Après un film interactif, Charlie Brooker revient avec une saison de Black Mirror condensée et réduite à 3 épisodes, comme au temps de la BBC. Accueillie avec fraîcheur, mérite-t-elle ce retour de flammes ?
Devenue en l’espace de quelques années un phénomène, intelligemment récupéré par Netflix, Black Mirror a ressuscité à elle seule le concept de l’anthologie de science-fiction. Ainsi, ce n’est évidemment pas un hasard si tout le monde veut copier le concept, de manière peu convaincante jusqu’à présent. Philip K. Dick’s Electric Dreams, Weird City et dans une moindre mesure le remake de The Twilight Zone n’existent que grâce au succès planétaire de la série de Charlie Brooker, qu’aucune de ces productions n’est parvenue à émuler.
Mais après une saison 4 plus longue et inégale, et Bandersnatch, le colosse a dévoilé des pieds d’argile. Non seulement l’épisode a divisé les fans, mais il a parfois donné l’impression d’accentuer les forces et faiblesses de la saison 4, souvent pointée du doigt pour ses épisodes peu réussis.
Avec son rythme de production forcenée, Black Mirror et son créateur peuvent-ils maintenir le formidable niveau d’exigence qui a fait le sel de l’entreprise ? Décortiquons cette nouvelle fournée.
STRIKING VIPERS
Quand deux vieux copains de fac se retrouvent autour de leur jeu de combat préféré, l’expérience s’avère stimulante et nostalgique, avant de les amener à une découverte inattendue.
Sur le papier, ce premier épisode est sans doute celui qui assume le plus ouvertement l’ADN de Black Mirror. On y retrouve des personnages archétypaux (dans le bon sens du terme), des problématiques sociales collectives telles que la perte du désir, l’angoisse du vieillissement et plus généralement des interrogations identitaires, le tout passé à la moulinette d’une innovation technologique poussant le bouchon juste assez loin pour nous mettre l’imagination en PLS.
Après Be Right Back et San Junipero, Owen Harris revient une troisième fois aux commandes d’un épisode de l’anthologie de science-fiction dirigée par Charlie Brooker, et à nouveau il s’attaque à un récit se voulant plutôt humain, mesuré, nuancé. Très loin des conclusions parfois très noires du show, ou twists désespérés qui ont souvent marqué les spectateurs, Striking Vipers explore avec un mélange d’humour et de bienveillance la naissance d’une liaison qui rebat l’identité sexuelle de nos deux héros.
Les choix narratifs opérés dans la seconde moitié de l’épisode s’avèrent sur le papier assez plaisants, malheureusement, ce vent de fraîcheur thématique ne s’incarne jamais à l’image ou à travers la direction d’acteurs. Le Faucon de Marvel et le Black Manta d’Aquaman ont beau tout faire pour nous convaincre d’une passion naissante entre eux, le sentiment d’assister à un concours de bronzage entre limandes s’impose progressivement.
Seule Pom Klementieff (Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2) tire parfaitement son épingle du jeu, avec un mélange de présence physique et de malice qui lui assurent de capter toujours l’énergie de la caméra.
Mangez des Pom
Énergie dont on ne peut pas dire que la mise en scène sache quoi faire, tant le récit se déroule avec une embarrassante mollesse. Pour une poignée de plans sympathiques situés dans l’espace virtuel, il faut se fader une brochette de séquences visuellement maussades, au découpage mécanique, à des années-lumière du mordant qui fut celui de la série.
Explorer avec malice, mais nuance le rapport de deux vieux potes à la complicité, à la sexualité et ultimement à leur rapport au genre aurait pu, dû être passionnant. On note d’ailleurs que le scénario a su se ménager quelques développements malins, et la confrontation pluvieuse de ce couple de protagonistes était par exemple supposée ouvrir le show à une corde plus sensible, plus fine, plus humaine.
Autant d’intentions qui restent embryonnaires, la faute à une mise en application terriblement scolaire, appliquée, mais dont le coeur ne bat jamais. Ainsi, dès son ouverture cette saison 5 de Black Mirror inquiète, tant elle s’avère déficiente en matière d’intensité et de narration, malgré une poignée de jolies idées, et une conclusion mi-figue mi-raisin pas inintéressante.
SMITHEREENS
Un chauffeur de Uber londonien rongé par son passé décide de kidnapper un employé du plus grand réseau social existant : Smithereens. Sa prise d’otage va rapidement déraper et provoquer une crise au sein du groupe et de la police…
Si l’épisode est réalisé proprement par James Hawes (déjà derrière l’épisode Hated in the Nation, passé par Penny Dreadful et metteur en scène sur la future série Snowpiercer) avec un certain talent pour faire monter la tension et acculer le spectateur avec de gros plans, il ne propose pas grand-chose de pertinent.
Narrativement, Smithereens est très pauvre autant dans son déroulé (linéaire avec un final expédié) que dans son écriture (des motivations trop fines et une révélation particulièrement faible). On sent bien évidemment que Charlie Brooker, créateur de Black Mirror veut encore pointer du doigt les dérives des réseaux sociaux et la médiatisation (banalisée) d’un événement dramatique (ce qu’il faisait déjà dans le pilote de la série National Anthem entre autres).
Dans une interview auprès de Entertainment Weekly, il a expliqué d’ailleurs clairement ses intentions finales : « Ce qu’on a voulu dire c’est comment cet énorme drame […] est réduit à quelque chose d’éphémère qui nous échappent, juste une notification ».
Andrew Scott, le meilleur élément de Black Mirror saison 5
À dire vraie, pourquoi pas ? C’est peu novateur, mais l’intention est là, bien réelle. Cependant, au-delà de cette idée, Smithereens met en lumière bien d’autres problèmes sous-jacents comme l’utilisation des données personnelles, la perte de contrôle sur les réseaux sociaux ou l’uberisation de la société.
Des sujets intéressants qui sont tristement expédiés au profit de l’intrigue centrale et donc les motivations du preneur d’otage. Ainsi, cet épisode a priori riche et tendu par son pitch se transforme en un gigantesque spot de sécurité routière ou en simple avertissement sur l’addiction aux technologies encore. Pas de quoi crier au génie.
À l’image de la série depuis quelque temps, Smithereens croule donc sous les thématiques sans jamais réussir à en dénoncer une clairement, le tout au cœur d’une écriture précise, mais particulièrement simpliste. Tout juste pourra-t-on retenir l’excellente performance de Andrew Scott, qui, des années après Sherlock, confirme ici (comme dans la saison 2 de Fleabag) qu’il mérite plus de considérations. Le 1917 de Sam Mendes devrait enfin lui donner un rôle à la hauteur de son talent.
RACHEL, JACK AND ASHLEY TOO
Fan de la pop star Ashley O, Rachel reçoit le cadeau de ses rêves : un petit robot nommé Ashley Too, qui a la voix de la chanteuse, et se présente comme une amie interactive. Mais derrière ce morceau de plastique et la gloire d’Ashley O, il y a la réalité bien plus noire du succès…
Et si c’était l’un des pires épisodes de Black Mirror ? Possible, tant rien ne fonctionne dans ce Rachel, Jack and Ashley Too, qui est au minimum l’un des épisodes les plus simplets et bancals de toute la série, qui n’a même pas une belle idée à défendre.
Tout ce qui est montré et raconté est d’une banalité effarante : une jeune fille mal dans sa peau totalement fan d’une pop star dont la vie parfaite est en réalité affreuse, un mal-être adolescent mutuel qui rapproche les deux héroïnes, un petit robot qui marque l’un des pics de non-originalité de l’anthologie… En plus d’empiler les clichés (mention spéciale à la dualité des sœurs, entre la petite chose fragile et la rebelle en cuir), l’épisode se montre incapable de choisir quoi raconter.
Ainsi, cette Ashley Too qui représente très bien le motif général de Black Mirror (les dérives de la technologie, son irruption dans le quotidien, et les risques de modifier profondément les rapports humains) sera finalement un simple outil narratif, et non le sujet. Ce sera même un élément positif et gentiment comique, l’intrigue tournant autour du sauvetage de la vraie Ashley, victime de sa méchante tante cynique et businesswoman, digne d’un mauvais cliché de la marâtre de Disney, version 2.0.
Angourie Rice, vue dans The Nice Guys
Première incursion de la réalisatrice Anne Sewitsky dans l’univers de Charlie Brooker, Rachel, Jack and Ashley Too est en plus tristement plat à l’image. Le design de cette Ashley Too est simple, et jamais elle n’est filmée ou utilisée comme autre chose qu’un gros tamagotchi. De la maison un peu moderne à la scène de l’école, en passant par l’hologramme de la chanteuse, l’épisode frappe par son manque d’idée et d’ampleur visuelle, et dénote ainsi dans l’anthologie qui a souvent brillé de ce côté, avec une direction artistique subtile, mais efficace.
Voir Miley Cyrus (qui n’a d’ailleurs pas à rougir en tant qu’actrice, dans ce petit rôle calqué sur la chose publique qu’elle représente) reprendre du Nine Inch Nails, comme si Head Like A Hole ou Right Where it Belongs étaient des morceaux de pop, est probablement l’idée la plus Black Mirror de cet épisode : le futur est incertain, et pourrait bien être cauchemardesque.
La saison 5 de Black Mirror est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 5 juin. Le reste de la série est également disponible sur Netflix.
@NEEKO
C’est pourtant, et de loin la saison la plus bourrine, épaisse et grossière de l’anthologie.
Plus qu’un arc, ou tout autre dispositif sophistiqué, on est en face d’un coussin péteur (percé).
Une excellente saison, plus proche de nous, plus sensible que les précédentes. Ce qui évidemment a dû en déstabiliser certains, accros aux gadgets du futur, loin de toute possibilité technologique réaliste à court terme. C’est sûr, il y a eu un changement de braquet avec ce nouvel opus : on est au coeur de l’humain, et c’est ici assez subtil. Mais pourquoi bouder cette évolution de la série, cette nouvelle facette ? La problématique reste la même, tout sollicitant davantage la réalité actuelle du spectateur ; en ceci elle est bien plus questionnante et forte. Il est quand même assez préoccupant de constater l’indigence critique de ceux qui ont mis « zero étoile » sur Allociné, sans vergogne. (Je me dis que ça a dû peut être plus les concerner directement, et donc les gêner en fait…) Alors que les scénarii de ces trois épisodes sont époustouflants de précision sans temps mort – spécialement le dernier. Qu’ils essaient d’en faire autant, les bourrins de la kalachnikov, à qui ont met soudain un arc indien dans les mains et qui n’ont que faire de cette arme si subtile, plus délicate… Non, ils veulent que ça « déchire tout ». Quelle sale habitude.
Je suis d’accord, ce n’est clairement pas la meilleure saison, peut-être même la moins bonne, quoique la 2 ne m’avait pas emballé non plus.
Cela étant, je ne la trouve pas catastrophique non plus.
J’ai trouvé les 2 premiers épisodes plutôt sympas tout de même (sauf justement le surjeu d’Andrew Scott dans le tunnel et les cadrages du début de l’épisode), mais je n’ai pas été convaincu par le 3e épisode.
Il manque une tuerie, tel que ce fut le cas dans presque toutes les autres saisons.
Il y avait de bonnes idées dans les 2 premiers mais malheureusement jamais abordées explicitement! Quand bien même le premier m’a parut plus 《dramatique》 mais la fin tellement claquée! Le second m’a parut telllement long, le message de 《faut pas être au téléphone en conduisant》 on est au courant, on le sait ce qui peut se passer dans ces cas là donc je n’ai pas du tout compris pourquoi le perso principal accusait le 《Grand Patron》 chacun est libre des ces actes c’est lui qui avait les yeux rivés sur son téléphone tout en connaissant les risques donc pour ma part ridicule cette histoire même si un grand bravo à l’acteur principal pour son jeu mais le perso malheureusement pété… et le 3ème… bah petit téléfilm du dimanche bien sympathique hein mais pas du tout black mirror! Elle est où la mise en garde là ? On suit une gamine mal dans sa peau qui idolâtre une popstar et se 《lie 》 d amitié avec une version robotisée de la star alors on attend un drame, un bouleversement intense, une injuste etc par rapport à la gamine comme tous les anciens ep de BM mais là non elle rencontre la star, elle l’a sauve, détruit la méchante! Bienvenu dans le monde de Disney.
Les 3 épisodes sont ras de terre on a perdu la magie de Black Mirror très très très déçu….
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le premier épisode était bien bandant en tout cas !!!
Je suis un grand fan de la série depuis la première saison et je suis d’accord que cette saison est plus décevante que les précédentes. Il manque au moins un épisode phare, et personnellement j’ai déjà été déçu par Bandersnatch à cause de la surpromotion de Netflix sur cet épisode.
Je trouve tout de même que le premier épisode de la saison 5 était très bien. C’est très réfléchis lorsque l’on regarde l’avancement des jeux vidéos et le désir de faire ressentir au joueur des sensations virtuelles, tout en mêlant cela à la consommation effarante de pornographie de nos jours. Les visuels dans le jeu vidéo étaient bluffants et le parallèle des plaisirs virtuels et de l’impact sur une vie réelle familiale est bien lissé.
Le second épisode tient bien en haleine avant le dénouement et Andrew Scott impressionne par son jeu à la fois attachant et inquiétant. Mais la fin est bien décevante, tant sur le big boss ridicule que sur le fond. Le +reste la réflexion à avoir après cet épisode, lorsque l’on voit divers individus le regard rivé sur leurs téléphones, qui n’arrivent pas à se déplacer ou qui manquent des événements. Lorsque je me balade dans les rues de ma ville, ou dans le métro, j’assiste exactement aux mêmes scènes, et je fais la même chose. C’est très inquiétant.
Le dernier épisode est en revanche globalement décevant. Il tourne au surproduit Netflix et c’est très dommage. Le thème abordé est intéressant mais la tournure de l’épisode dans la démence de la tante n’est pas convaincante. Les deux + : Miley Cyrus, dont je ne suis pas fan du tout et dont j’appréhendais l’intervention dans cette série, qui est une très bonne actrice et qui sauve largement l’épisode ET à réfléchir, sur les popstars et leurs images parfaites, les popsongs aux messages valorisants, et l’impact que cela a sur un adolescent qui ne cherche pas son identité mais qui tente de reproduire celle qu’on lui diffuse (#InstagramLife #ArianaGrandePoneytail). (PS : Le robot débridé est génial, j’en veux un).
Je pensais être le seul à avoir trouvé ces trois épisodes assez indignes de la qualité exceptionnelle de la plupart des précédents, tant sur le fond que la forme. Mais c’est apparemment très loin d’être le cas. Sans être mauvais, ces trois épisodes donnent une impression de « tout ça pour ça ? » extrêmement frustrante.
Difficile de comprendre comment Charlie Brooker a pu d’un seul coup perdre son talent d’écriture et son inspiration. Surtout qu’il a pris son temps. Peut-être a-t-il juste fait la saison de trop. La plupart des séries ont du mal à passer le cap de la seconde ou troisième saison. Celle-ci nous en a offert quatre extra-ordinaires, au point d’en faire clairement une des meilleures séries des vingt dernières années. On peut très largement déjà se contenter de ça…