Pale Rider, le cavalier solitaire : et si c'était le film somme de Clint Eastwood ?
Western âpre, Pale Rider est une œuvre qui semble condenser toutes les obsessions de Clint Eastwood. Serait-il le film essentiel pour déchiffrer le maître ?
Californie, fin du XIXe siècle. Les derniers chercheurs d'or indépendants de LaHood sont victimes des attaques régulières des hommes de Coy LaHood, le fondateur de la ville, qui cherche à récupérer leurs terrains. Au moment où ces prospecteurs pacifiques sont prêts à abandonner la concession sur laquelle ils travaillent depuis des années, un inquiétant cavalier, qui s'avère être un pasteur, croise leur chemin et va les aider à se défendre, pour rétablir une forme de justice...
À la vue de ce pitch somme tout assez classique, Pale Rider pourrait ne pas payer de mine, d'autant plus au sein de la carrière de réalisateur de Clint Eastwood, qui a déjà affronté le genre fondateur du western avec les brillants L'Homme des Hautes Plaines et Josey Wales hors-la-loi. Pourtant, avant que l'acteur-cinéaste ne signe avec Impitoyable (auquel on a aussi dédié un dossier passionné) le film terminal sur l'Ouest américain et le regard du cinéma sur ce dernier, Pale Rider s'impose comme un diamant noir, dont le sens de l'épure n'a d'égal que la richesse thématique qu'Eastwood puise dans son récit et sa mise en scène, au point d'ailleurs d'y condenser de manière fascinante toutes les ambiguïtés de son auteur.
Clint et la vallée du vent
Tout d'abord, il convient de voir dans Pale Rider un hommage et une synthèse savamment orchestrée de l'histoire du western. Si Eastwood incarne lui-même un cavalier mutique et sans nom à la manière des personnages de Sergio Leone (il sera toujours appelé "le prédicateur"), le scénario se réfère assez explicitement au classique L'Homme des vallées perdues de George Stevens, dans lequel est déjà dépeint la figure d'un cow-boy défenseur des opprimés, quitte à ce qu'il franchisse lui-même une certaine barrière morale.
Mais là où le film de 1953 jouit de couleurs éclatantes (notamment dans son travail sur le ciel), Pale Rider malaxe ses référents pour se les réapproprier de manière plus âpre et rugueuse. La sublime photographie de Bruce Surtees (déjà à l’œuvre sur les précédents westerns d'Eastwood et sur L'Inspecteur Harry) et ses couleurs plus désaturées qu'à l'accoutumée épousent la modernité d'approche du cinéaste, qui confère à sa vision du récit un aspect désenchanté. Sur ce point, le réalisateur a d'ailleurs parfaitement mis en exergue ce postulat dans une interview faite à la sortie du film : "On a souvent montré le soleil dans les westerns. Je voulais que le mien soit comme dans la vie, mi-jour, mi-nuit".
Dès lors, ce regard plus crépusculaire sur les décors amène le long-métrage vers une conscience écologique assez rare dans le genre. Le plan large, s'il conserve parfois la majesté que présuppose le western, est aussi utilisé pour capter l'immense système de projection hydraulique employé par LaHood pour creuser la terre. Eastwood accentue à sa manière la laideur de ce monstre de terraformation qui envahit le cadre. Si le western est lié à l'image des grands espaces et de l'horizon lointain, Pale Rider devient une œuvre sur la défiguration de la terre et de sa pureté, une manière brillante pour son auteur de mettre en perspective une société qui s'est bâtie sur les stigmates d'un désastre écologique.
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13/03/2024 à 13:58
Excellent film, mais pour ma part je lui préfère Josey Wales et sa galerie de personnages haut en couleur et son personnage principal qui passe son temps a cracher partout et notamment sur un chien, que du bonheur.
Et dans Pale rider on retrouve le personnage fantomatique que l'on avait plus ou moins eu dans l'homme des hautes plaines.
Quoi qu'il en soit se sont trois formidables western.
13/03/2024 à 11:45
Plus ou moins à cette époque, Orson Welles himself (qui adorait Josey Wales) avait déclaré qu’Eastwood, qui faisait toujours l’objet d’un certain mépris des critiques, était le réalisateur le plus sous-estimé du monde.
Ça pose une stature.
Et quand il fait Pale Rider, il a déjà lu le script d’Impitoyable, a récupéré l’option qu’a laissé filé Coppola et acheté les droits. Et se le gardera bien au chaud jusqu’au moment adéquat.
La classe !
12/03/2024 à 18:25
Je suis de l'avis de certains ici qui classent ce film comme son meilleur western. Un film immense que ce Pale Rider, qui développe L'Homme des Hautes Plaines, et un film qui dépasse le cadre du simple western (effectivement, c'est plus clair en VO, mais faut quand même pas sortir de St Cyr pour comprendre ce qui se cache derrière cette histoire). L'importance n'est pas dans l'échange des coups de feu, mais dans la symbolique très influencés Ancien Testament. Des images et des scènes qui restent dans la rétine. L'un de mes films préférés du grand Clint.
12/03/2024 à 13:22
Ce n'est quand même pas un film qui casse des briques je trouve, surtout par rapport à "Impitoyable"...la gamine de 14 ans amoureuse de qui veux faire l'amour avec Eastwood, c'est un passage que Besson que aurais pu écrire, les tueurs à gages qui se font éliminés un à un sans soucis c'est assez risible, enfin sympa pour se mettre le cerveau en repos.
12/03/2024 à 09:40
Le haut de forme va donc symboliser un rang social important, la richesse et la respectabilité. À partir de 1870, il va devenir plus petit. À la fin du XIXe siècle, il est encore considéré comme un symbole de distinction et fait même partie intégrante de l'uniforme des policiers, des facteurs et du chemin de fer. Billy !
12/03/2024 à 09:01
« Faut pas jouer avec les allumettes, ça brule »
12/03/2024 à 08:41
Super article ! J'ai vu Impitoyable que j'ai beaucoup aimé mais toujours pas Pâle Rider. Ce sera bientôt chose faite
12/03/2024 à 07:59
Revu hier soir, un grand film.
11/03/2024 à 21:45
@lul69, toi tu parle de l’homme des hautes plaines plutôt je pense,
11/03/2024 à 21:21
Beau western mais version maigre du monumental et définitif Impitoyable