Les deux premiers épisodes des Anneaux de Pouvoir, la série Amazon adaptée du Seigneur des Anneaux sont enfin là. Que valent-ils ?
Le guide pour s’y retrouver dans Les Anneaux de Pouvoir.
Une oeuvre adorée qui dormait dans l’ombre depuis des années. Un réveil déclenché par un énorme studio et son flot d’argent infini. Plus de 400 millions de dollars dépensés pour Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, désormais la série la plus chère de tous les temps. Autant dire que l’attente était monstrueuse pour l’adaptation de l’univers du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien par Amazon… mais moins monstrueuse que les craintes.
C’est désormais l’épreuve du feu pour J.D. Payne et Patrick McKay : les deux premiers épisodes réalisés par Juan Antonio Bayona sont enfin là. On les a vus (cette nuit, parce qu’on ne nous a pas invités à la projection et on ne nous a pas envoyé les screeners…). Et on les a aimés.
GLAMDRING-DRING
C’est un sentiment paradoxal qui s’empare de nous à la découverte des deux premiers épisodes de cette saison 1, puisque la joie de découvrir que cette adaptation est indéniablement réussie (pour le moment) se mêle à la crainte de devoir dans le futur d’autant plus affronter les haters de tout poil. Deux messages donc avant de plonger. Premièrement, si vous avez décidé de détester en avance à cause des choix d’adaptations d’Amazon, il est fort possible que vous passiez à côté d’un certain bonheur. On vous encourage vivement à prendre cette nouvelle proposition pour ce qu’elle est et à troquer le fétichisme du passé pour un peu de bonne foi. Deuxièmement, oubliez la promo bulldozer.
Car Les Anneaux de Pouvoir n’a rien du rouleau compresseur pop à la Grimes entendu dans la dernière affreuse réclame en ligne. Elle n’essaie pas non plus de vous vendre des KitKat grâce à des acteurs aux sourires KissCool. Et, surtout, elle ne saurait être réduite aux atroces bandes-annonces qu’Amazon nous a servies ces derniers temps, parfait exemple par a+b que la promo trop intense d’une oeuvre peut produire une lassitude contre-productive.
Mais si Les Anneaux de Pouvoir n’a rien de tout cela, qu’a-t-elle donc ? Des qualités, beaucoup de qualité. Des défauts aussi, mais, pour le moment, peu de défauts.
Faut vraiment faire un effort pour oublier ces images promo nulles
On repère le principal d’entre eux dès la première minute du premier épisode, qui s’ouvre probablement sur la pire scène des deux épisodes disponibles pour le moment, à savoir, un prélude au sein même du prologue, une courte séquence dans l’enfance de Galadriel. Amazon y enchaîne plusieurs faux pas, entre caractérisation inégale de Galadriel et imagerie vaseuse. C’est qu’il s’agit de faire comprendre en deux minutes que le spectateur n’est pas devant Game of Thrones et de réduire un univers extrêmement vaste en peu de mots. Et si Star Wars nous a appris quelque chose, c’est qu’il ne faut jamais confier cette tâche à un enfant acteur qui joue à peine mieux que Stéphane Bern.
Les Anneaux de Pouvoir peine encore à trouver le point d’équilibre idéal dans la réduction de l’univers de Tolkien : pas trop pour que cela reste riche, mais suffisamment pour que tout le monde s’y retrouve, et cela rend ces deux épisodes quelque peu prisonniers d’une nécessité : faire de l’exposition un peu tout le temps. C’est à peine si la phase de présentation est terminée et si l’incident déclencheur arrive au bout de deux épisodes. En mêlant son exposition à de nombreuses péripéties pour contourner l’écueil classique du tunnel explicatif, Amazon fait un choix certes intelligent, mais qui met le rythme de sa série entre deux chaises, bizarrement trop lent et trop rapide à la fois – plutôt trop rapide tout de même.
Mais rassurez-vous, Morfydd Clark assure à fond
Cela a toutefois un mérite : on ne s’ennuie jamais. Car il se passe toujours quelque chose, il y a toujours une péripétie en cours, bien sûr. Mais au-delà de cette logique d’action hollywoodienno-classique appliquée avec savoir-faire, se trouve quelque chose de plus précieux : il y a également toujours quelque chose à découvrir. Un paysage, un visage, une créature, un artefact, une lumière, peu importe : Les Anneaux de Pouvoir se donne la peine d’être une série qui ne doit pas seulement être vue, mais surtout regardée (et entendue bon sang, la bande-originale fait partie des toutes meilleures de 2022).
On entend encore les notes de cette scène
VALINOR, J’ADORE
C’est le plus indéniable des mérites de cette adaptation : en ciblant l’émerveillement et le grandiose comme sentiments moteurs principaux de son histoire, elle s’avère être fidèle à la fois à l’esprit de Tolkien et aux fondations posées par Peter Jackson, tente de renouer avec leur lyrisme. On y retrouve même la petite touche de mélancolie indispensable pour ne pas sombrer dans le mielleux infantile et la high fantasy pouet pouet comme La Roue du Temps s’y est vautrée. C’était l’élément le plus vulnérable aux destructions du licensing à tout va, et il semblerait qu’il ait été préservé. Reste à savoir si cette belle déclaration d’intention s’accomplit concrètement. Pour nous (ou en tout cas, l’auteur de ces lignes), c’est sans aucun doute oui… mais prudence.
Il faut en effet vraiment faire le difficile pour ne pas être emballé par l’exécution formelle de ces deux premiers épisodes, tant dans la réalisation que dans l’écriture. Le travail photographique est émouvant, et la réalisation extrêmement soignée. Les Anneaux de Pouvoir sort de la grammaire téloche facile et du règne du plan moyen fade plus régulièrement qu’exceptionnellement. La série s’emploie à exploiter une grammaire toute cinématographique, joue des cadres et des valeurs de plans pour faire parler les images, et leur faire parler la langue du coeur plutôt que celle du cerveau. La facture technique est de haute volée, et les CGI craignos des bandes-annonces s’avèrent de bonne facture une fois le travail fini.
L’écriture, bien qu’un peu directe, jouit également d’une certaine élégance. Les dialogues notamment, nécessairement inventés, font un excellent pastiche de Tolkien, de la langue soutenue poétique des Elfes à la bonhommie champêtre des Hobbits. Bien sûr, il y a quelques ratés et quelques répliques qui tombent à plat, mais cette difficile reproduction est réussie dans les grandes largeurs, et l’esprit voyage autant dans les images photographiques que dans les images littéraires. Malgré un traitement judicieux, quelques thématiques sont cependant intégrées avec un certain manque de discrétion – ce qui ne manquera pas de réactiver les crocodiles pleureurs et de faire à nouveau hurler au gauchismo-wokisme.
Un personnage noir de peau qui porte la thématique du racisme anti-Elfe, bonjour les paniques morales
Mais là où les craintes montent un peu, c’est sur la structure narrative. En effet, il y a déjà quatre arcs narratifs en place avec Galadriel, Elrond, Arondir et Elanor, et bien qu’ils soient tous également réussis et prenants (ce qui est déjà en soi un mérite immense), on a suffisamment potassé Stranger Things pour craindre une certaine dilution de l’intrigue avec autant de sous-intrigues. Comme dit l’adage, jusqu’ici tout va bien, mais le plus difficile, c’est toujours l’atterrissage. On en revient au rythme de la série, mais en l’état, il reste difficile de savoir quel sera le point de chute de cette saison 1, et une certaine précipitation de l’intrigue globale est à craindre.
Des Hobbits préhistoriques très réussis… mais une pertinence narrative encore à prouver
LE SEIGNEUR DES PLUS BEAUX
Fort heureusement, nous sommes les passagers de stewards qui ont l’air de savoir ce qu’ils font. Les pilotes J.D. Payne et Patrick McKay ne se sont en effet pas trompés dans leurs recrutements : tous les personnages, peu ou prou, convainquent. Même ceux qui ont été inventés pour l’occasion. Que l’on grimpe un glacier avec la fière Galadriel, que l’on parcourt les méandres souterrains (physiques comme diplomatique) des Nains en compagnie du noble Elrond, que l’on gambade dans les champs à la recherche d’un météore avec l’aventureuse Elanor ou que l’on traque de l’Orque velu avec le ténébreux Arondir, chaque compagnon de route est un enchantement et un voyage en lui et en elle-même.
Chacun est d’ailleurs incarné avec talent par son interprète jusqu’aux personnages secondaires, bien que certains réflexes de jeu et de caractérisation clichés demeurent (les Elfes ont un air suffisant, les Nains ont des manières de bourrins bourrus…). Comme on l’avait noté dans notre guide des personnages de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, certains décalques sont également assez voyants. Impossible par exemple de ne pas voir que Durin IV et Elrond seront nos Legolas et Gimli de substitution. Facilité d’écriture, peut-être, mais qu’importe : si certains charismes restent à confirmer, le charme opère, dans les interactions comme dans l’action.
Croyez-le ou non, ceci est une scène comique (réussie)
Cette dernière n’est d’ailleurs pas en reste, et malgré un ou deux Matrix-moves abusés de Galadriel (attention au syndrome Legolas), les séquences d’action sont emballées avec précaution, sens du détail, justes proportions de CGI… et même un brin de violence. Toutes proportions gardées bien sûr, on est bien en Terre du Milieu, et les giclées de sang humain sont rares. Néanmoins, la violence des coups portés et le danger encouru par nos personnages sont aussi tangibles que l’haleine fétide d’un troll des glaces gueulard. Ne le prenez pas mal : cette odeur, c’est ce qui fait que l’on se sent vivant et ce son, c’est l’appel de l’aventure.
Tout n’est pas encore fait et il reste bien des manières de s’écrouler en cours de route pour les Anneaux de Pouvoir, mais les débuts convainquent sans effort et s’avèrent prometteurs. Très prometteurs même, puisque c’est avec enthousiasme, impatience et quelques frissons que nous attendons la suite du voyage. La maison est derrière, la route est devant !
Les deux premiers épisodes de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir sont disponibles sur Amazon. Un nouvel épisode de la série sera disponible chaque vendredi
je viens de voir épisode 3 c’est passionnant incroyable. impatient de lire votre avis est il y a beaucoup a en dire. Les Anneaux du pouvoir est beaucoup épic que House of Dragon on va encore en débattre
Dégueulasse
@Phuzor
J’hésite aussi, mais finalement je pencherais plutôt pour un des Magiciens, même s’ils ne sont pas censés arriver dans cet Âge. Je crois qu’ils essaient de nous induire en erreur, avec le feu qui ne brûle pas. Et pour le « mauvais sort » de l’entorse, je dirais qu’il est involontaire, car il ne contrôle pas encore ses pouvoirs.
Il a des caractéristiques de Gandalf dans les films : il crie et tord le décor, il parle aux lucioles…
Très bonne surprise pour ma part avec un pouce en l’air concernant les décors, Valinor et Khazad-Dûm sont de pures merveilles.
En réponse à Bilbo, je pencherais plutôt pour Sauron quant à l’identité de « l’homme météorite » car bien qu’étant entouré de flamme et de braises après son atterissage, Nori précise bien à sa compagne « que ce n’est pas chaud » lorsqu’elle lui vient en aide.
@jerome69
Plutôt des combats à la mode de chez nous, comme les choux, et pas à la mode manga du club Dorothée ça c’est sûr ? Les hobbit oui tu a raison ils vivent dans le comté (la comté si tu préfères la veille traduction qui est mauvaise) peut être la nouvelle traduction c’est piévelu et ils ont profité pour corriger cette fois ci !! Mais je trouve toujours ça bizarre
ca me rassure de voir qu’il n ‘y a pas que moi qui trouve que les personnages principaux manquent de charisme à l ‘ecran;
iL faut peut-être s’habituer à eux mais pour l’instant ils n’ont pas la trogne qui traverse l’écran comme avait pu trouver Jackson.
globalement, j ai bien aimé pour l’instant. c est le genre de série qui demande du temps et de planter le décors.
il y a quand même quelques trucs qui me déplaisent, pourquoi ne pas appeler des hobbits les hobbits ? j ai lu il y a fort longtemps le Simarrillon , c’est peut-être comme ca qu’il les appelle dans les livres du premier age? je ne me rappelle plus. Pourquoi en faire une sorte de peuple de l’age des caverne plus ou moins itinérant ? alors que c est l ‘inverse , il sont plutôt delicat et aime le confort douillet
N’en deplaise a Ecranlarge, heureusement que les nains sont des nains dans leur coté bourru et rustre, il manquerait plus qu’ils ne le soient pas . faudrait quand même pas dénaturer l’oeuvre de Tolkien plus que ça, sinon autant faire une autre série sans faire référence à Tolkien.
j espere aussi que les combats ne vont pas être a la mode manga comme celui contre le troll des montagnes, de la sobriété serait le bienvenue.
Sur le fond, si c’était le seul grief, et qu’on nous pondait un truc digne de la trilogie, on pourrait faire abstraction. Mais ce n’est évidemment pas le cas. C’est symptomatique du projet adopté : montrer non seulement « un monde qui nous ressemble » mais même un monde qui ressemble à celui que les producteurs voient à travers leurs oeillères.
Ainsi, il faut déconstruire les clichés, donc il faut que les gentils soient dans des couples mixtes, il faut que les personnages principaux les plus guerriers soient des femmes, il faut que la société même elfique fonctionne sur un fondement démocratique, ce qui implique de la politique, des enjeux de pouvoir, donc de la com et du marketing avec un Elrond en Séguéla et un Celebrimbor en magnat de l’immobilier, il faut que les peuples primitifs tels que les hobbits soient sales et matérialistes…
C’est simple, le show prend systématiquement le contre-pied de l’histoire qu’a voulu raconter Tolkien et qui avait pour ambition de recréer un mythe à l’image des récits mythologiques sacrés d’antan, pleins d’interprétations symboliques possible. Certes, c’est beau, bien exécuté, parfois même divertissant, mais comme du Marvel (avec les mêmes gros sous) pas comme du Tolkien. Y a que des Marvel fanboy nourri à la soupe hollywoodienne tels qu’à EC pour pas le voir.
D’ailleurs les commentaires le montrent : d’un côté, les Marvel fanboys sont dithyrambiques et veulent juste un « asiat badass », voilà le niveau de la critique.. de l’autre, ceux qui veulent de la qualité sont nuancés : beaucoup de points positifs, notamment techniques, mais ça n’a rien d’un Tolkien et c’est creux sur le fond.
Je suis très très impatient de voir le 3 épisode il y aura encore des débats sur la comparaison aux livres sur certains commentaires qui commence a être penible. En tout cas c’est toujours mieux qu’un bon petit Navet au Ciné.
J’ai adoré ! Visuellement c’est magnifique et on ne s’ennuie pas ! La découverte du royaume des nains ! Quel emerveillement !!
Par contre l »étranger » c’est Saroumane non ?
Vivement la suite !
Je n’ai pas suivi toute la promo de la série, ayant vu le premier teaser et la première bande-annonce, et c’est tout. Autant les professionnels comme les journalistes d’EL n’ont pas trop le choix et doivent suivre toute la promo, autant pour le spectateur lambda, il ne faut pas qu’il se plaigne d’avoir eu trop de promo puisque rien ne l’a forcé à la suivre.
Par contre malheureusement, comme on pouvait s’y attendre, un certains nombre de « spectateurs » sont déjà très critiques envers la série, sans doute sans même l’avoir regardée, juste pour les raisons décriées depuis des mois maintenant. Mais on s’est habitués à cette bêtises crasse quotidienne sur le net aujourd’hui. On est obligé de faire avec.
Car si on juge la série sans parti pris, on est forcé d’admettre que la qualité est là. Je ne jugerai pas la qualité d’adaptation, puisque je ne connais que peu cette partie de l’Histoire de la Terre du Milieu, mais le résultat est bon pour le moment. J’ai cru comprendre que certaines libertés ont été prises vis à vis du temps passé, de l’âge de certains personnages etc… mais c’était sans doute un passage obligé pour adapter cette histoire au format série.
Pour la version cinéma aussi, Peter Jackson avait accéléré certaines choses pour s’adapter au rythme du cinéma. Par exemple la première partie entre le moment où Frodon hérite de l’Anneau et celui où il fuit la Comté.
Personnellement, j’ai passé un excellent moment devant ces deux premiers épisodes, et chose que je n’ai encore jamais faite pour aucune série, malgré mes 40 ans et la quantité de séries que j’ai déjà vues, je pense les revoir dans la semaine avant de voir l’épisode 3, pour bien assimiler tous les éléments de ceux-ci.