Il y a quelque temps naissait une boîte de production appelée BobbyProd connue pour la série Les Kassos diffusée sur YouTube. Mais depuis, la petite soeur Bobbypills a pris le relais pour créer des contenus spécialement pour adultes, dont Peepoodo & The Super Fuck Friends, sur feu la plateforme Blackpills. Retour sur leurs créations complètement déjantées et politiquement incorrectes.
BobbyProd, créé par David Alric, était (à l’époque) une société de production de dessin animé tournée jeunesse. Eh oui ! Un des projets de cette société était Blurp, un dessin animé pour enfant imaginé par David Alric et pour lequel Alexis Beaumont commençait à travailler sur le pilote. Mais vu qu’ils ne trouvaient pas de distributeurs, David a alors décidé de transformer la série en dessin animé pour adultes. Il fait donc appel aux géniaux Balak et El Diablo, connu pour Les Lascars, pour transformer l’essai. Après quelques mois de galère, Les Kassos naissaient.
LES KASSOS : L’INNOCENCE DE NOS PERSOS DE JEUNESSE DÉZINGUÉE
Le principe des Kassos est simple : défoncer nos personnages de jeunesse. En les mettant dans la vraie vie et au contact d’une assistante sociale qui est un peu notre oeil sur leur existence complètement foutraque, ces héros mal dans leur peau deviennent un peu les dindons d’une farce ridicule.
Ainsi les Schtroumpfs deviennent les Proumfs, des sortes de hippies qui ne veulent plus être dans leur « secte », Candy devient Sandy, une nymphomane, Le Lapin du Métro est un masochiste… Bref, toutes nos figures « héroïques » en prennent pour leurs grades.
Cette série créée par David Alric, réalisée par Alexis Beaumont ne fonctionnera qu’après la diffusion de la première saison sur Canal Factory (sur le web). Produite avec les moyens du bord, elle a vraiment un succès lorsque deux épisodes de la seconde saison feront le buzz : Le Lapin du Métro et les Teleboubizes, mettant en scène dans le premier notre cher Lapin du Métro qui aime coincer les parties de son corps en prenant un malin plaisir et dans l’autre les Télétubbies en pleine crise de démence post-fumette.
Au niveau de la réalisation, on est dans la simplicité même, un fond unique (le bureau de l’assistante sociale, doublée par Medi Sadoun, qu’on a pu voir dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?) et des personnages loufoques et fantasques défilant devant nos yeux avec leur turpitude et leur problème. Et c’est avec un plaisir un peu sale qu’on adore voir ces personnages se montrer devant nous.
D’ailleurs à l’écriture des premiers épisodes, les auteurs Balak, El Diablo, David et Alexis se réunissaient juste entre eux, buvaient des coups et sortaient leurs meilleures vannes. Ainsi naissait un épisode de Les Kassos, en tout cas si l’on en croit les dires de Balak dans plusieurs interviews.
Après trois années d’absence, plus d’un millier d’abonnés sur YouTube et des vidéos qui trônent à 15 millions de vues, une saison 4 va voir le jour en 2020. Toujours réalisée par Alexis Beaumont avec le même pool de scénariste qu’il y avait sur la saison 3.
Mais BobbyProd ce n’est pas que Les Kassos, c’est aussi une tête de cul.
MONSIEUR FLAP : LA TÊTE DE CUL TOUCHANTE
Cette série créée par Nicolas Athané et Brice Chevillard est diffusée sur la méconnue plateforme francetv/slash. Elle raconte toute simplement l’histoire d’une tête de cul tombant amoureuse de la coiffeuse d’en face.
Une histoire toute simple, mais terriblement bien écrite. On s’engouffre dans les méandres des sentiments amoureux portés par ce jeune homme mal dans sa peau. Aidé par le loufoque sans-abri, on suit Philippe (ou Pfff – vu que c’est un trou du cul qui parle) voulant à tout prix séduire la belle Anaïs. Le héros, d’une candeur et d’une gentillesse extrême, ne fait pas attention à tous les racontars et ne jure que par une seule chose : être heureux.
C’est aussi un pamphlet contre la discrimination et le regard des autres. Ce n’est pas parce qu’on est une tête de cul laide qu’on n’a pas moins besoin d’exprimer ses émotions et d’aller de l’avant. À travers les 11 épisodes de la saison 1, on suit la progression amoureuse de ce jeune homme au coeur tendre à qui il arrive pas mal de merdouilles. Quand on dit que le chemin vers l’amour long et douloureux…
Monsieur Flap est produit grâce au concours de France Télévision et a bénéficié dès la première saison de la plateforme de diffusion web de France Télé. La première saison a eu un tel succès critique et d’estime qu’elle fut renouvelée pour une saison 2, actuellement en cours de diffusion sur France.tv/slash
Et cette saison est encore plus fantasque que la première, dans sa quête du bonheur, notre héros va se retrouver dans des situations improbables où sa capacité à communiquer lui vaut tous les quiproquos du monde. Cette série est assez incroyable au niveau de l’animation, car elle est vraiment fluide et efficace. Et les dialogues sont ciselés pour être le plus concis possible et coller au format court. Bref, on rigole, on sursaute, on s’émeut pour le petit Monsieur Flap. Une saison 3 sera diffusée toujours sur la même plateforme très bientôt !
Avec Les Kassos et Monsieur Flap, BobbyProd est à fond ! Et ce n’est pas fini, car la petite soeur Bobbypills cache bien son jeu avec ses productions encore plus détonantes.
Monsieur Flap, l’oeil de la mignonnitude
PEEPOODO & THE SUPER FUCK FRIENDS : LA VÉRITÉ SORT TOUJOURS DE LA BOUCHE DES…
La plateforme Blackpills avait approché BobbyProd pour produire et créer des contenus pour adulties (adultes/teenage) très spécifiques également pour du format court et regardable sur smartphone. C’était la ligne éditoriale de BlackPills. Ce à quoi ce sont attelés les créateurs de Bobbyprod, qui créent avec BlackPills : BobbyPills. Une société de production de dessin animé pour adulte spécifique à cette plateforme numérique.
Le premier projet qui sort dans les petits écrans est : Peepoodo & The Super Fuck Friends !
Par son dessin rond, charmant et mignon se cache un vrai dessin animé pour adulte parlant clairement de… cul. On ne va pas tourner autour du pot pendant longtemps. C’est un peu le dessin animé éducatif pour adultes, on y reprend tous les codes : le petit héros qui regarde la caméra, qui explique au public les expériences faites par ses amis… Et dès le premier épisode, on est dans le bain. On parle d’insémination rectale pour titiller la prostate et tout ça avec une musique douce et guillerette accompagnée d’un ton enfantin.
Les petites fesses toutes mignonnes
Peepoodo & The Super Fuck Friends a été un carton dès le premier épisode délirant, avec la voix de Brigitte Lecordier dans le rôle principal. Les personnages évoluent à chaque épisode et l’aspect pédagogique fait place à des histoires de cul bien sales, toujours abordées avec le plus grand sourire et avec une légèreté déconcertante.
Cette série écrite et créée par Balak avec la complicité au scénario de Brice Chevillard et Nicolas Athané, a essayé d’être visible sur YouTube et s’est fait striker en moins d’un mois pour : « contenu inapproprié ».
Lorsque la plateforme Blackpills a cessé d’exister, Bobbypills a créé un site Internet dédié à la série et concentre sur son site pas moins de 7 millions de vues ! Un beau record pour cette série qui n’aurait jamais pu avoir de visibilité après la mort de la plateforme.
D’ailleurs, un crowdfunding est prévu pour créer la saison 2 de cette série. Les fans complètement gagas des aventures de Peepoodoo pourront donner sans compter pour aider Bobbypills à créer une suite encore plus barrée que la première.
Et il n’y avait pas que Peepoodo & The Super Fuck Friends sur feu Blackpills. Il y avait aussi une histoire d’insecte bien vénère.
Ce dessin animé pas du tout pour les enfants
VERMIN : LE ZOOTOPIE EN PLUS SALE
Vermin de son ancien nom de projet : Chmite est le deuxième projet délivré par BobbyPills pour la plateforme BlackPills. Il raconte l’histoire de Mantos, la mante religieuse, sans père, qui décide de partir de sa cambrousse natale suivre les pas de son paternel qui était flic dans la grande ville. Il fait la connaissance de Gomez policière, une mouche alcoolique, grossière et très incompétente. Tous les deux font équipe pour arrêter les méchants. Mantos va très vite comprendre que la ville, c’est vraiment la jungle.
Créée par Alexis Beaumont, Hafid F. Benamar et Balak, réalisée par Alexis Beaumont et au scénario un pool d’auteurs, la série est bien moins nerveuse que les autres productions. A contrario de Peepoodo & The Super Fuck Friends où on est sur du gag à la seconde et des images très hypnotiques parfois, ici on a le temps de poser les décors et les personnages.
La première rencontre entre Gomez et Mantos
Mantos, la mante religieuse est plus que touchante, c’est le regard naïf sur une ville en pleine débauche. Il contraste bien avec la mouche complètement désabusée, Gomez, qui ne voit qu’en Mantos, un élément perturbateur à sa vie et qui lui fera vivre un enfer sur terre.
Les dessins sont plus abrupts, comme les dialogues qui ne sont que des punchs. Mais tout en gardant le temps de faire défiler le décor ou d’avoir des plans de silence tout en le pétant dès que c’est possible. Vu qu’on est sur du temps court, il faut mettre le plus d’éléments possible dans l’histoire et dans les péripéties. Et encore une fois ici, les auteurs se laissent le temps de poser tranquillement les choses pour nous entrainer dans leur folie créative.
Cette série est vraiment faite pour être addict, car les épisodes se dévorent et s’enchainent très vite. On est vraiment sur une sérialisation où les aspects des personnages et de la ville, dans laquelle ils évoluent, surprennent d’épisode en épisode.
Vermin compte une saison de 10 épisodes qui a été diffusée sur Blackpills, puis Netflix, et une saison 2 et 3 est en cours de développement. Contrairement à Peepoodo & The Super Fuck Friends, qui ne peut être diffusée « normalement » vu son contenu très axé sexe, Vermin est plus soft (si on ne regarde pas trop le détail des architectures), moins énervé.
Après le sexe pour enfant/adulte et des insectes policiers pas très débrouillards, une autre des productions abouties et bien vénère de BobbyPills n’a pas pu voir le jour du tout sur la plateforme BlackPills.
Notre critique de cette superbe Vermin, sur Netflix, c’est par ici.
CRISIS JUNG : L’ANIMÉ VÉNÈRE QUI TABASSE SEC
C’est un des derniers projets qui aurait dû sortir sur la plateforme avant qu’elle ne ferme définitivement ses portes. Crisis Jung est créée par Baptiste Gaubert et Jérémie Périn (Lastman dont on parlait ici), écrite par les deux même accompagnés par Jérémie Hoarau et Laurent Sarfati, et réalisée par Baptiste et Jérémie… Hoarau (il y avait une feinte).
La série raconte l’histoire de Jung un héros au coeur (littéralement) brisé poursuivant sa quête : réunifier Maria, son amour perdu, décapitée par Petit Jésus. Tout ça dans un monde ravagé par la violence, pas de la petite violence, de la grosse grosse violence bien sale.
Cette série est un peu à l’image de ce que peut créer Jérémie Périn, de la baston sous une quête d’identité et d’émotion. Dans la série, tout est exacerbé, autant dans les déchainements de violence que dans la quête de spiritualité et de rédemption.
Jung dans sa crise de violence chronique
Dans le traitement et dans la forme, Crisis Jung avance d’un pas effréné. La série compte 10 épisodes de 7 minutes et tabasse à tout va, aussi bien dans les oreilles avec sa musique techno aux rythmes brutaux que dans les dialogues courts et tout aussi brutaux, que dans les actions, très brutales.
Oui, la série est brutale dans tous les sens du terme. Elle a ses « accès de douceur » qui sont très vite cassés par les élans de « crises de violence » et ça nous en met plein la vue. Le découpage et l’animation sont en parfaite harmonie avec le propos. Les halos de lumières, les traits de vitesse, la rotation de la caméra… tout est fait pour que chaque plan fasse mouche dans la gueule du spectateur – et aussi des méchants. On est constamment sollicité, car on est happé par tout ce déchainement de violence et aussi, car on se rend compte de la force très vivace des sentiments du héros qui progressent malgré tout.
Les références aux animes de baston comme Hokuto no Ken, sont nombreuses et on prend un malin plaisir à essayer de tous les déceler.
Là encore, c’est Netflix qui a diffusé la série, et c’était un pur plaisir régressif.
Jung et ses amis en guerre contre Petit Jésus
Maintenant, Blackpills n’est que producteur et plus distributeur de contenu, car comme vous l’avez compris, la plateforme a arrêté de diffuser ses contenus.
Bobbypills continue de produire des animés et essaye de vendre ses séries (comme Vermin ou Crisis Jung à Netflix), et trouve des alternatives à la diffusion comme pour Peepoodo & The Super Fuck Friends. C’est toujours dans un équilibre précaire que d’autres séries sont en cours de production comme Princess Apocalypse, créée par Balak avec une histoire sympathique :
« Ana est une conductrice de VTC de l’espace. Entre deux courses, cette alien désabusée arrondit ses fins de mois en livrant des colis douteux pour une start-up du Mal. Un soir, alors qu’elle conduit une cyber-popstar à son concert, Ana transfère accidentellement l’esprit d’un tyran galactique dans le corps de la chanteuse… Entre sauver sa peau et sauver l’univers, Ana va redécouvrir un sentiment qu’elle pensait à jamais perdu : l’Amour… »
Est-ce que cela sortira ? Seul l’avenir nous le dira, mais on aimerait bien.
Bonjour à l’équipe et Bonne année !
Je me demandais si vous pouviez faire en sorte que techniquement l’on puisse garder dans notre compte certains article comme en favoris par exemple que l’on souhaiterais se mettre de coté pour lire ou partager, cela serait bien pratique plutôt que les rechercher?
Je suis abonné mais pas forcement que pour les abonnés sinon, voilà une fonctionnalité qui manque cruellement je trouve.
Aloha !
@Phil06
Hello,
On réédite depuis plusieurs mois nos anciens dossiers abonnés, pour leur donner une seconde vie, et permettre à tout le monde de les lire. Normal donc que régulièrement, des sujets « froids » ressortent pour le simple plaisir de parler d’autre chose que l’actu. Ce qu’on fait chaque semaine 🙂
@okay
Je crois que l’article date de 2019.
Par contre, je ne comprend pas ce choix de réediter de vieux articles, hormis pour une critique de film qui, avec le temps, peut evoluer.
Mais je vous kiff quand meme @Ecranlarge
(Là c’est mieux)
@Okay
Il y a eu un souci technique qui a empêché d’afficher les modifications et mises à jour sur Netflix, mais depuis c’est réglé !
Euh… Vermin et Crisis Jung sont distribués par Netflix… Et c’est génial ! Vite les nouvelles saisons!
Et le crowdfunding est complété pour la saison 2 de Peepoodo il me semble.
Peepodoo : le dessin animé qui a pu me faire pleuré de rire et limite faire dans ma culotte