La saison 1 du Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir s’est achevée ce mois d’octobre. En attendant la suite, on essaie d’anticiper ce qui peut changer dans la saison 2.
Vous l’avez sans doute constaté si vous trainez un peu sur ces champs de bataille meurtriers autrefois appelés sections commentaires : la saison 1 de la série Amazon Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir divise très largement. Cela n’empêchera pas les showrunners J.D. Payne et Patrick McKay de produire une deuxième saison, déjà annoncée, avec en ligne de mire les cinq saisons convenues avec le Tolkien Estate.
Payne et McKay ont annoncé qu’ils prendraient en compte à l’avenir les griefs des spectateurs. De quoi nous laisser de la marge pour anticiper à la fois la suite des évènements et espérer quelques changements salvateurs, afin de faire de la série la grande saga épique promise. On se joint à la discussion avec cinq pistes distinctes.
Attention, spoilers !
1. Une grosse bataille épique, pour changer
C’est la grande promesse du gros article publié par The Hollywood Reporter pendant la diffusion de la saison 1. La deuxième saison devrait comporter « une bataille massive en deux épisodes », rien que ça. La Bataille du Gwathló ? Trop tôt, a priori. Un affrontement rajouté dans la chronologie ou qui extrapole les conflits en cours ? Possible, étant donné les libertés que s’autorisent les scénaristes, pour le meilleur et pour le pire. Bien malin (ou bien chanceux) sera celui qui saura trancher.
Peu importe finalement, cette promesse suffit à piquer notre curiosité. Si vraiment la première saison servait avant tout à re-caractériser l’univers adapté de Tolkien et à placer très laborieusement des pions sur la surface de la Terre du milieu, la saison 2 ne serait-elle pas celle de l’émergence des grands gestes épiques et des bastons homériques, rarement au rendez-vous dans les épisodes qu’on a vus jusqu’ici ? Maintenant que l’on connaît les forces en présence et que l’antagoniste principal (Sauron) s’est révélé, les enjeux peuvent prendre une autre ampleur.
Espérons que ça forcera la caméra des futurs réalisateurs à prendre plus de hauteur et surtout à expérimenter avec l’échelle de l’action. Prions pour que le mixage sonore donne enfin l’opportunité à la très belle musique de Bear McCreary de s’épanouir pleinement le temps de véritables instants de bravoure. Et par « massive », on présume les doigts croisés qu’ils parlent du logiciel, qui avait permis au Seigneur des Anneaux de repousser les limites de la fantasy au cinéma en simulant des foules gigantesques. On veut hurler avec nos héros et serrer les fesses quand ils foncent tête baissée dans une colonne d’orcs.
Et en parlant d’orcs, ça sera l’occasion d’en voir plus. C’était une grande réussite de la première saison. Loin du look trahissant parfois un peu trop l’utilisation de CGI du Hobbit, les orcs des Anneaux de pouvoir sont massifs, menaçants et potentiellement très dangereux. Ne reste plus qu’à les montrer un peu plus en action.
2. Mieux exploiter Númenor
Grosse déception de la première saison, la cité de Númenor aura probablement encore un rôle majeur à jouer dans la suite des Anneaux de Pouvoir. Et on espère de tout cœur qu’elle soit bien mieux exploitée cette fois-ci. Au-delà de son apparence, certes luxuriante, mais banale au possible – évoquant au mieux une jolie ville d’Assassins Creed Odyssey –, c’est surtout d’un point de vue scénaristique et sur la gestion de ses personnages qu’on ose imaginer une nette amélioration.
La cité que les Valar ont donnée aux hommes ayant combattu Morgoth devrait devenir le théâtre de conspirations, intrigues politiques, mais aussi celui de tragédies inévitables, cruciales dans la mythologie de Tolkien. Avec la mort du roi, le semi-échec de Miriel en Terre du Milieu et les séquelles qu’elle rapporte avec son royaume, nul doute que tout devrait basculer. Cela a déjà été mis en place – maladroitement – au cours de cette première saison, mais des divergences politiques et idéologiques forment déjà le terreau d’une rébellion. Et si celle-ci devait éclater, on apprécierait cette fois que cela soit fait plus subtilement que par la manifestation d’une foule mécontente, influençable et poltronne.
Sans être Valinor, Númenor est censé est un lieu mythique, à part du reste du monde des hommes, dans lequel la science, l’érudition et la technologie ont atteint des sommets qui ne seront jamais vraiment égalés ensuite. Telle une Babel fantasmée, c’est cette situation privilégiée qui est à l’origine de l’orgueil de ses habitants et de leur jalousie envers les elfes et les Valar. Malheureusement réduite à une simple xénophobie aveugle, la colère des Númenoréens n’a clairement pas eu le traitement qu’elle méritait. Il a été ainsi bien difficile de les différencier d’une autre population d’hommes durant la série alors qu’ils devraient au contraire incarner une forme d’élite civilisationnelle (du moins en théorie).
Quitte à ce que son intrigue prenne encore plus de temps d’antenne pour la suite, on croise les doigts très franchement pour qu’elle ne sombre pas dans les raccourcis faciles et les intrigues de couloir clichés. Mais cela semble mal engagé avec un Elendil victime d’un quiproquo sur la fausse mort de son fils ou avec un Ar-Pharazôn aux capacités de conspirateur plutôt ridicules. On espère au moins que – malgré la pléthore de personnages imaginaires et dispensables qui viennent diluer l’intrigue – le cataclysme soit à la hauteur des attentes et corresponde à ses thématiques les plus essentielles : celle d’une hubris autodestructrice, renvoyant à Icare s’envolant trop près du soleil.
3. La forge des autres anneaux
C’est-à-dire que c’est le titre de la série tout de même, et qu’ils sont le principal élément moteur de toutes les intrigues du Deuxième Âge, dont aucune ne peut véritablement se lancer tant que ces artefacts n’auront pas été introduits pour de bon dans le récit. Qu’on ait attendu les trois premiers anneaux aussi longtemps en dit long d’ailleurs sur la saison 1, qui s’achève par l’arrivée beaucoup trop tardive de son élément déclencheur et n’a su faire que de l’exposition laborieuse. L’arrivée des autres anneaux de pouvoir et surtout de l’Anneau Unique viendrait donc enfin gonfler les enjeux d’une série qui en manque cruellement et permettrait au récit de décoller pour de vrai.
Mais l’arrivée des anneaux de pouvoir pourrait aussi bien être l’occasion pour Les Anneaux de Pouvoir de gagner en épaisseur et en substance, d’explorer quelques concepts pointus de Tolkien et de développer cet univers au-delà de ce à quoi on le réduit beaucoup trop à son expression la plus simple (comme ici) : une lutte entre le Bien et le Mal. Évidemment, Le Seigneur des anneaux est fait de cela, et le manichéisme n’est pas nécessairement un mal en soi, mais comme tout univers de high fantasy réussi, son défi moral principal est de donner une définition à ces deux concepts… et surtout à ce qui les lie, à leurs points de passage.
Les anneaux de pouvoir sont ces points de passage, et leur présence dans le récit viendra également gonfler les enjeux de personnages en plus de ceux de l’intrigue, les confronter à des dilemmes moraux imposés par Sauron. Et ce n’est pas dommage, car on ne peut pas dire que ces derniers brillent par leur vie interne pour le moment, surtout du côté des Elfes, comme d’habitude eux aussi réduits à leur caricature, froide et distante. Celebrimbor, Gil-Galad, Elrond et (surtout) Galadriel méritent mieux, et si on pouvait se recentrer sur eux et laisser tomber quelques-uns des surabondants personnages tertiaires inutiles type Ëarien et Kemen, ce ne serait pas plus mal.
Par ailleurs, n’oublions pas que les anneaux de pouvoir sont des objets aux propriétés magiques, et surtout, producteur de magie, et devraient donc normalement servir de base à quelques images extraordinaires, de l’émergence de la magnifique forêt de Lothlórien à la création de ce maudit Anneau Unique au coeur d’un volcan. Sans parler du fait que les sept anneaux des Nains et les neuf anneaux des Hommes provoquent l’émergence de dragons et des Nazgûls, et on ne dit jamais non à quelques prédateurs stylés ni à quelques destins tragiques qui font pleurer. Et à ce titre, on prie pour que la série ne foire pas la mort horrible de ce personnage qu’on ne spoilera pas.
4. Sauron et le Mordor
On l’a déjà dit et on peut le redire, oui Sauron a été l’un des quelques points des Anneaux de Pouvoir. La révélation sur son identité était relativement prévisible, mais demeurait clairement l’un des meilleurs choix possibles et peut-être l’une des idées, en termes d’adaptation, les surprenantes de la série. Maintenant, encore faut-il voir ce qu’ils vont faire du personnage. Ayant pris le parti, toute cette première saison, d’humaniser le disciple de Morgoth, il reste à voir – maintenant que la supercherie a été levée – comment sera utilisé ce développement à l’avenir.
La principale question étant : Sauron a-t-il juste trompé son monde pour au final n’être qu’un antagoniste sans nuances ? Ce n’est pas ce que laissait entendre ses différentes justifications auprès de Galadriel, corroboré au par avant par Adar. Animé par une véritable ambition pacificatrice, ce Sauron serait donc plus à l’image d’un Torquemada qu’un Caligula, c’est-à-dire faisant le mal avec l’espoir du bien plutôt que le mal pour le mal. Une vision neuve et pas inintéressante du personnage, bien éloigné de ce qu’il a été dans Le Seigneur des Anneaux. Maintenant, seule une qualité d’écriture exemplaire sera capable d’exploiter correctement un tel traitement pour le légendaire Sauron, du moins sans l’abîmer.
Aussi, maintenant que le Mordor a été créé et que Sauron s’y dirige, il devra sans doute se confronter à Adar et l’opposition entre les deux sera la source d’une nouvelle intrigue principale pour la prochaine saison. Encore une fois, on ne demande qu’à en voir plus. Tandis que du côté du bien, la division devrait régner (notamment à Númenor), le parallèle avec un conflit similaire chez les orcs et leurs maîtres n’est pas l’une des pires trouvailles de la série. Des divergences d’opinion quant à l’avenir du Mordor qui pourrait amener une toute nouvelle lumière sur les motivations du mal dans cet univers, et sur sa complexité.
Si l’on connaît d’avance le résultat (tel l’anneau unique, il ne pourra en rester qu’un pour les diriger tous), il se pourrait que l’avènement de Sauron et son retour au pouvoir soit une épopée sincèrement passionnante. Comme une sorte de Retour du roi antéchristique, le disciple de Morgoth devrait reprendre ses forces et utiliser de tous ses pouvoirs pour à la fois corrompre ses alliés, et écraser ses ennemis. Une relecture potentiellement grisante de sa réhabilitation comme grand adversaire en Terre du Milieu. Tout cela devra prendre en compte la forge des autres anneaux (jusqu’à l’unique), la création des Nazgûls et du Roi-Sorcier d’Angmar, ainsi que sa propre métamorphose physique (adieu Charlie Vickers ?).
5. DU RYTHME, DU RYTHME ET ENCORE DU RYTHME
Non parce que là on ne va pas tenir cinq saisons comme cela. Vous non plus d’ailleurs. Et surtout, la série non plus ne va pas tenir, du moins pas sur cinq saisons annoncées de huit épisodes seulement vu la quantité de chemin qu’il reste à parcourir avant d’en finir avec le Deuxième Âge et Sauron. Si elle veut survivre, Les Anneaux de Pouvoir va vraiment devoir entrer dans une logique d’action, arrêter le catalogue touristique de la Terre du Milieu et se mettre vraiment au travail. La série a tellement lambiné, a fait tellement de détours inutiles au cours de sa saison 1 qu’il serait presque plus honnête de parler de saison 0.
Et on vous voit venir, mais c’est un argument qui ne tient pas la route : non, Les Anneaux de Pouvoir ne « prend pas son temps ». Elle traine. Si elle prenait le temps de prendre son temps, elle ne progresserait pas autant par à-coups soudain ou se donnerait les moyens de se dérouler sur dix épisodes, qui n’auraient pas besoin de s’appuyer aussi lourdement sur le fan-servicing et les clins d’oeil nuls. Oui le Balrog est joli, oui on a vu le heaume de Dor-lómin, oui on a entendu Glandulfe citer Gandalf, mais tout cela ne raconte pas une histoire.
Par ailleurs si Blind Guardian a réussi à raconter tout Le Silmarillion en un album d’une heure de power metal à 200km/h, c’est bien que la pesanteur n’est pas une nécessité absolue.
Et ce n’est pas la même chose que d’avancer lentement (comme cela est généralement abusivement reproché à Game of Thrones) que ne pas avancer du tout, et Les Anneaux de Pouvoir a grandement besoin de dynamisme à tous les étages, de mettre tous ses corps en mouvement. Ceux de son casting, ceux de son histoire et celui de sa caméra, dont l’emploi manque de grandiose et de jeux sur les échelles. C’est bien simple : il va falloir arrêter de confondre ampleur épique et gonflement pneumatique.
Trop souvent on a l’impression d’être entre deux étapes, d’être dans l’expectative, dans l’attente que quelque chose démarre, comme si la série craignait de procéder à la moindre ellipse (ce qui doit bien faire rire House of the Dragon). Et à moins que Les Anneaux de Pouvoir ne soient une vaste réinterprétation déguisée d’En attendant Godot, c’est un problème à résoudre d’urgence. Passé les deux premiers épisodes, il n’est pas normal que Les Anneaux de Pouvoir mettent six heures à résoudre deux conflits narratifs, maladroitement exposés qui plus est. Avec autant de moyens à sa disposition, cette série devrait peser une tonne de muscles, pas une tonne de gras.
@Paladin
Dommage pour ceux qui S’ennuie devant cette série mais c’est à partir de l’épisode 6 que tout bascule .
ADAR cherche la clé qui va céder le barrage. Après avoir trouvé ne possesseur de la l’épée après une bataille contre les soldats du Numéor il se ait arrêté et questionner par Galadriel.
Pendant ce temps waldreg active avec la clé ou l’épée mécanisme et fair céder le barrage. L’eau se devetse dans une grotte et en resulte l’éruption du volcan . Un nuage de cendre et de braise s’étend jusqu’àu village on sont là reine Galadriel Arrondir….Nous voyons la naissance du MORDOR.
Les épisodes suivants seront la conséquences et nous apprenons à la fin de l’épisode finale l’identité de SAURON.
J’ai lâché à l’épisode 4.
Franchement j’ai du mal à voir comment ils vont redresser la barre. Moi je suis passé à autre chose et rallumer mon intérêt ça va être compliqué…
Bonjour, je n’ai pas lu l’article, mais le titre m’a interpellé. Vous devez être un grand cinéaste pour vous permettre un tel titre. La saison ne vous a peut être pas plu, mais il n’y a rien à sauver. Personnellement j’ai trouvé la série plutôt bonne, même si elle doit s’améliorer sur certain points. Bref, arrêtez avec vos titres racoleurs.
Ce que je trouve toujours effarant, c’est voir toutes ces personnes qui ne trouvent rien de bon dans la série, et qui pourtant continueront de la regarder, jusqu’au bout. Même parmi ceux qui disent « J’abandonne », je devine qu’une bonne partie va en fait regarder la suite.
Personnellement, si j’ai bien des reproches à faire à Game of Thrones par exemple, et que je suis loin de la hisser comme un chef d’oeuvre du genre comme beaucoup l’ont fait des années durant, malgré ces nombreux reproches j’y trouvais malgré tout des qualités, et c’est ce qui m’a fait la regarder jusqu’au bout. Mais si vraiment j’avais trouvé tout mauvais, comme certains le décrivent ici et là sur le net à propos des Anneaux de Pouvoir, je me serais épargné une perte de temps en ne regardant pas la suite de la série.
A croire que certains n’ont pas grand chose pour occuper leurs journées.
Pour ma part, j’ai bien plus apprécié cette saison 1 des Anneaux de pouvoir que la rédaction d’EL, mais je ne suis pas contre quelques ajustements allant dans le sens de ce qui est présenté dans cet article, pour améliorer encore d’avantage la série. Mais je ne vois ça que comme une amélioration, pas un sauvetage.
Mais comme il me semble avoir lu que le tournage de la saison 2 avait débuté ou n’allait pas tarder à le faire, on peut imaginer qu’elle était déjà écrite et qu’à part quelques petits ajustements les showrunner vont la faire comme elle était prévue. Les éventuelles remarques des spectateurs ayant fait des critiques constructives (ça n’a pas du être simple de les trouver au milieu des flots de m… qu’il y avait sur le net) serviront donc sans doute plus pour l’écriture de la saison 3 que celle de la deuxième, non ?
@simon Riaux – Rédaction : les commentaires crasseux sont la responsabilité de leurs auteurs, c’est un fait. Mais vous ne pouvez pas complètement ignorer les réactions que vous risquez de susciter avant un article néanmoins. L’article « 5 raisons pourquoi c’est nul » était-il vraiment utile (surtout titré comme ça) ? Parce que mine de rien, et même si chacun est responsable de ce qu’il écrit, l’image du lectorat Écran Large, et donc d’Ecran Large, en prend un coup lorsqu’on assiste à cet enfer fangeux des commentaires sur ces articles.
@Lino Cassinat – Rédaction : sur l’ensemble de la saison vous avez fit un super travail, hein ! Je trouve juste qu’à la fin, et peut-être était-ce dû à une exaspération/déception trop forte, vous êtes allé trop loin.
Le dernier épisode était aussi médiocre que le reste, voir un peu moins que le précédant (le 7 est incroyable de nullité et de néant), et l’article « 5 raisons pourquoi c’est nulle » était en trop.
Mais bon, c’est mon opinion subjective bien entendu.
@Tout De Même
Aucun article n’est jamais responsable des éclaboussures crasseuses laissées par les demeurés qui s’y ébrouent (encore heureux).
@Heu… Parce qu’elle n’est pas encore sortie, justement.
@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Tout de même
Non rassurez vous, j’ai écrit 1/3 de cet article collectif écrit avec Léo et Mathieu. Je note votre retour constructif sur mes critiques de la série cependant.
Heu… La saison 2 n’est pas encore sortie, alors pourquoi déjà faire un article pour savoir comment la sauver ?