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The Little Drummer Girl : critique de la série d’espionnage du réalisateur d’Old Boy

Par Simon Riaux
4 décembre 2018
MAJ : 21 mai 2024
8 commentaires

Le réalisateur de Old Boy adapte John Le Carré le temps d’un récit d’espionnage éminemment pervers et retors, porté durant 6 épisodes par un casting parfait.

The Little Drummer Girl : photo, Florence Pugh, Alexander Skarsgård

Auteurs parmi les plus révérés et prolifiques du roman d’espionnage, John Le Carré voit une nouvelle salve d’adaptations débarquer et se mettre en branle. C’est au tour de The Little Drummer Girl  de quitter la page pour s’animer à l’écran, sous la houlette des producteurs acclamés de The Night Manager.

 

 

TROUVEZ LA FEMME

Michael Lesslie et Claire Wilson ont donc mis la main sur les droits d’un texte parmi les plus ludiques de l’auteur, mais dont les thèmes ont déjà été maintes fois traités à l’écran. Nous y suivons Charlie, comédienne trop jeune pur s’inquiéter d’une carrière mal embarquée, recrutée par un agent israélien répondant au nom de Gabi.

S’en suivra un parallèle entre comédie et espionnage, infiltration et interprétation, soit une réflexion déjà vue, pour ne pas dire éculée.

 

photo, Alexander SkarsgårdAlexander Skarsgård

 

La grande force de The Little Drummer Girl est donc d’avoir appelé Park Chan-wook derrière la caméra. Le metteur en scène de Sympathy for Mr VengeanceOld Boy ou encore Mademoiselle est un formaliste créatif et rigoureux, qui ne s’intéresse pas tant aux implications géopolitiques de son récit qu’à ses motifs, sa portée symbolique, et son potentiel d’envoûtement.

Jusqu’à présent, la carrière du cinéaste oscillait entre les bouffées de violence sur-stylisées, et les néo-noir, plus venimeux et psychologiques.The Little Drummer Girl s’étale sur six épisodes et permet donc à l’artiste de mélanger ces deux penchants, plutôt que d’en favoriser un. Ainsi, il peut se livrer (notamment lors de l’épisode 2) à des effets de montage techniquement éblouissants, tandis qu’il profitera du dernier tiers de l’intrigue pour l’amener plus ouvertement sur les chemins du néo-noir occidental, qu’il arpentait encore un peu maladroitement dans Stoker.

 

photo, Florence Pugh, Alexander SkarsgårdFlorence Pugh et Alexander Skarsgård

 

BODY DOUBLE

La fascination du metteur en scène pour la figure du double, le plaisir évident et fétichiste qu’il exprime dans le moindre de ses plans – comme dans l’agencement des textures et des couleurs – pour nous immerger dans une atmosphère ambiguë et incertaine, font énormément pour le plaisir comme l’investissement du spectateur.

Créateur d’image accompli, l’auteur se fait ici une joie d’investir le décor grec où l’action se déroule, poussant sans cesse son récit vers la folie et l’abstraction, comme une relecture de La Taupe dopée à la couleur et à la folie douce.

 

photo, The Little Drummer GirlUne sacrée joueuse de tambour…

 

Et le centre de ce dispositif n’est autre que Florence Pugh. Découverte dans The Young Lady, la comédienne n’a de cesse depuis de donner le meilleur de son talent au sein de productions favorisant les rôles complexes. Et son art consommé des jeux d’influences prend ici tout son sens, alors que Park Chan-wook fait de l’artiste et du personnage mutant qu’elle incarne un précipité romanesque de toutes les figures de l’espionne séductrice. Ce personnage, si souvent secondaire, ou réduit à une mécanique érotique superficielle, bénéficie ici d’un soin qui fait plaisir à voir et renouvelle un peu les attendus du genre.

Par conséquent, on regrettera que les deux autres comédiens principaux ne bénéficient pas d’une direction aussi millimétrée et subtile. Caricaturales (Michael Shannon) ou inutilement mutiques (Alexander Skarsgård, plus hors-sujet que mauvais), les figures masculines qui émaillent ce récit paraissent autant de boulets qui empêchent The Little Drummer Girl  de véritablement nous épater.

Ces deux personnages pèsent de plus en plus sur le récit, et on a beau sentir le désir évident du réalisateur de magnfiier son héroïne, ce déséquilibre des forces nuit à l’harmonie de l’ensemble. Reste un bel objet et un hommage souvent fascinant aux espions old school.

The Little Drummer Girl est disponible en intégralité sur MyCanal en France.

 

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Est-ce qu’il y a un seul film oû vous appreciez Aleksander Skarsgård ? Vous le déscendez dans tous les films : Tarzan, Mute, ou cette sÉrie.

jhudson

Florence Pugh s’est plainte que vu que la série a été co produit par la chaine US AMC, ils ont du tourner des scénes de certaines de façon pour que ça passe la censure de la chaine , elle a.

Il ne fallait montrer ni fesse et tétons.

Car il ne faut pas oublier que la censure sur la nudité reste sur les chaînes du cable basic

Raoul

@Geoffrey J’ai adoré personnellement!

Geoffrey Crété

@Raoul

On est dessus. On a commencé, et on disait très rapidement ici qu’on trouve le démarrage pas mal, et qu’on regardera la suite

https://www.ecranlarge.com/films/news/1045664-l-humeur-de-la-redac-nos-coups-de-coeur-et-coups-de-gueule-de-la-semaine

Raoul

et Hippocrate vous en avez pensé quoi?

Raoul

Je vais me laisser tenter. 6-10 épisodes c’est parfait comme format pour moi.

Simon Riaux

@Nope

Merci ! Il s’agit en effet d’un lapsus bien débile.

nope

Vous devez parler de « Stoker », pas « Stalker ».