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Spider-Man : retour sur la série kitsch et cultissime des années 1960

Par Prescilia Correnti
29 juin 2019
MAJ : 21 mai 2024
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Affiche officielle

À l’approche de la sortie imminente de Spider-Man : Far from Home, retour sur la première série animée du tisseur de toile, de 1967 à 1970.

Il aura failli ne jamais exister. Le voir apparaître n’aura pas été une mince affaire, mais son créateur ne l’a jamais laissé tomber, convaincu de son potentiel astronomique par la suite. Il a bien eu raison puisque désormais Spider-Man fait partie des super-héros les plus populaires de Marvel et qu’il a été le fer de lance de la maison d’édition de comics lorsqu’elle était au plus bas.

Spider-Man c’est une histoire incroyable, une psychologie d’un personnage à la fois bouleversant et attendrissant et un héros aussi culte dans les comics que dans les séries animées.

 

photo générique« Signé : votre ami l’araignée »

 

MARVEL RENAISSANCE

Avant de se pencher sur les clés du succès de la série animée des années 1960, il faut se resituer dans le contexte social des comics dans les années 1950. Alors que les super-héros étaient en pleine vogue durant des années, faisant les succès des maisons d’édition comme Action Comics (qui deviendra plus tard DC Comics) la période post-Seconde Guerre mondiale est difficile à vivre pour les éditeurs de comics. 

Désormais, les super-héros ont quitté le champ de bataille et sont concurrencés par des petits comics horrifiques, des histoires d’adolescents qu’on retrouve dans Archie Comics (qui inspirera plus tard Riverdale sur Netflix). Les histoires sont plus violentes, plus macabres et les couvertures plus sanglantes. 

Dès lors les parents prennent peur et les maisons d’éditons doivent se plier à au code commun qui causer leur perte : la CCA (Comics Code Authority) formée en 1954. Le but : contrôler et supprimer la violence des comics. Les aventures des super-héros deviennent plus édulcorées et gentillettes. Les comics connaissent une baisse de popularité, aussi bien chez DC comics que chez Marvel qui peine toujours à rattraper son concurrent avec de vieux titres plus très appétissants à lire.

 

comicsUn joli coup de pied 

 

C’est à ce moment que Stan Lee, qui était plus que las d’écrire sur ses vieilles planches est appelé pour une mission de la plus haute importance. Redorer l’image de l’écurie Marvel en inventant une nouvelle histoire avec un nouveau personnage.

Ainsi naissent en premier lieu Les 4 Fantastiques. Le succès est clairement au rendez-vous. Encouragé par le succès des 4 Fantastiques et de Hulk, il décide alors de trouver une nouvelle dynamique super-héroïque. Cette fois, le super-héros en question sera adolescent.

 

comicsUn premier design mythique 

 

Jim Steranko dira : « après une période très difficile dans les années 1950 et au début des années 1960 où l’industrie des comics s’est pratiquement effondrée, Marvel a fait un retour fracassant parce que Stan Lee a donné une nouvelle dimension à ces personnages. Il a créé des super-héros avec des problèmes. »

Ainsi Stan Lee a l’idée de créer un adolescent pas très populaire auprès des filles, au physique somme toute banal, sans le sou, mais qui est doté d’un grand intérêt pour la science. En soi : « c’est le super-héros que vous pourriez être » et le succès est immédiat. Le premier numéro de Spider-Man Amazing Fantasy vol.1 #15, écrit, par Stan Lee et dessiné par Steve Ditko sort en août 1962. En France, Spider-Man apparaîtra dans le numéro 4 de Fantask en mai 1969.

 

photoBig Brother te regarde

 

INTO THE SPIDER-TV

Fin de l’année 1941, Superman est devenu le premier super-héros à être représenté dans une série d’animation. Produite par Fleischer/Famous Studios de 1941 à 1943, vous vous rappellerez sûrement de cette série grâce à sa célèbre introduction « It’s a bird, it’s a plane, no it’s Superman ! ». Pour l’anecdote, l’une des imitations/parodies les plus réussies a été la série Mighty Mouse de Terrytoons, qui est devenue la propriété phare du studio.

Cette fois retour en 1960, et parallèlement à la renaissance des super-héros papiers chez Marvel et DC, le monde est en train d’avancer technologiquement parlant. La télévision est en plein essor et le noir et blanc a laissé place à la couleur.

Avec l’essor de la télévision dans les années 1960, les super-héros connaissent un succès complètement phénoménal dans des séries télévisées animées destinées aux enfants. Parmi ces succès, Superman-Batman Adventure Hour de Filmation et bien évidemment celui qui nous intéresse ici Spider-Man de Grantray-Lawrence Animation, qui présente la chanson thème « fait tout ce que l’araignée peut ».

 

photo génériqueUne araignée à six pattes

 

La série entame le début de sa carrière le 9 septembre 1967 et se terminera le le 14 juin 1970 sur les ondes américaines de la chaîne ABC.

La série Spider-Man (L’Araignée en France) est créée par Stan Lee, conçue par Steve Ditko et produite conjointement au Canada (pour la doublure française affreuse qu’on expliquera plus tard) et aux États-Unis pour l’animation. A contrario, le personnage de Peter (costume bleu, veste jaune, chemise blanche et cravate rouge) a été dessiné conjointement par Steve Ditko et John Romita.

Les deux premières saisons ont été diffusées sur le réseau ABC. Grantray-Lawrence Animation a produit la première saison, et les deuxième et troisième saisons ont été produites par Krantz Films à New York. En vedette on retrouvait la voix de Paul Soles dans le rôle de Peter Parker.

 

photo s2 e1Une super séquence d’animation pour son époque (et un épisode remarquable)

 

YOUR FRIENDLY NEIGHBORHOOD SPIDER-MAN

Niveau synopsis, la première saison reste très classique dans son déroulé. La série commence dès le premier épisode par la présentation de l’un des plus grands méchants de l’univers Spider-Man : le doctor Octopus (docteur pieuvre en français). Très vite on comprend alors une chose : la première saison ne traitera principalement que du travail de Peter au Daily Bugle et de son double en tant que justicier de la Grande Pomme.

Les décors se font rares et se concentrent essentiellement autour du bureau de J. Jonah Jameson, rédacteur en chef du Daily Bugle, le bureau de la secrétaire, la maison de tante May, et les environs de New York. La vie de Peter Parker n’est que très peu mentionnée et bien qu’on ne l’ait jamais vu à l’université, l’épisode 2 de la saison 1 Sub-Zero for Spidey nous fait savoir qu’il est encore inscrit puisqu’il rend parfois visite à ses professeurs.

En soi, les histoires de la saison 1 concernent uniquement les méchants « classiques » et ultras populaires du moment dans les pages de comics. Ainsi on retrouve les Sinister Six : Mysterio, Octopus, Kraven, le bouffon vert, Scorpion… Les épisodes sont colorés, beaux, marrants, très courts et se finissent toujours bien grâce à la « sympathique araignée du quartier ».

 

photo s1Shame on you, Spidey 

 

A contrario, les épisodes de la deuxième et de la troisième saison ont un ton nettement plus sombre, avec des décors de couleur plus terne, des images psychédéliques et de la musique atmosphérique. Bakshi explore la vie quotidienne moribonde et de Peter à commencer par son sublime épisode 1 qui retrace la morsure et la mort de l’Oncle Ben à travers des décors léchés pour son époque. 

Bakshi a fourni la première histoire d’origine pour Spider-Man présentée à la télévision, The Origin of Spider-Man, qui utilisait en fait des morceaux du dialogue de Stan Lee dans The Spectacular Spider-Man #1, en particulier In the Beginning, publié en juillet 1968, quelques mois avant la diffusion de cet épisode.

 

photo s1Kitsch mais cool 

Mais aussi lorsqu’il était étudiant à l’université, comme son échec à faire partie de l’équipe de football dans Criminels dans les nuages et à devenir un lanceur vedette pour l’équipe de baseball dans Diamond Dust.

Il sort avec une variété de femmes qui, soit cachaient des secrets dans Home, soit l’attendaient avec colère tandis que Spider-Man sauvait la ville de la destruction avec Swing City. L’amour le plus constant de Peter était Susan Shaw, qui est apparue pour la première fois dans Criminels dans les nuages et a continué à apparaître dans les épisodes de saison deux et trois, même si son apparence a changé d’épisode en épisode. 

 

photo s1L’homme-Caïman en français

 

UNE ARAIGNÉE FAUCHÉE, MAIS SYMPATHIQUE

Alors malgré le fait que la série soit culte, il y a bien quelque chose que vous vous dites. Pourquoi est-elle aussi laide ? Avec des design parfois pas très soignés, des animations réalisées de l’au-delà et qui défient toute gravité et tout sens logique ?

En raison du budget (très) limité de la série, le costume de Spider-Man n’a que des zones quadrillées sur la tête, les bras et le bas des jambes. Le reste est simplement un aplat de couleurs sur le haut de la poitrine et le dos. Les créateurs se paient même le luxe de glisser accidentellement une erreur dans le costume de Spider-Man puisque l’araignée sur son costume n’a que six pattes. Dès la saison deux nouveaux dessins du costume montrent une araignée à huit pattes, mais les images réutilisées de la saison une ont fait perduré la maladresse. Les débuts du running gag.

 

photo s3On partait même dans des trips sous ectasy

 

Côté scénario, Stan Lee était uniquement le consultant pour écrire les histoires lors de la première saison. Les deuxième et troisième saisons, produites par Ralph Bakshi (on vous le rappelle), ont presque entièrement éliminé les méchants de la bande dessinée en raison de la réduction des coûts budgétaires. En résultent des monstres plus génériques, à la peau verte et magique, ou pire. Elle a permis aussi la réutilisation des séquences d’archives de Rocket Robin Hood, une autre série animée produite par Bakshi. En animation, rien ne se perd et tout se réutilise !

La série s’appuie effectivement sur des animations réutilisées : Spider-Man se balançant dans le ciel de New York, grimpant aux murs ou encore Peter enlevant sa chemise blanche pour révéler son costume d’araignée. De même pour l’animation des méchants qui volent, courent, sautent, frappent. 

 

photo s2Par Odin, cette série est géniale

 

Au final, bien qu’elle soit la première, et de loin la plus « primitive » des séries sur Spider-Man, celle des années 1960 reste encore la plus aimée et appréciée dans le cœur des fans. Par mélancolie et nostalgie sans doute, mais surtout parce qu’encore aujourd’hui bon nombre d’œuvres sur Spider-Man lui rendent hommage.

Peut-être d’ailleurs, la série animée serait-elle tombée dans les oubliettes si elle n’avait pas eu son célèbre thème Jazzy Spider-Man qu’on retrouve en hommage dans Spider-Man 2 de Sam Raimi ou encore en version remixée dans le prochain Spider-Man : Far from Home.

 

 

Les multiples GIF et autres memes qui parcourent la toile sont pratiquement tous puisés de cette série. Et que dire des dernières références présentes dans le jeu vidéo Spider-Man où les deux Spidey se rencontrent ou encore dans le dernier et magistral film d’animation Spider-Man : New Generation qui compte clairement rendre hommage à la série dans sa suite.

En attendant de revenir prochainement sur la série des années 1990, rendez-vous au cinéma le 3 juillet pour la suite de Homecoming. Les premières critiques sont d’ailleurs d’ores et déjà tombées.

 

Affiche officielle

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Michel g94@gmail.Com

Bonjour a quand le coffret dvd en france .

mikegyver

« Riverdale sur Netflix »

riverdale c’est pas Netflix, mais CW, apres on est content d’apprendre que vous regardez sur netflix, mais ca passe, meme en France, sur d’autres chaines (et gratuites en plus).

Sinon je regardais a l’epoque la serie, j’etais né et collé devant ma tele, mais j’etais pas fan du tout, lié en grande partie au dessin. Dans le genre j’adorais le style graphique de Scoubidou, mais le style spiderman non (y’avais d’autres series dans le meme style, pareil ca me laissait sur le coté)

fuck

Cette série est nulle et le fait qu’elle date des 60’s n’est pas une excuse. Disney, Chuck Jones, Tex Avery, Richard Williams et tant d’autres à la même époque faisaient un travail remarquable

C.Ingalls

« L’Araignée, l’Araignée,
Est tombée dans la Purée »

Serpico

@MAJOR FATAL.
Nullité? Ça vous plaît de venir ici libérer votre bile nauséabonde sur sur quelques séries animées créées il y a près de 50 ans!?
Il faut se replacer dans le contexte, les moyens de l’époque et le public auquel elles étaient destinées.
Tout le monde s’accorde à dire que cette première série animée sur « Spidey » est devenue culte. Reste quelques grincheux comme vous qui n’ont rien compris pour venir pourrir les commentaires.
Votre avis on s’en cogne, vous n’aimez pas? Très bien, ne regardez pas! Et passez votre chemin…
Vos remarques, commentaires stériles, sans arguments, ça pollue! Et rien d’autre.
Allez vous soulager, dernière porte à droite.

Mon avis vaut le tien

« L’Araignée, l’Araignée
Il pénètre du singulier… »
Voilà ce que je chantais à tue-tête quand j’étais gamin, me demandantbien ce que ça voulaitbien dire… Ce n’est que des décennies plus tard que j’ai compris mon erreur… (« est un être bien singulier » au cas où vous vous poseriez la question ????)

major fatal

Franchement vous trouvez ça mieux les franchises actuelles? C’est la meme nullité avec de plus beaux habits!

سحهخيثق

سحهيثق

Number6

Ma série préférée reste celle de 94. A l’époque je crois où même X-men existait en animé. Les années 90 quand même pour les super-héros, c’était du luxe. Spidey, X-men, batman, superman, justice league. Spawn également. La classe. Maintenant c’est plus complexe. Je sauverais avengers, l’équipe de super héros. Et young justice.

Richter

Je me souviens de cette série, je l’aimais beaucoup lorsque j’étais môme, je ne ratais pas un épisode lorsqu’elle passait à la télé. Maintenant….