Au terme d’une séquence promotionnelle d’une rare intensité pour une fiction française, Dix Pour Cent est parvenu à recueillir pour la diffusion de ses deux premiers épisodes un grand nombre de spectateurs. Suffisamment pour écraser Blacklist, tête de gondole de la concurrence et poids lourd des audiences. Mais que vaut le show diffusé sur France 2 ?
Consacré à la vie d’une agence artistique, Dix pour Cent suit simultanément les mésaventures de ces négociateurs de l’ombre, grâce auxquels les films se font et se défont, ainsi que les états d’âmes des comédiens et comédiennes, guest stars de luxe d’une série qui proclamait haut et fort son désir d’impertinence et sa volonté de chambouler les codes de la fiction TV hexagonale.
Et si les parts de marché tendent à donner raison à son diffuseur, 10 pour Cent est malheureusement très éloigné de ses promesses.
EN BAS DE L’AFFICHE
On nous avait promis les coulisses du cinéma, une fiction originale, mordante, acidulée… Il faudra se contenter de la note d’intention, tant le résultat peine à trouver un ton propre, ou tout simplement développer une quelconque direction.
Les comédiens sont donc capricieux, indécis et peaux de vaches. La belle affaire. Leurs agents sont des drogués du travail, désaxés, menteurs, passionnés, irritants mais attachants. Original… A vrai dire, ce manque d’audace et d’orientation se ressent jusque dans le casting de ces deux premiers épisodes, qui tentent de marier la carpe et le lapin.
Line Renaud et Françoise Fabian (dans leurs propres rôles) tentent de rassurer le public de Michel Drucker, tandis que Camille Cottin – de loin la plus à l’aise – fait son possible pour rameuter les aficionados de sa Connasse. On est donc au milieu du guet et rien ne viendra nuancer ce constat. Même une excellente Cécile de France ne parvient à dynamiser les enjeux, la faute à un rôle terriblement anecodtique sur fond de chirurgie esthétique, où l’on apprend avec une stupeur cosmique que des fois, les actrices flirtent avec le bistouri.
DESSINE-MOI UN SCENAR
Pire, si Dix pour Cent essaie de bander régulièrement ses muscles de modernité, le soufflet retombe systématiquement, quand il n’attise pas les braises de ce que la fiction française peut nous offrir de pire. Le traitement du personnage de la jeune assistante, venue travailler dans l’agence de son père naturel pour créer des liens est particulièrement édifiant. Lorsque le scénario, après une enfilade de clichés redondants lui greffe une histoire d’amour balbutiante avec son demi-frère… C’est pour mieux nous annoncer en fin d’épisode que non, les tourtereaux n’ont pas fauté et se sont contentés de quelques menus bisous éméchés.
Ou comment combiner stéréotypes et facilités d’écriture, interdisant à la série d’épouser l’impertinence qu’elle revendique. Il en va de même pour tous les arcs scénaristiques, à l’image de la confrontation entre Line Renaud et Françoise Fabian, bien embêtées par un récit qui ne choisit jamais entre franc comique de boulevard et rire acide. Deux options également respectables, mais entre lesquelles l’ensemble ne tranche jamais.
MI-FIGUE, MI-RAISIN
Il en va de même concernant la réalisation. A l’évidence, Dix pour Cent se hisse au-dessus du tout-venant. C’est à la fois tout dire et rien dire. Car si on note un soin bien réel apporté à l’enrobage du show, qui se situe dans un Paris plus réel, palpable que celui auquel les productions françaises nous ont habitués, là aussi, l’absence de choix se fait ressentir.
Une caméra portée avec maîtrise, une photographie « urbaine », c’est bien beau et ça enterre tous les Plus Belle la Vie ou Louis La Brocante sous le Soleil des Anges Gardiens. Mais ce n’est pas pour autant que ça va quelque part.
Au final, ces deux premiers épisodes de Dix pour Cent sont plus une source de frustration qu’autre chose. Sans doute mieux produite, écrite et réalisée qu’une large partie de la concurrence, la série souffre pour l’instant d’un vrai déficit d’ambition artistique. Car il paraît dans le paysage industriel et télévisuel français contemporain bien difficile voire impossible de marier tous les publics, rassembler toutes les audiences et demeurer une création avant-gardiste et pertinente.
A défaut de choisir entre divertissement plus classique et véritable satire, Dix pour Cent aura peut-être du mal à reproduire sa très belle performance du mercredi 14 octobre 2015. Reste désormais à voir si l’ensemble trouvera prochainement sa vitesse de croisière et bénéficiera de l’arrivée prochaine de Nathalie Baye, Laura Smet et Audrey Fleurot, qui constituent une affiche alléchante en diable.
Je suis d’accord avec Monsieur Riaux qui ne mérite pas de se faire insulter par un troll comme Michel, qui n’a que ça à foutre de sa vie apparemment. Je rajouterai juste que certains des comédiens jouent comme des pieds (la fille cachée de l’agent, la jolie secrétaire) et je n’ai pas trouvé Cécile de France excellente, mais faussement naturelle donc plutôt lourde. J’ai nettement préféré le duo Régine / Fabian. Mais c’est pas nul non plus, pour celui qui s’intéresse au milieu, car ça sent le vécu malgré le ton neuneu et les intrigues pourries.
j’ai tenu 20mns puis décrochage assuré , scènes et personnages caricaturaux, ringard et franchouillard…
Idem 0513
rapport a ce que l’on a à regarder actuellement, félicitons nous de pouvoir regarder une série sans être obligé de passer par un torrent…
Moi, français moyen plutôt Canal et Bein pour le sport, j’ai bien aimé. Il n’y a que les « pros » qui trouvent à redire, mais pour ma redevance c’est excellent !!!
J’ai trouvé des ressemblances gênantes avec Le diable s’habille en Prada… et je n’ai pas aimé ce premier film.
Désolé les gras, pour l’avoir vue entièrement, la série ne vaux pas tripette !
Moi j’ai trouvé louable de ne pas en faire de trop dès les premiers épisodes pour en faire une hype et finalement se retrouver avec un concept éventé en 4 épisodes.
Là les enjeux se construisent calmement, les personnages ont des contours intéressants – même si assez caricaturaux ( mais ça c’est la fiction française qui n’arrive pas à créer des personnages en dehors d’hubris stéréotypés ) et la suite sera plaisante à coup sûr.
On ne demande pas non plus une révolution totale et intenable, en l’occurence ca démarre pas mal et ca à de bonnes chances de bien finir.
Oupa.
Evidemment Michel, j’écris quotidiennement pour étancher le fiel qui exsude de mon petit coeur d’artiste en mal d’accomplissement.
Vos impressions sont d’une justesse bouleversante. Et vos arguments, aussi originaux que puissamment dégainés.
« Au final, ces deux premiers épisodes de Dix pour Cent sont plus une source de frustration qu’autre chose ».
J’ai l’impression que le plus frustré de tous, c’est l’auteur de cet articulet. Sans doute un artiste raté qui confond une série télé populaire avec, sans doute, le grand film d’auteur qu’il n’a pas eu les moyens de faire.