Gen V, la série dérivée de l’univers de The Boys débarque sur Amazon Prime Video. Que vaut ce nouveau spin-off après trois épisodes ?
Avec sa violence graphique décomplexée et son ton irrévérencieux, The Boys a pris le genre super-héroïque à revers et repoussé les limites de l’acceptable chaque saison en se montrant toujours plus gore et cynique. Seulement, après que la série s’est imposée comme un des plus gros succès d’Amazon, cette surenchère s’est rapidement transformée en facilité et les tonnes de sang et de sperme déversées à l’écran servaient surtout à occulter les défauts d’un scénario de plus en plus répétitif.
Après la parenthèse animée de The Boys : Diabolical, c’est maintenant au tour de Gen V de dévoiler un autre pan du monde déjanté de The Boys en s’intéressant aux étudiants de l’université Godolkin, où sont formés les futurs héros et justiciers de Vought International. Et après trois épisodes, la nouvelle série d’Amazon promet une rentrée aussi intense que sanglante. Attention possibles spoilers !
SMELLS LIKE TEEN SPIRIT
Alors que The Boys reprend beaucoup des comics de Garth Ennis et Darick Robertson (même si l’adaptation tend de plus en plus à s’éloigner de son matériau d’origine), Gen V est tiré d’un arc narratif de quelques pages dans lequel la bande de Billy Butcher tente de découvrir la vérité sur l’université Godolkin, une parodie assumée de l’école pour jeunes surdoués des X-Men.
Hughie et les autres découvrent que les élèves recrutés par Vought et l’institut sont des enfants qui ont été arrachés à leur famille et qui ont reçu une injection de composé V en espérant un jour rejoindre une équipe de super-héros comme les Sept ou les G-Men, menés par le professeur Godolkin.
Le professeur Rich Brinkerhoff, ou Brink pour les intimes
Avec ces quelques éléments comme seule inspiration, l’équipe créative a donc tout à faire, et ce passage de la corporation de Vought au campus de Godolkin est l’occasion parfaite de se renouveler, avec un nouveau cadre, de nouveaux personnages et de nouvelles idées, tout en restant fidèle à l’esprit dérangé de The Boys. Une ambition affichée dès la scène d’ouverture de la série, quand les premières règles d’une jeune fille se transforment en un bain de sang qui évoque aussi bien Carrie que le personnage de Skarlet dans Mortal Kombat.
La violence, la nudité et la satire sont toujours présentes, mais servent aussi à traiter des thèmes plus profonds, plus personnels et plus intimes au-delà du simple effet comique.
Emma, l’adorable colocataire de service
Gen V suit Marie Moreau (Jaz Sinclair), une orpheline de 18 ans qui rejoint Godolkin dans l’espoir de devenir la première femme noire à rejoindre les Sept. En même temps que le spectateur, la jeune femme parcourt les couloirs de l’école, découvre les différents départements assignés aux élèves et fait connaissance avec sa colocataire, Emma (Lizze Broadway), qui utilise son pouvoir de rétrécissement pour devenir une célébrité de YouTube.
De la blonde glaciale au vieux directeur en passant par le match de foot transformé en arène de démonstration, la série s’amuse à reprendre tous les codes du teen drama avec autant de fidélité que de second degré et réussit très bien à s’inscrire dans le genre sans jamais essayer de bêtement copier Euphoria, Riverdale ou même The Boys.
L’amour brille sous les étoiles
SUPERGRAVE
À mesure que Marie découvre le campus et la hiérarchie au sein de l’université, aussi bien entre les professeurs que les élèves, classés selon leurs pouvoirs, leurs compétences et leurs nombres d’abonnés sur les réseaux sociaux, la jeune femme se retrouve rapidement mêlée à toute une galerie de personnages qui se révèlent plus intéressants que les caricatures ou les parodies qu’ils incarnent.
Il y a Golden Boy (Patrick Schwarzenegger), le beau gosse populaire qui peut enflammer son corps ; sa copine Cate (Maddie Phillips), capable de faire obéir n’importe qui en le touchant ; Andre (Chance Perdomo) qui contrôle le métal et vit dans l’ombre de son père, un ancien super-héros ; Jordan (Derek Luh et London Thor) qui a le pouvoir de changer de sexe en plus d’avoir une force surhumaine et qui assiste le charismatique professeur Brink (Clancy Brown), ou encore la doyenne Indira Shetty (Shelley Conn) qui promet un brillant avenir à chacun de ses étudiants.
Jordan, un super-héros qui change de genre selon ses désirs (et les besoins de l’école)
À travers ces différents personnages, Gen V explore certains thèmes de The Boys et montre directement ce qui arrive aux enfants dont les parents ont injecté du Composé V. Derrière les super-pouvoirs et la célébrité acquise grâce à Godolkin, Marie et les autres élèves sont représentés comme de jeunes adultes fragiles, traumatisés et exploités par un système abusif espérant générer toujours plus de profit grâce à eux. La série essaie de donner à chacun de ses jeunes héros sa propre histoire, et le casting incarne très bien ces adolescents extraordinaires malgré eux, notamment Jaz Sinclair et Lizze Broadway.
En revanche, s’il y a un vrai plaisir de retrouver cet esprit de sale gosse dans un nouvel environnement avec de nouveaux personnages, l’écriture souffre déjà des mêmes défauts que dans The Boys. Au lieu de creuser ses personnages et les relations entre eux, Gen V préfère consacrer la majeure partie de son temps à une histoire ni originale ni palpitante d’enlèvements et d’expérimentations autour du composé V. Intrigue qui vient plus encombrer le scénario qu’autre chose au fil des épisodes. La série est tellement pressée d’avancer qu’elle ne prend quasiment jamais le temps de s’arrêter sur ses personnages. Mais quand elle le fait, c’est pour encore mieux traiter du passage à l’âge adulte à travers le genre super-héroïque.
Au-delà de la satire du système universitaire américain et des écoles prestigieuses, la série développe tout un propos autour du mal-être avec ses jeunes héros. Les scarifications que s’inflige Marie pour utiliser son pouvoir, les troubles alimentaires et psychologiques engendrés par les rétrécissements répétés d’Emma ou le changement de genre instantané de Jordan reflètent directement les insécurités, les interrogations et les changements des adolescents et jeunes adultes essayant eux aussi de trouver leur place. Une relecture passionnante et inquiétante des super-pouvoirs, qui permet encore un peu à la série de trouver sa propre identité par rapport aux autres productions du genre.
Gen V prend encore son temps et il est encore trop tôt pour parler de franche réussite après trois épisodes, mais cette première année à Godolkin est pleine de promesses.
Les trois premiers épisodes de Gen V sont disponibles sur Amazon Prime Video depuis le 29 septembre 2023. Un nouvel épisode sera diffusé chaque vendredi.
Même Pegi 18 c’est trop gentil pour cette série. Je trouve les pornos bien moins choquant que cette série.
Un mix entre X-Men, Deadpool, films porno et films d’horreur. Si le but c’est la surenchère c’est réussi.
Déjà 4 épisodes et c’est déjà trop mais s’ils veulent aller encore plus loin, la censure pourrait être une solution.
A un moment donné il faut fixer des limites.
Une version ado de THE BOYS bien trash je continuerai la série jusqu’à la fin.
J’avais beaucoup aimé The Boys pendant 1 ou 2 saisons, et puis j’ai décroché. Le concept de ce type de série a quelque chose de jouissif au départ : on va brûler les idoles. Mais le problème de ce concept, c’est qu’il suppose une surenchère permanente, jusqu’au moment où la machine tourne à vide.
C’est dommage, parce que si les show-runners avaient construit un arc narratif sur 2 saisons, ils auraient pu produire une série d’anthologie, mais en prolongeant sur 3, 4, (5?) saisons, on perd le sens du projet.
Je n’ai même pas réussi a finir la’premiere saison de the boys. Du cul du sang du cul du sang! Jai plus 16ans. Le trash gratuit c’est non merci.
Perso, j’ai pas été super emballé par la surenchère de gore bête et gratuit, The boys arrivait à un semi équilibre la dessus mais ici je trouve ça vraiment naze…
Non, Godolkin n’est pas dans un fauteuil roulant dans les comics…
Et cet arc narratif (au moins 6 épisodes) a surtout pastiché l’emprise que peut avoir un Charles Xavier sur ses trop nombreux élèves (réservoirs à des tas de spin-offs commerciaux), isolés de tous dans cette école – pas très portée sur les salles de classe, au départ.
Surtout quand on se rappelle que le même Xavier a aussi fantasmé sur la jeune Jean Grey, à un moment donné… Garth Ennis n’a pas eu à beaucoup dévier des comics originels.
Les satires les plus courtes sont les meilleures ?
Hâte de voir ça !