de le faire douter des intentions de chacun ou craindre le pire pour tous, jusqu’au grand final.
Richard Madden est parfait et pourrait bien se placer pour le prochain James Bond
Avec une belle maitrise technique, une mise en scène percutante, une intrigue captivante et des personnages très bien écrits, facile de comprendre comment Bodyguard a fasciné le Royaume-Uni et pourquoi Netflix s’est emparé des droits de diffusions à l’international dès 2018.
Si le show britannique ne révolutionne pas le genre, il est sans aucun doute un des plus efficaces qui nous a été donné de voir sur le petit écran ces dernières années, et ce dans tous les domaines. À ne pas rater !
La mini-série Bodyguard est disponible en intégralité sur Netflix. Elle est diffusée, à compter de deux épisodes chaque lundi soir, sur France 2 dès ce 16 novembre 2020.
J’ai adoré.enfin une série captivante
j’ai beaucoup aimé cette série, et contrairement à pas mal de séries citées en commentaire (homeland, chrono, etc. excellentes séries au demeurant) son format mini-série joue en sa faveur à mon jumble avis, évitant de tomber dans la surenchere des rebondissements et des cliffhanger. Au final c’est dense, intense, bien joué et bien foutu. J’ai beaucoup aimé.
@yellow submarine: « Triste qu’en France on ne soit pas capable de produire des séries d’aussi bonne qualités » perso jusqu’à sa saison3 le bureau des legendes est dans mon top3 séries tout confondu. Son seul defaut étant de se concentrer sur le personnage de malotru. En dehors de ça c’est une excellente série. Dire qu’on ne sache pas produire de séries de bonne qualité en France, c’est à mes yeux de la mauvais foi. Engrenage, Mafiosa, Bureau des legendes, même 10 pour-cents dans un registre completement different sont, à mes yeux des séries bien produites. Après, on aime où on aime pas, c’est une autre question. J’ajouterai également la mini-série effondrement crée par les parasites, dont la realisation est vraiment bien foutue, même si classique et un peu cliché.
@Ankytos. Je ne saurais que trop te conseiller de t’accrocher sur Homeland, la première saison n’est clairement pas la meilleure (comme 24 d’ailleurs), bloquée dans son côté remake, mais elle se bonifie vraiment avec les saisons
Bonne série, clairement. À la hauteur de ses ambitions et avec un style propre auquel j’ai adhéré. Pas grand-chose à voir avec Alias ou Nikita, je trouve. Son faible nombre d’épisodes me semble être un plus. Quant à Homeland, je n’ai pas du tout accroché, je n’ai vu la fin de la première saison qu’avec ennui et n’ai donc bien sûr pas regardé les suivantes. (je ne m’étendrai pas, ce n’est pas le sujet).
Une série à lancer quand on a rien d’autres à regarder… une « pas si mal » mais faute de mieux!
Une série de bonne facture qui fait le job comme il faut mais il manque le « je ne sais quoi » pour en faire une très bonne série. A part ça, c’est clair que Richard Madden est un ready player James Bond potentiel, d’ailleurs je paris sur lui.
Bien foutu oui mais pas indispensable si on est habitué aux séries complotiste d’espionnage..
Ca reste assez prévisible et convenu.
d’Alias, homeland, a Mr Robot, 24h chrono, the night manager, the americans, counterpart, les series nikita, condor et j’en passe, je commense à avoir fait le tour du sujet, sans parler du cinéma haha, bref j’ai fais un peu le tour du sujet et pour le cout ce Bodyguard reste assez anecdotique au final. Vite oublié pour ma part.
excellente série
Très bonne surprise, ça montre ce qu’aurait pu devenir 24 en osant un peu plus qu’en se reposant sur ses acquis.
Oh le charisme d’huître des acteurs ! Et il y en a qui ont que ça à foutre de regarder des séries comme ça !