Tony Gilroy, le créateur d’Andor, est revenu sur le choix le plus choquant de l’épisode 3 de la série Star Wars. ATTENTION SPOILERS !
Avec sa saison 2, Andor frappe très fort, et prouve que la création de Tony Gilroy est (de loin) la meilleure des séries Star Wars. Au-delà de son format épisodique rafraîchissant (3 épisodes par semaine, qui racontent chacun un arc narratif avant une ellipse), son plongeon dans les rouages de la Rébellion et les abus de l’Empire va plus que jamais piocher dans la dimension politique de la guerre, et dans les nuances des deux camps.
George Lucas s’était lui-même inspiré de différents conflits, passés comme contemporains, dans la conception de ses deux trilogies, et Andor n’hésite pas à suivre cette même voie, quitte à choquer avec certains de ses choix dramatiques. C’est particulièrement le cas dans le premier arc de la saison, où l’on suit le personnage de Bix (Adria Arjona), cachée avec d’autres amis exilés de Ferrix sur la planète agricole Mina-Rau. En tant que clandestins, ils craignent l’épée de Damoclès que représente l’arrivée d’un vaisseau impérial, venu vérifier l’identité des travailleurs. La conclusion glaçante de cette partie de l’histoire n’a pas manqué de surprendre, et Tony Gilroy a expliqué son choix.
De l’inédit dans Star Wars
Comme Bix pouvait le craindre, un lieutenant de l’Empire du nom de Krole débarque avec plusieurs soldats, et ne tarde pas à lui faire des avances. Dans l’épisode 3, le personnage revient à la charge, et met la pression à Bix en lui disant qu’il sait qu’elle est une clandestine. Krole l’agresse sexuellement, et s’ensuit une altercation violente menant à la mort de l’officier. Alors que des stormtroopers et d’autres soldats impériaux arrivent sur le lieu du crime, Bix exprime clairement ce qui lui est arrivé : « Il a tenté de me violer ».
Au-delà de la violence explicite de cette agression sexuelle, le fait que la série utilise le terme de « viol » est proprement inédit dans Star Wars. Certaines critiques n’ont pas manqué de le relever, voire de le regretter par rapport à l’imaginaire aventureux que la saga est censée convoquer. Pourtant, le projet d’Andor a toujours été de raccorder la franchise à une réalité politique complexe, tragique et impitoyable.
Interviewé par The Hollywood Reporter, Tony Gilroy est revenu sur ce choix, qui lui semblait indispensable dans le propos global de la série :

« Je n’avais qu’une seule chance pour raconter tout ce que je savais – ou tout ce que j’ai découvert ou appris – à propos des révolutions et des batailles, en y mettant autant que possible des incidents et des couleurs différentes sans déséquilibrer l’histoire. Soyons honnêtes : dans l’histoire des civilisations, le viol est une composante importante et inévitable. Nous tous, nous sommes le produit du viol. Je veux dire que les armées et le pouvoir à travers l’histoire ont commis des viols. […]
Ça me semblait organique et ça me semblait juste de mettre ce thème dans la série, en montrant comment ce mec vire de bord grâce à son pouvoir. Je voulais vraiment créer un parcours pour Bix qui la mènerait au final vers une forme de clarté – mais un chemin difficile pour arriver à cette clarté. »
Contrairement à certaines idées reçues, Disney a permis à Tony Gilroy d’aller loin avec le concept de la série, quitte à briser certains tabous peu représentés dans ce genre d’univers de la pop culture. Interrogé sur les potentielles réserves de Lucasfilm sur cette séquence d’agression sexuelle, Gilroy a donné une réponse claire :

« Personne n’a jamais rien dit là-dessus. Bien sûr, on a des limites sur ce qu’on peut faire. Nous sommes conscients de ce qu’on peut faire sur le plan de la sexualité et de la violence. Ces limites ont toujours été claires. »
Sans vouloir spoiler les futurs arcs de cette saison 2, disons juste que la fin de l’épisode 3 symbolise à la perfection les risques que Gilroy et ses équipes ont pris sur la fin d’Andor, qui ne manquent pas de convoquer le réel, voire notre actualité, avec vigueur. Pour voir l’arc 2, il faut se rendre sur Disney+ à partir du 30 avril.