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Promare, Kill la Kill, Darling in the FranXX : retour sur le génial et déjanté Studio Trigger

Par Christophe Foltzer
2 août 2019
MAJ : 21 mai 2024
4 commentaires

A l’occasion de la sortie de Promare au cinéma, on a eu envie de s’intéresser à son créateur, le frappadingue Studio Trigger.

Affiche officielle

Le monde de l’animation, japonaise qui plus est, est un marché extrêmement concurrentiel. Pour survivre, rien de plus facile que de produire des adaptations à la chaine, de jeux vidéo, de light novels, de mangas. Mais, un peu en marge de cette norme, il existe un studio qui fait à peu près ce qu’il veut et le plus souvent n’importe quoi. Un studio qu’on mourait d’envie de vous présenter.

L’occasion était trop belle ! Déjà parce que la sortie de Promare dans nos salles le 31 juillet est un événement, tout autant qu’une grosse prise de risque. En effet, balancer un film aussi survolté que lui dans les salles obscures en pleines grandes vacances nécessite d’être bien équipé au niveau de l’entrejambe. On ne peut donc que remercier Eurozoom d’avoir eu le courage de le faire.

Ensuite, parce que Promare n’est que le dernier étage d’une fusée qui a décollé il y a 8 ans. Une fusée qui cherche à percer les étoiles et à montrer à tout le monde que l’on peut connaitre le succès tout en faisant ce que l’on veut, en dépit des modes et des contingences du réel. Une fusée qui a pour nom Studio Trigger.

 

photo Gurren LagannAvant toute chose, il y a eu Gurren Lagann

 

LES ORIGINES

Comme nous l’avions déjà dit dans notre dossier sur Little Witch Academia, le Studio Trigger est né d’une séparation. Celle d’Hiroyuki Imaishi et Masahiko Ohtsuka du studio qui leur a mis le pied à l’étrier, le mythique Studio Gainax. Géniteur d’oeuvres aussi mythiques que Nadia & le Secret de l’Eau Bleue et Neon Genesis Evangelion, Gainax leur a permis de partir avec un gigantesque coup d’éclat, le superbement barré Gurren Lagann, monument d’outrance et d’expérimentation qui aura pour bénéfice de ressusciter un studio alors en perte de vitesse.

Une oeuvre signée Imaishi et qui contient en elle tous les ingrédients qui feront la recette du Studio Trigger, plus tard.

 

photo EvangelionEvangelion, encore et toujours

 

En 2011, Imaishi et Ohtsuka claquent la porte de Gainax avec pour ambition de créer une petite structure indépendante qui permettrait à la fois de développer des projets originaux et de former une nouvelle génération d’animateurs. La réalité économique du milieu étant ce qu’elle est, il leur est impossible de commencer leur épopée en fanfare, et ils doivent avant tout se faire remarquer en dépit de leurs moyens très limités.

C’est pour cela qu’ils recrutent un autre vétéran de Gainax, Yoh Yoshinari, qui réalisera le court-métrage qui lancera définitivement la société : Little Witch Academia, présenté au concours Anime Mirai en 2013 et qui subjuguera la profession tout autant que le public, donnant lieu à une série télé en 2017, dont nous avons déjà largement parlé.

 

photo little witch academiaLittle Witch Academia

 

Ce premier coup d’éclat est vraiment celui qui met le pied à l’étrier au Studio Trigger. Bénéficiant de subventions officielles, la société se lance en parallèle dans la production de sa première série originale, Kill la Kill, avec toujours ce même leitmotiv : repousser les limites de l’animation tout en se faisant remarquer. Objectif accompli tant Kill la Kill reste encore aujourd’hui l’une des références en matière d’oeuvre pétée de la carafe.

Malheureusement, cette indépendance a un prix et, en dépit de son succès, le studio Trigger ne peut survivre tout seul. C’est pourquoi, dès sa création, la société rejoint une coentreprise holding, Ultra Super Pictures, regroupant deux autres sociétés (Ordet et Sangizen, spécialisées dans la 3D) pour devenir complètement autonome et se protéger en termes de droits et de licences.

 

photo little witch academiaGraine de succès

 

L’autre avantage de ce regroupement c’est qu’il permet de maitriser toute la chaine de production d’un anime, puisque les studios se complètent, chacun offrant aux autres ses atouts technologiques et son savoir-faire. Le dernier avantage, et ce n’est pas le moindre, est d’ordre financier puisque, en tant que holding, Ultra Super Pictures bénéficie de l’appui de différents investisseurs privés qui permet aux différents studios de produire leurs projets dans une certaine tranquillité d’esprit. Encore que, rien n’est moins sûr puisque le marché, fonctionnant de plus en plus à l’économie, a obligé le Studio Trigger à ouvrir un compte Patreon, en appelant ainsi aux fans, pour leurs productions à venir. Pas facile d’être hors cadre actuellement.

Si nous n’allons pas détailler toutes les productions du Studio Trigger, nous allons par contre nous intéresser à ses oeuvres les plus emblématiques. En revanche, nous ne reviendrons pas sur Little Witch Academia, un dossier lui ayant été consacré il y a quelque temps, nous vous invitons à aller le lire directement après cet article.

Le voyage au pays du Studio Trigger, l’endroit le plus dingue de la japanimation, c’est parti !

 

photo Kill la KillKill la Kill

 

KILL LA KILL

Début 2010, l’animation japonaise est en plein tournant, obligé à une certaine métamorphose si elle veut survivre. L’ouverture du pays via Internet place le Japon aux confluences de nombreuses cultures, de codes et d’envies, le marché international prend de plus en plus d’importance depuis que les mangas sont populaires aux États-Unis grâce, principalement à Naruto, et l’industrie elle-même est en pleine mutation grâce à l’arrivée de nouvelles technologies moins coûteuses et des possibilités transmédia d’une oeuvre.

L’effet pervers, c’est que cela conditionne la production à des choix économiques qui finiront par scléroser le pan grand public de l’industrie : saisons de 12 épisodes (et non plus 26), adaptations à tour de bras (pour appâter le public plutôt que de prendre un risque avec une marque originale) et homogénéisation du contenu et des différents projets. Aspect encore plus renforcé à partir de 2012 lorsque Sword Art Online arrive à la télévision avec le succès gigantesque que l’on connait, obligeant quasiment un projet sur trois à appartenir au genre « isekai » (les aventures dans un monde parallèle), tandis que le reste se partage entre « slices of life » et animés plus shonen.

 

photo Kill la KillRyuko et son sale caractère

 

Dans ce contexte, le bon sens aurait voulu que le Studio Trigger s’embarque sur un sentier connu qui lui permette de gagner facilement le coeur de son public. Pourtant, Imaishi et Ohtsuka vont faire tout l’inverse avec Kill la Kill puisqu’ils optent pour une série complètement déjantée, impressionnante en termes d’animation, épuisante en termes de rythme et qui fait office de véritable menu des festins du studio. Diffusée entre 2013 et 2014 au Japon, elle est réalisée par Imaishi lui-même et comporte 24 épisodes plus un épisode spécial.

Nous y découvrons Ryuko Matei, une adolescente de 17 ans qui intègre l’Académie Honnôji, sous le joug tyrannique de la présidente des élèves Satsuki Kiryûin. Enquêtant sur la mort de son père et possédant pour seule arme une moitié de ciseau géant, dont l’assassin détient l’autre partie, Ryuko défie Satsuki et son régime totalitaire.

Blessée et laissée pour morte, elle entre en contact avec un uniforme d’écolière vivant, Kamui Senketsu, qui lui offre de gros pouvoirs au détriment de sa timidité, l’habit ne couvrant pas vraiment son corps à la vue de tous. Mais, en face, les vêtements surpuissants sont aussi de mise et Ryuko devra vaincre ses adversaires et absorber leurs Banshi (le fil qui permet de créer les costumes) afin de gagner en puissance et de terminer sa quête.

 

photo Kill la KillDes scènes d’action complètement folles

 

Dès le résumé, Kill la Kill balance le modo du studio : ses productions seront originales, sexy, énervées et déjantées. Et ce premier gros essai remplit parfaitement son contrat. On y retrouve en effet toute la démesure et l’esprit sale gosse qui faisait de Gurren Lagann un monument de la japanimation. Kill la Kill se joue des codes du genre, les pervertissant tout en installant un fond thématique qui sera repris dans les autres productions du studio.

À l’instar de Trigger, qui se veut à part dans la production japonaise, Kill la Kill nous raconte la lutte contre la pensée unique, la tyrannie et le douloureux combat qu’instaure la vie dans les marges. En reprenant les thèmes connus du genre, mais en les retournant complètement, la série prend totalement de court son spectateur et l’oblige à remettre en question son attrait pour ce genre de productions.

 

photo Kill la KillMieux vaut ne pas trop la chercher

 

Faisant la part belle à la comédie absurde et à l’érotisme soft, tout comme au désir de violence, Kill la Kill utilise donc les pulsions de son public adolescent contre lui, comme pour lui dire de les dépasser et d’aller plus loin. Et, aller plus loin, la série sait le faire puisqu’elle est une merveille de démesure, d’outrance et de dynamisme.

La patte du studio Trigger devient reconnaissable entre mille : un design spécifique qui maltraite ses personnages en les déformant régulièrement, mis au service de scènes d’action totalement dingues enrichies de mouvements de caméra impossibles. Riche en baston, Kill la Kill en devient épuisant, mais positivement : on en ressort K.O., mais satisfait, comme si on venait d’effectuer un gros effort physique.

Disponible en intégralité sur Netflix, Kill la Kill est un petit bijou de l’animation contemporaine à ne rater sous aucun prétexte. À noter qu’un jeu vidéo, Kill la Kill : IF est disponible depuis le 26 juillet sur PS4 et Switch.

 

photo Kill la KillÀ découvrir de toute urgence

 

KIZNAIVER

Après ce coup d’éclat et deux autres séries sur lesquelles nous n’allons pas nous attarder (Ino-Battle wa nichijo-kei no naka de et Space Patrol Luluco), le studio Trigger revient en 2016 avec une série des plus énigmatiques : Kiznaiver.

Pour l’occasion, il collabore avec une artiste de premier ordre : Mari Okada. Scénariste déjà dotée d’un solide CV, elle est surtout l’auteure de l’extraordinaire Anohana (disponible sur Netflix) et vient d’effectuer ses premiers pas de réalisatrice avec son très bon Maquia : When the promised Flower blooms.

 

photo AnohanaAnohana, immense chef-d’oeuvre

 

Dans Kiznaiver, elle nous raconte l’histoire de Katsuhira Akata, un adolescent taciturne et effacé qui apprend qu’il vient d’être sélectionné pour le programme Kizuna avec d’autres adolescents. Connectés les uns aux autres par une étrange technologie, les voilà qui partagent leurs blessures et leurs souffrances. Alors qu’un mystère se fait jour concernant la ville entière, Akata doit surmonter ses traumatismes, apprendre à vivre avec les autres et retrouver ses sensations, lui qui ne ressent plus rien depuis fort longtemps.

En 12 épisodes, Kiznaiver parait moins fou de prime abord que les autres productions du Studio Trigger. Pas de combats épiques ici, ni de robots géants, mais avant tout une étude de personnages, disséqués avec soin. Pourtant, dans ce qu’elle nous raconte, la série est du pur Trigger puisqu’elle s’intéresse encore une fois aux marges, aux laissés pour compte de la société et à la place de l’humain au sein d’une structure tentaculaire et organique.

 

photo KiznaiverKiznaiver

 

Le gros point fort de la série, outre son design très abouti et efficace, c’est qu’elle n’est en fait qu’une métaphore de notre rapport à l’autre et tire une sonnette d’alarme assez dramatique : les technologies séparent de plus en plus les individus, les rendant insensibles à l’autre, que l’on ne considère plus que comme des reflets désincarnés de soi. Une critique du narcissisme latent de nos sociétés actuelles qui passe par la douleur pour arriver à retrouver son coeur.

En effet, en souffrant avec les autres de blessures qui ne nous sont pas infligées directement, les personnages de Kiznaiver, et avec eux le public, redécouvrent la notion d’empathie et ce qui lie les humains entre eux.

 

photo KiznaiverUnis pour le meilleur, mais surtout pour le pire

 

Pourtant, malgré l’évidence et l’importance de son propos, la série ne convainc pas totalement. En effet, handicapé par son format de 12 épisodes, Kiznaiver se voit dans l’obligation de précipiter son scénario et de délaisser ce qui en faisait l’intérêt au profit de la résolution de la grande énigme de l’histoire.

En résulte un final quelque peu déceptif en regard de ce qui a précédé. Mais, qu’on ne s’y trompe pas, Kiznaiver reste une série à découvrir sans tarder (diffusée sur Crunchyroll) et qui combine bien la mélancolie propre à Mari Okada et les aspirations marginales du studio.

 

photo KiznaiverRetrouver son coeur

 

DARLING IN THE FRANXX

Annoncé en grande pompe et coproduit avec le jeune studio CloverWorks (Fairy Tail, Persona 5 : The Animation, Fate/Grand Order), Darling In The FranXX est peut-être le premier faux pas du studio Trigger dans son ascension vers la notoriété. Pourtant, sur le papier, la série contient tous les ingrédients de leurs précédentes productions : de l’érotisme soft, de l’humour débile, de l’action débridée et impressionnante, des combats de robots géants.

 

photo Darling in the FranxxDarling in the FranXX

 

Dans une Terre aride et dystopique, les humains vivent sous des dômes ultra-sécurisés et mobiles, utilisant des robots géants, les FranXX, pour se défendre contre de terribles créatures appelées Hurleurs. Pour cela, des adolescents pilotent des FranXX en couple, avec un garçon et une fille à chaque fois, totalement dévoués à leur mission. Mais lorsque les hormones et la quête d’identité se réveillent chez les uns et les autres, la situation se complique.

Notamment pour Hiro, le héros de l’animé, depuis sa rencontre avec la troublante Zero-Two.

 

photo Darling in the FranXXDes robots un peu chelous

 

Là où pêche Darling In The FranXX, c’est clairement dans la gestion de sa trop grande ambition. En effet, la série parle de thèmes encore une fois actuels et importants, mais décide d’opérer sur tous les tableaux. Récit profondément écologique, philosophique et humain, il s’intéresse également à la transhumance, au concept de l’amour salvateur tout en voulant être en même temps une grosse série de baston de robots géants.

Si, encore une fois, les personnages sont attachants et cassent progressivement leurs stéréotypes, Darling In The FranXX semble pris en étau entre sa volonté humaniste, progressiste, et son ambition de se réapproprier pas mal d’éléments de son passé glorieux pré-Trigger. Ainsi les Hurleurs rappellent les bêtes de Gurren Lagann quand l’histoire, elle, part franchement sur le terrain de Neon Genesis Evangelion, sans pour autant adopter la même radicalité schizophrène.

 

photo Darling in the FranXXUne première rencontre très « Studio Trigger »

 

On y retrouve de ce fait cette même volonté mystique et transcendantale tout au long des 24 épisodes diffusés en 2018 (et disponibles sur Crunchyroll), mais le déroulé scénaristique s’avère quelque peu poussif et aura suscité une vive réaction chez les fans de la première heure (notamment avec l’inclusion tardive des VIRM).

Cela dit, on peut rapprocher ce rejet à celui, en son temps, d’Evangelion, ce qui, paradoxalement, nous fait considérer que l’animé a donc atteint son objectif. Un animé pétri de bonnes intentions, qui se joue encore des codes du genre avec malice (voire à ce titre le design osé des FranXX et la manière dont ils sont pilotés), mais un résultat qui laisse un peu sur sa faim et qui tendrait à montrer les limites du studio.

 

photo Darling in the FranxxUne manière inédite de piloter un mécha

 

PROMARE

Si nous n’allons pas revenir en détail sur ce que nous pensons de Promare puisque nous en avons fait la critique, ce long-métrage fait figure de pierre angulaire du studio Trigger. En huit ans d’existence, l’équipe a bouleversé l’industrie à sa petite échelle, amenant avec elle un dynamisme et une générosité que l’on pensait perdus. Un grain de folie aussi qui la condamne à évoluer dans un équilibre fragile.

Avec Promare, on a l’impression que Trigger est en train de tourner une page de son histoire, de compiler tous ses tropes et ses influences dans un gros bet off de deux heures éreintant et passionnant avant de passer à autre chose.

 

photo PromarePromare

 

Ainsi, on ne peut faire l’impasse sur son héros, Galo, réplique à peine masquée de Kamina dans Gurren Lagann, que ce soit dans son design exagéré ou dans son caractère de crétin idéaliste. Dans le même ordre d’idée, la réalisation du film compile tout le savoir-faire du studio en matière d’animation sous amphétamines. Cela fait en effet bien longtemps que nous n’avions plus vu de scènes d’action aussi folles et décomplexées que celles de Promare.

Dans sa thématique également, le film reprend bon nombre de figures connues des productions antérieures. Ode à la marginalité, critique de la dictature bienpensante et de l’ivresse du pouvoir, Promare pousse le bouchon encore un peu plus loin en sacrifiant une partie de son scénario au profit de son action signifiante.

 

photo PromareUn héros qui en rappelle beaucoup un autre

 

En résulte un film en équilibre précaire, tout comme le studio, défoulant et passionnant, qui fait abonder les ruptures de ton de Kill la Kill tout comme les déformations physiques de ses personnages dans l’action et la prédominance du motif de la croix (véritable obsession de Trigger, récupérée dans Neon Genesis Evangelion).

Si Promare risque d’en laisser pas mal sur le carreau, il est un spectacle rare et jouissif à découvrir absolument en salles tout autant qu’un gigantesque point d’interrogation pour le Studio Trigger. À l’heure où ses dirigeants ont annoncé de nouveaux projets, il semble évident qu’après ce film, ils vont devoir changer leur formule sous peine de définitivement se répéter. On parie qu’ils vont y arriver ?

 

photo PromareCette grosse classe

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Le fan

Aller vous continuez darling in the franxx ?
Voir une seson 2 avec 002 et Hiro
S’il vous plaît
Cordialement

Chevalier Shakka

Je vais encore pinailler, mais je pense qu’il manque quelques œuvres clefs du studio et d’Imaishi pour que ce soit complet. Mais il est possible que l’auteur du dossier ait préféré se focaliser sur les œuvres disponibles légalement chez nous. Ce que je peux parfaitement comprendre.

Après c’est aussi possible que j’en ai un peu marre de voir Gurren Lagann comme porte-drapeau du boulot d’Imaishi chez Gainax. Non pas que je ne comprenne pas ce choix hein ! Mais la série souffre quand même d’un sacré souci de rythme dans sa seconde moitié et prouve – à mon sens – à quel point le bonhomme devait se sentir à l’étroit là-bas (studio qui n’est désormais plus que l’ombre de jadis),
Or on oublie un peu rapidement la dernière série du réal’ chez eux qui était « Panty & Stocking with Gaterbelt ». Alors certes, c’est beaucoup moins accessible et bien moins « epicness over the top » que Gurren Lagann. Mais en terme d’absurdité et d’expérimentation visuelle, je trouve qu’on la délaisse un peu trop souvent, alors que c’est pourtant beaucoup plus représentatif du style du Monsieur… mais c’est officiellement inédit chez nous.

Pareil pour Space patrol Luluco -qui est disponible sur Crunchyroll par contre – qui transpirait déjà tout ce que dit Christophe Foltzer à propos de Promare : une sorte de baroud d’honneur d’Imaishi, brassant ses thèmes de prédilection et son style explosif : des épisodes courts totalement sous acide.
Pour ma part, la série m’avait foutu un gros coup de cafard tant j’avais la sensation que le réal’ était au bout du bout et semblait faire ses adieux à un pan de sa carrière (l’héroïne traversant toutes les séries faite par Trigger).

Mais surtout il manque la dernière série en date du studio : SSSS Gridman.
Pareil ! c’est inédit chez nous, mais tandis que DarLifra se plantait dans les grandes largeurs, Gridman du haut de ses dix petits épisodes offrait un spectacle visuellement inspiré et avec une intelligence d’écriture quasi-inespérée.
Trigger signait alors le retour à des prémices narratifs plus simples mais beaucoup plus prompt à laisser la graine de la folie propre au studio de germer. Peut-être pas un chef d’oeuvre, mais une vraie bouffée d’air frais pour Trigger qui semblait asphyxié dans des projets trop ambitieux et premier degré.

Parce-qu’à mon sens – et comme le souligne en filigrane plutôt bien ce dossier – le problème de Trigger c’est que sorti d’Imaishi et Yoshinari… ça manque cruellement de vision dans le studio.
Kiznaiver était boursouflé de prétention et d’ambitions. Ce qui n’est pas un mal en soi mais le résultat était quand même gentiment indigeste.
Quant à DarliFra, l’incompétence d’écriture atteignait quand même des sommets dans ses derniers épisodes, avec un final vilainement pompé sur Gunbuster.

En fait, j’ai comme l’impression que le studio court après son « Evangelion » : une oeuvre originale qui marquera son époque. Sauf qu’à mon sens ils l’ont déjà accompli et ce dès le début ! C’est « Kill la Kill ».
Pourtant le studio s’entête avec des projets ultra premier degré pour à chaque fois se prendre les pieds dans le tapis. Alors qu’il ne brille jamais autant que lorsqu’il fait des séries de prime-abord légère (Little Witch Academia par exemple) mais au fond bourré de créativité.

C’est dommage, mais ça fait qu’en moyenne, une série sur deux est ratée. Ce qui ne rassure pas quant à la pérennité des futurs projets. Surtout que Promare semble avoir fait un score assez tiède sur l’Archipel. Je ne sais pas trop si ils sont rentrés dans leurs frais.

Bref ! Je vais arrêter de parler tout seul.
Ce dossier était quand même très intéressant et fait un bon tour d’horizon de l’anomalie qu’est Trigger dans le paysage. On verra bien si le nouveau projet annoncé (« Brand New Animal ») saura renouveler leur formule. Mais comme conclue ce dossier, j’ai envie d’y croire aussi.

Ah et pour Kill la Kill c’est effectivement de plus en plus compliqué en France. S’abonner à Wakanim ne permet pas de voir la série en streaming, on est obligé d’acheter les épisodes.

Tim Lepus

Merci pour cet article passionnant, il m’a mis une bassine d’eau à la bouche. Promare ne passe pas du tout par chez moi. Genre : dans aucune salle du département… En attendant, je me penche sur les séries de ce studio. 🙂

Lurgal

Juste au cas où, ça fait un bail que Kill La Kill ne fait plus partie du catalogue de Netflix… En ce moment, il est uniquement disponibles sur Wakanim. (Du moins en France et en restant dans la légalité…)